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23.08.02 - Rencontre européenne de l'Eglise Réformée.

Les "épreuves" de chrétiens réformés, sous les anciens régimes communistes ont dominé les débats de la réunion de l'Alliance réformée mondiale, l'ARM, qui se termine aujourd'hui à Oradea, en Roumanie.

Ces épreuves ont concerné surtout les Hongrois de souche en Europe orientale, notamment en Roumanie . Quarante-huit délégués d'Eglises réformées s'étaient réunis à Oradea, non loin de la frontière hongroise, à l'occasion de l'assemblée de la zone européenne de l'Alliance réformée mondiale (ARM), rencontre qui a lieu tous les sept ans.

La minorité hongroise de Roumanie a manifesté fortement son identité nationale. Elle l'a fait en présence de l'évêque réformé Laszlo Tekés, président honoraire de l'Alliance démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR), qui avait défié Ceausescu lors de la révolution qui a renversé la dictature en décembre 1989. Souvent critiqué pour ses positions nationalistes et radicales,, l'évêque de l'Eglise réformée de Roumanie, qui accueillait la réunion, a lancé une mise en garde: "le fantôme de l'ancien dictateur Nicolae Ceausescu continue de nous hanter".

Il a aussi reproché à l'ancien secrétaire général de l'ARM, Milan Opocensky, un théologien tchèque, d'avoir minimisé "la terreur communiste" durant l'ère soviétique et "d'avoir catégoriquement nié que le rôle politique catastrophique du communisme sur le plan mondial ou ses atrocités pouvaient être comparés aux horreurs du fascisme".

Dans le même temps, certains délégués ont aussi vigoureusement critiqué le Conseil ocuménique des Eglises (COE) à Genève pour n'avoir pas su, disent-ils, dénoncer les violations des droits de la personne dans les anciens pays communistes d'Europe centrale et orientale.

Répondant à cette remise en question, le représentant du COE, Michiel Hardon, a estimé que "le pire que le COE pouvait faire était d'esquiver la question" des actions du passé. Il a expliqué que la diplomatie de coulisses du COE concernant les droits de la personne durant l'ère communiste avait pour but de "maintenir les liens avec nos Eglises officielles dans des pays totalitaires en d'autres régions du monde".

Michiel Hardon a aussi rappelé que le secrétaire général du COE, Konrad Raiser, avait eu des entretiens "très ouverts et honnêtes" avec d'anciens dissidents de la Charte 77, le Mouvement pour la défense des droits de l'homme en Tchécoslovaquie. Il a appelé le Conseil de la zone européenne de l'ARM à adopter "une position claire" concernant le passé communiste.

Les Eglises de langue hongroise occupent une place particulière au sein de l'Alliance Réformée Mondiale. Elles représentent à elles seules la presque totalité des 2,6 millions de chrétiens réformés en Europe centrale et orientale, vivant pour la plupart en Hongrie et dans les régions voisines.

La cérémonie d'ouverture de cette assemblée européenne avait un air de rassemblement poitique hongrois. Dans le stade d'Oradea, sur lequel flottaient des drapeaux aux couleurs nationales de la Hongrie s'étaient rassemblées quelque 3.000 personnes, essentiellement des représentants de la communauté hongroise de la région, parfois en costumes traditionnels, et les participants à la réunion.

Certains délégués d'Eglises réformées en Europe ont réagi devant le caractère national donné à l'événement, en faisant remarquer qu'il ressemblait plus à un rassemblement politique, avec une forte représentation de dignitaires de langue hongroise. Cette rencontre était la première occasion donnée au conseil de la zone européenne de se réunir dans un ancien pays communiste de l'Europe orientale.

L'historienne allemande Katharina Kunter a encouragé les Eglises à regarder le passé en face, pour pouvoir s'en libérer. Mais si les Eglises n'ont aucune vision pour l'avenir, a-t-elle averti, le passé pourrait devenir une menace. En effet, ce n'est pas seulement en revendiquant les droits perdus, comme les propriétés confisquées par l'Etat, que les Eglises pourront se libérer du passé. (apic/eni)

Pour plus d'informations : Agence ENI

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