02.09.03
- Soudan : Volonté et culture de paix.
"D'un côté on assiste au paradoxe que le gouvernement de Khartoum
et les rebelles du Sud Soudan déclarent vouloir faire la paix en faisant
la guerre. De l'autre, il faut admettre que dans notre pays, nous nous
sentons un peu tous 'guerriers'. Il faut changer cette attitude".
"Le vrai problème du Soudan est l'absence de volonté et de culture de
la paix" a déclaré Mgr Paulino Lukudu Loro, religieux
combonien, archevêque de Juba (sud du Soudan) depuis plus de 20 ans.
Il va ainsi au coeur du vrai problème en dénonçant
la faiblesse des colloques de paix, "dont le peuple soudanais ignore
tout". Il déplore également "l'Islam fanatique qui utilise
le sud du pays comme porte d'entrée dans l'Afrique noire".
Dans cette déclaration, Mgr Lukudu Loro relance l'urgence de
garantir la "liberté d'expression pour former la conscience des soudanais".
Pour lui, le miracle accompli par le bienheureux Daniele Comboni- fondateur
de sa congrégation et premier archevêque de Khartoum que le Pape canonisera
le 5 octobre prochain - sur une musulmane est un "signe de Dieu".
… " Notre pays a une histoire complexe, qui démontre les grosse différences
entre le nord et le sud, entre la partie arabe, musulmane, et la partie
africaine, essentiellement chrétienne. Mais attention à ne pas dire
que c'est une guerre de religion. Ce serait trop réducteur. C'est un
conflit global, aux origines à la fois religieuses, politiques, économiques
et culturelles, auxquelles il faut ajouter le désir d'indépendance du
sud"
… " La pénétration de l'Islam en Afrique n'est pas une nouveauté ni
un problème en soi. Le problème c'est par quels moyens. Et encore, quel
Islam. Le régime de Khartoum revêt l'Islam à sa guise mais il en change
les caractéristiques. De nombreux musulmans l'ont senti et expriment
leur mécontentement au gouvernement du président Omar El Béchir. Beaucoup
d'imams ne pensent pas de la même manière que les hommes du régime,
qui ont donné à cet Islam un visage de corruption et de lutte pour le
pouvoir. Le monde arabe sait bien que les musulmans ne sont pas tous
comme cela. Certes, au sein du gouvernement, il y a des gens qui comprennent
bien cet aspect, mais ils sont en minorité, alors que ce qui prévaut
c'est le fanatisme, qui se déplace de plus en plus vers le sud.
… " le concept de droits humains ? Quand l'Eglise ou les organisations
locales abordent cet argument, Khartoum pense qu'il s'agit de droits
chrétiens, nés en Europe ou aux Etats Unis. Ils ne pensent pas qu'ils
appartiennent à tous, c'est pourquoi ils ne les appliquent pas. C'est
cet islam là, l'Islam fanatique qui nous inquiète et qui veut passer
par le sud, considéré comme porte d'accès au reste de l'Afrique
… " "En tant que président de la Conférence épiscopale du Soudan, organisée
en deux groupe en fonction de l'appartenance territoriale des diocèses
au gouvernement ou aux rebelles, je dis que nous sommes pour l'homme:
et l'homme du Soudan est désespéré. C'est cette perception qui nous
unit. Avec les évêques du pays, je cherche à créer les conditions pour
bien vivre ce moment historique. Les peuples du nord et du sud doivent
pouvoir vivre librement leur avenir.
… " Dans quelques jours, le Pape proclamera Saint le bienheureux Daniele
Comboni, qui a dédié sa vie à sauver l'Afrique avec l'Afrique. L'année
2003 sera-t-elle celle du "miracle" de la paix au Soudan? Toute la vie
de Comboni a été un miracle. Il rêvait d'une Eglise africaine. Elle
prend forme en ce troisième millénaire. Je souligne que c'est une personne
musulmane qui a bénéficié du miracle de Comboni: c'est un signe de Dieu
qui nous donne de la force, à l'Eglise de ce pays, aux comboniens et
au Pape, d'espérer que la paix est possible. (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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