21.10.03
- Suisse : Le cardinal, théologien de Jean Paul II.
Après avoir remis la barrette et le parchemin de la bulle à chaque
cardinal, Jean-Paul II souriait. Et certains commentateurs n'ont pas
hésité à dire que son oeil malicieux, qui parcourait
les rangs des cardinaux en quête de son successeur, montrait bien
sa vivacité d'esprit.
Parmi les cardinaux, il a eu un sourire particulier pour son théologien,
le cardinal Georges Marie Martin Cottier, op, consacré évêque la veille
au soir à Sainte-Sabine.
Georges Cottier, théologien de la Maison Pontificale, est un génevois,
né en 1922 à Carouge (GE), dominicain, longtemps professeur de philosophie
aux universités de Genève et Fribourg, auteur d'un "Désir de Dieu"
à paraître ces jours aux Editions Parole et Silence. Le P. Cottier est
à Rome depuis 1990.
Nous avons relevé quelques-unes de ses déclarations faites,
il y a maintenant plus d'un an, lors d'un entretien avec la presse.
A propos de la déclaration du cardinal Ratzinger : "L'Eglise
catholique est l'unique Eglise... Cette déclaration du cardinal Ratzinger
l'an passé en a choqué beaucoup... Vous faites allusion à un document
dont certaines maladresses dans la rédaction ont effectivement choqué
les anglicans et les protestants. Mais l'essentiel du texte portait
sur les relations avec les religions non chrétiennes, hindouisme, bouddhisme,
islam. Ce que rappelait le cardinal Ratzinger, c'est la centralité du
salut en Jésus-Christ, et que l'Eglise est le corps du Christ, elle
prolonge son action."
A propos de l'appellation "Eglise-soeur" qui ne s'applique
pas aux Eglises protestantes :"Oui, parce que pour nous, et pour
user d'un vocabulaire théologique, il n'y a Eglise locale au sens plein
que si deux conditions essentielles sont remplies: l'eucharistie et
l'épiscopat."
En lui citant un texte étonnant de Symmaque, datant du IVe siècle, le
journaliste lui dit :" Je vous le lis : «C'est la même chose que
tous vénèrent. C'est le même monde qui nous enveloppe, qu'importe les
espèces variées de sagesse par lesquelles chacun cherche la vérité,
on ne peut parvenir par une unique voie à un mystère aussi grand.» ...
Ce texte du IVe siècle pourrait avoir été écrit aujourd'hui. Comment
y réagissez-vous?"
Le P. Cottier répondit : "C'est un très beau texte. Qui
oblige de plus en plus les théologiens à cette question: quelle est
la situation de ceux qui sont nés dans une tradition non chrétienne
par rapport au salut? Réponse: d'une manière qui nous échappe, la grâce
de Dieu est offerte à tous. Il y a donc une universalité du salut, dont
l'Eglise est l'instrument. Face au flou contemporain, l'Eglise entend
se recentrer sur la vérité évangélique? C'est certain. Mais, dans le
même temps, elle est obligée au dialogue."
A la question : "Autant que sur la foi, l'Eglise met aujourd'hui
l'accent sur la raison, " il répondit :"Oui. Parce
qu'il y a aujourd'hui une crise de la raison. Emergence de mouvements
irrationnels, d'un relativisme, d'un scepticisme: l'homme doute de ses
capacités. Le pape dit: non, il faut avoir confiance, la raison est
capable de connaître la vérité. L'un des grands dangers actuels, c'est
de réduire la raison à la connaissance fonctionnelle d'un champ du savoir,
en perdant de vue sa dimension métaphysique: le but de la raison, c'est
de voir la vérité."
..." Voir la vérité? Pour l'Eglise aujourd'hui, il n'y a pas incompatibilité
entre la vérité scientifique, philosophique et celle de la foi. Parce
que la source ultime de la vérité, c'est Dieu. Pour la science, toute
vérité est pourtant relative... Les savants ont conscience de la relativité
de leurs disciplines respectives, plusieurs théories peuvent être compatibles
entre elles parce que justement la science s'occupe du relatif, et pas
de l'absolu. Le problème aujourd'hui n'est pas celui de la science,
bonne en soi puisque concourant à la vérité, mais celui de certaines
de ses applications, notamment lorsqu'elles touchent à l'homme lui-même."
Au travers ces réponses du théologien de la Maison pontificale
(il logeait d'ailleurs dans les appartements même du palais pontifical)
l'on retrouve toute la pensée de Jean Paul II . D'ailleurs, dans
un autre domaine, il préparera la route des principales "demandes de
pardon" de l'Eglise lors de l'Année Sainte 2000, telle qu'au sujet de
l'Inquisition ou de la position chrétienne vis à vis des Juifs. (source
: construire)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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