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16.06.03 - Italie : L'imam incitait à la violence.

A la suite de son appel du vendredi 6 juin à "anéantir les ennemis de l'islam", l'iman de la grande mosquée de Rome a été suspendu de ses fonctions pour incitation à la violence.

Abdel-Samie Mahmoud Ibrahim Moussa avait appelé à "anéantir les ennemis de l'islam et à assurer partout dans le monde la victoire de la nation de l'Islam". Il avait également prier Dieu "d'accorder le triomphe aux combattants islamiques en Palestine, Tchétchénie et partout ailleurs".

Il a été suspendu le 14 juin de son poste d'iman de la grande mosquée de Rome car son appel a provoqué l'indignation et la désapprobation tant des musulmans italiens, que des juifs et des catholiques, de même que des autorités civiles italiennes.

Le ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, s'est déclaré "outragé" par les propos de l'iman Moussa et a demandé que les mosquées italiennes soient "complètement libres de toutes prêches de violence, de recruteurs de guerre sainte et d'agents étrangers aux intérêts de l'Italie."

Les représentants de la communauté juive, notamment le Centre Simon Wiesenthal qui a écrit au président Silvio Berlusconi, ont demandés la suspension "de toute urgence" de l'imam Moussa, qualifiant ses propos de "validation du ter rorisme".

Le chef de la Ligue musulmane mondiale en Italie, Mario Scialoja, a confirmé samedi 14 juin la suspension du grand iman, après réunion vendredi 13 du Conseil administratif de la Ligue, dont dépend la grande mosquée de Rome. Maria Scialoja a déclaré "nous ne pouvons pas permettre que la mosquée soit utilisée pour diffuser la violence". Il a en outre précisé que les quelque 90.000 musulmans de Rome sont pacifiques et ne partagent pas les vues de l'iman Moussa.

Shaykh'Abd al Wahid Pallavicini, président du COREIS ( Communauté Religieuse Islamique Italienne) à Milan a déclaré à l'agence Fides : "Nous prenons nos distances sans hésitation des paroles violentes de l'imam Ibrahim Moussa à la mosquée de Rome. Ces dérives viennent de l'islam importé en Italie et ne font pas partie de l'islam italien autochtone. Dans les mosquées italiennes, il faudrait des imams italiens, qui connaissent et comprennent le contexte social et culturel du Pays et puissent réaffirmer l'esprit œcuménique universel de l'islam"

Pallavicini, représentant officiel de l'islam à la rencontre inter-religieuse d'Assise en 1986, est le responsable de la mosquée de Rome auprès du Conseil Pontifical pour le Dialogue Inter-religieux. Pallavicini rappelle que la COREIS entend proposer un islam "pleinement compatible avec la société et avec le système juridique italien", et regarde avec faveur le "pacte avec l'islam" proposé par le Ministre de l'Intérieur, "dans le refus de toute forme d'exclusivisme confessionnel, d'hégémonie idéologique d'origine islamique ou de sujétion vis-à-vis des courants politiques d'Etats étrangers".

La COREIS, née en 1993 à Milan, autour de la figure de Shaykh'Abd al Wahid Pallavicini, dirigera la mosquée en construction à Via Meda à Milan, qui pourra accueillir 150 personnes. Grâce aux bons rapports qu'elle a dans les milieux ministériels, la Communauté représente officiellement l'Italie dans les rassemblements islamiques mondiaux organisés régulièrement par le Roi du Maroc, par l'Université islamique Al-Azhar du Caire, et par la Ligue Islamique Mondiale.

Depuis le mois de février 1998, la COREIS fait partie de la Commission Nationale pour l'Education Interculturelle auprès du Ministère de l'Instruction Publique, et organise dans toute l'Italie des cours de mise à jour pour les enseignants musulmans italiens Propos incompatibles avec une société démocratique "On ne peut laisser la place à ceux qui font l'éloge de la haine et invitent les autres à tuer.

Le P. Justo Lacunza Balda, directeur de l'Institut Pontifical d'Etudes Arabes et d'Islamologie (PISAI), est préoccupé par l'orientation que peut prendre la situation : "La liberté religieuse n'a rien à voir. Il faut dire avec clarté que la Constitution italienne elle-même, ne permet pas d'inviter publiquement à la violence et à la haine contres des ennemis fantomatiques, dont, entre autres, on n'indique pas l'identité. L'incident de vendredi ne peut être considéré comme un accident de parcours : c'est un fait très grave, inadmissible dans une société démocratique."

Et d'ajouter : "Cela soulève le problème sérieux des rapports entre cultures et religions en Italie, une question qui touche la coexistence même dans le pays. L'invitation à la djihad nuit à la communauté musulmane italienne elle-même, parce qu'elle alimente la culture de l'intolérance, favorise la suspicion et le refus envers les musulmans". (source : apic/fides)

Pour plus d'informations : Agence Fides

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