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06.10.03 - Europe chrétienne et Europe islamique.

La présidence de l'Union européenne ouvrira la semaine prochaine, à partir du 6 octobre, la discussion sur la demande de plusieurs pays d'une référence aux valeurs du christianisme dans la Constitution de l'Europe élargie.

Lors d'une audition au Sénat italien, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattinia, annoncé ce lundi 6: "La question sera abordée la semaine prochaine, mais il n'est pas question d'ouvrir la boite de Pandore." Le pape Jean Paul II souhaite l'inscription d'une référence aux valeurs du christianisme dans le préambule de la future constitution. "Au moins onze nations sont d'accord pour une modification du texte dans le sens souhaité par Jean Paul II", a assuré de son côté le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. "Il suffirait d'ajouter les mots 'principalement le christianisme' dans le passage du préambule du texte qui fait mention de l'héritage culturel et religieux de l'Europe", a-t-il expliqué.

Mais une majorité d'Etats membres refusent toujours cette référence et insistent sur la laïcité de la construction européenne. L'inscription d'une Europe chrétienne dans les textes officiels de la Convention européenne et l'UE, pose problème en effet à certains représentants des pays membres. Les instances de la COMECE, la Commission des Episcopats de la Communauté européenne, en a analysé les données.

Il faut tout d'abord prendre en compte la réalité démographique. L'islam dans l'Union, ce sont de 12 à 13 millions de personnes sur une population totale de 377 millions d'habitants. Soit une moyenne de 4% de la population, surtout établie dans les grandes villes. Selon des estimations récentes, c'est la France qui compte le plus de musulmans sur son territoire (4,5 à 5 millions), suivie de l'Allemagne (plus de 3 millions), du Royaume-Uni (1,4 à 2 millions), des Pays-Bas (696.000) et de l'Italie (600.000). Les autres pays en dénombrent entre 370.000 (Belgique) et 7000 (Irlande).

A l'exception de la Grèce, où une minorité musulmane est établie depuis des siècles, et l'Autriche, où la communauté islamique a un statut particulier reconnu par l'état depuis le début du XX siècle, leur arrivée est le résultat de mouvements migratoires récents, inaugurés dans les années cinquante et soixante (décolonisation, immigration suscitée par les pays occidentaux les plus prospères). Ces dernières décennies, les guerres et leurs cortèges de réfugiés, l'immigration clandestine et le regroupement familial ont poussé d'autres musulmans, bien moins nombreux, à s'établir dans nombreux pays européens.

C'est ainsi qu'entre 1975 et 1985, plus de 2000 mosquées ont ouvert leurs portes. Dans le même temps s'est engagé un processus d'institutionnalisation de l'islam. Celui-ci était indispensable à une meilleure reconnaissance par les Etats et au traitement serein de questions telles que la création de carrés musulmans dans les cimetières, la mise sur pied de cours de religion islamique dans les écoles, etc ...

Claude Debbichi, dans le bulletin de l'Ocipe a voulu étudier cette question qui est aussi en arrière-plan des discussion en cours à Bruxelles. Si l'ouverture aux pratiques cultuelles musulmanes ne pose pas de problème de fond à nos sociétés, plus épineuse est la question des limites de la pratique religieuse. Celle-ci englobe-t-elle aussi les relations sociales, y compris le droit de la famille? Un statut personnel spécifique doit-il être reconnu aux musulmans, et si oui, sur quelles bases? créant alors un communautarisme étranger dans l'intégration.

Et puis, peut-on parler d'un cheminement de l'islam en Europe vers un islam européen ? D'autant que la présence islamique est majoritaire dans certains Etats des Balkans et en Turquie, pays qui envisagent de devenir à leur tour "européens". La présence islamique en Espagne ou dans le sud de la France, en Provence, les intellectuels musulmans qui ont été repris par les universités au Moyen Age, tout cela suffit-il pour être pris en compte dans la recherche des racines religieuses de l'Europe ?

Tout autant qu'une union politique, l'Europe se doit d'être une union culturelle, qui a marqué les autres continents aussi bien américain du Nord que du Sud, et jusqu'en Afrique. Le christianisme en a été le ferment. (source : ocipe)

Pour plus d'informations : OCIPE

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