21.08.02 - Nigéria : Une dérive
dangereuse.
Au moment où le tribunal condamne
à mort par lapidation une jeune maman, les évêques
déclarent leur opposition à de telles décisions
et critiquent le comportement du président Olusegun Obasanjo.
"Le gouvernement du président Olusegun Obasanjo n'est pas en mesure
d'assurer le respect de la Constitution fédérale de la République Nigériane:
l'application de la Charia (loi coranique) est inconstitutionnelle et
nous ne pouvons plus la tolérer" vient de déclarer Mgr John Olorunfemi
Onaiyekan, archevêque d'Abuja
Pour lui, l a confirmation de la condamnation à mort par lapidation
d'Amina Lawal est inadmissible. "Avant de m'exprimer sur cette nouvelle
sentence, je devrais en connaître les motivations," précise le président
de la Conférence Episcopale nigériane, "mais les évêques du Nigeria
se sont déjà exprimés sur le sujet. Nous poursuivrons notre lutte jusqu'à
ce que le gouvernement affronte ce problème constitutionnel. En attendant,
nous prenons connaissance de la mauvaise nouvelle".
"Il est regrettable d'assister à l'incapacité d'un gouvernement qui
ne fait rien pour garantir le respect de notre charte constitutionnelle.
Les dirigeants de notre pays ont les mains liées et jusqu'à présent,
il n'ont pas pu prendre de décisions fermes qui permettraient d'assainir
une situation d'injustice".
La voix de l'Eglise locale s'est élevée à plusieurs reprises contre
une anomalie juridique qui lèse les principes de la légalité au Nigeria.
"Au nom des évêques nigérians" stigmatise l'archevêque d'Abuja, "je
ne peux que rejeter cette condamnation, au même titre que toutes les
condamnations formulées par les tribunaux islamiques. Nous avons toujours
été hostiles, et nous continuerons de l'être, à toute application d'une
législation diverse de celle qui est en vigueur".
"La Charia représente une dérive dangereuse, qui risque de rendre intolérable
le système politique dans son ensemble".
Mais Mgr Onaiyekan regarde vers l'avenir avec l'espoir d'un retour à
une certaine normalité constitutionnelle: "Les élections auront lieu
au début de l'an prochain et nous ferons en sorte que la question de
la loi islamique figure à l'agenda des politiciens, en particulier des
candidats chrétiens. Je continue d'espérer que nous trouverons un moyen
pacifique de résoudre cette injustice ou qu'une classe politique diverse
de la classe politique actuelle s'engage sur cette voie".
Pour plus d'informations : Agence Misna
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