15.08.03 -
Irak : Les évangélistes posent problème.
L'archevêque
catholique-romain de Bagdad dresse un bilan mitigé des premiers mois
de l'occupation anglo-américaine de son pays: "La liberté est plus difficile
que prévue", à quoi il ajoute :"Les prédicateurs sectaires
venus des Etats-Unis attisent l'intégrisme musulman".
Pour lui, le comportement des prédicateurs sectaires venus des Etats-Unis,
qui cherchent à convertir les musulmans, risque d'aggraver les tensions
en Irak et font le lit des intégristes islamiques, dénonce Mgr Jean
Benjamin Sleiman. "Les problèmes risquent d'augmenter pour les chrétiens,
affirme-t-il, parce que ce désastre social favorise la montée des forces
intégristes islamiques, et la population civile identifie plus ou moins
les chrétiens irakiens aux Occidentaux, et par conséquent aux Américains".
Pour ne pas arranger les choses, "voilà que sont arrivés encore les
prédicateurs chrétiens qui veulent convertir les musulmans. Ce sont
les mêmes qui, aux Etats-Unis chantent dans les rues, haranguent la
foule, cherchent de l'argent. Ils mettent une enseigne à quelque part
et ouvrent une église. Ils ne se rendent pas compte qu'ils rendent le
climat impossible, qu'en offensant la sensibilité des gens, ils favorisent
le développement de l'extrémisme chiite".
Dans un autre domaine, son bilan est même assez pessimiste. Considérant
les rues du centre de la capitale irakienne, autrefois propres et entretenues
et désormais transformées en décharge à ciel ouvert, il lâche, désabusé:
"Oui, on devrait avoir maintenant la liberté". Bagdad, à plus de trois
mois de la fin officielle de la guerre décrétée par le président américain
George W. Bush, n'est plus que l'ombre d'elle-même. La foule ne se presse
plus dans les rues et nombre de boutiques et de magasins gardent leurs
volets fermés, tandis que sur les blindés couleur sable qui patrouillent
à toute vitesse, les soldats nerveux ont le doigt dangereusement posé
sur la gâchette de leurs mitrailleuses lourdes."
"Je ne réussis pas à voir une solution politique; malgré tous leurs
analystes, les Américains ne se sont pas rendus compte que l'Irak est
un pays beaucoup plus compliqué qu'ils ne l'imaginaient", confie-t-il
à l'agence missionnaire Misna. Dans les rues, pas d'agents de sécurité,
ni policiers ni aucun signe d'une présence même vague d'administration
publique. Les téléphones ne fonctionnent pas encore, mais les troupes
d'occupation ont monté un réseau de téléphones cellulaire Gsm, pour
leur usage interne, avec comme préfixe international le 001, qui est
celui des Etats-Unis."
La lumière électrique n'arrive pas dans les maisons et seuls ceux qui
ont pu se procurer un générateur autonome disposent du courant électrique.
Presque plus un édifice public est resté debout après les bombardements
et si quelque chose avait été épargné, il a été saccagé et pillé. De
nombreux enfants de moins de dix ans, et c'est un phénomène nouveau,
demandent l'aumône aux carrefours et dorment dans la rue. Hier l'Irak
comptait parmi les plus importants producteurs de pétrole et aujourd'hui
il faut faire des queues interminables pour trouver quelques litres
d'essence, car tout part dans la contrebande et le marché noir."
(source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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