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FlashPress - Infocatho
du 5 au 7 fevrier 2009 (semaine 06)
 

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2009-02-07 - A l'audience
IL NOUS A LAISSÉ UN EXTRAORDINAIRE HÉRITAGE


Au terme ses catéchèses sur saint Paul, Benoît XVI souligne : "
Quoi qu'il en soit, la figure de saint Paul a un rayonnement qui va bien au-delà de sa vie terrestre et de sa mort ; en effet, il a laissé un extraordinaire héritage spirituel."

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L'antique tradition chrétienne témoigne de manière unanime que la mort de Paul eut lieu suite au martyre subi ici à Rome."

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Le premier témoignage explicite sur la fin de saint Paul nous vient du milieu des années 90 du Ier siècle, c'est-à-dire un peu plus de trois décennies après sa mort effective. Il s'agit précisément de la Lettre que l'Eglise de Rome, avec son évêque Clément Ier, écrivit à l'Eglise de Corinthe. Dans ce texte épistolaire on est invité à garder sous les yeux l'exemple des apôtres, et, immédiatement après l'évocation du martyre de Pierre, on lit ceci : « A cause de la jalousie et de la discorde, Paul fut obligé de nous montrer comment on obtient le prix de la patience. Arrêté sept fois, exilé, lapidé, il fut le héraut du Christ en Orient et en Occident, et en raison de sa foi, il s'acquit une gloire pure. Après avoir prêché la justice au monde entier, et après être parvenu à l'extrémité de l'Occident, il subit le martyre devant les gouvernants ; c'est ainsi qu'il quitta ce monde et qu'il parvint au lieu saint, devenu ainsi le plus grand modèle de patience » (1 Clem 5, 2)."

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Ce qui est en revanche très intéressant dans la lettre de Clément, c'est la succession des deux noms de Pierre et de Paul, même s'ils seront intervertis dans le témoignage d'Eusèbe de Césarée du IVe siècle, qui en parlant de l'Empereur Néron écrivait : « Pendant son règne, Paul fut décapité précisément à Rome et Pierre y fut crucifié. Le récit est confirmé par le nom de Pierre et de Paul, qui est encore aujourd'hui conservé sur leurs sépulcres dans cette ville » (Hist. eccl. 2, 25, 5).

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Quoi qu'il en soit, la figure de saint Paul a un rayonnement qui va bien au-delà de sa vie terrestre et de sa mort ; en effet, il a laissé un extraordinaire héritage spirituel. Lui aussi, comme un véritable disciple de Jésus, devint un signe de contradiction. Alors que parmi ceux qu'on appelait les « ébionites » - un courant judéo-chrétien - il était considéré comme apostat par la loi mosaïque, dans le livre des Actes des Apôtres apparaît une grande vénération envers l'apôtre Paul."

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Il est évident que les Pères de l'Eglise et ensuite tous les théologiens se sont nourris des Lettres de saint Paul et de sa spiritualité. Il est ainsi resté au cours des siècles, jusqu'à aujourd'hui, le véritable maître et apôtre des nations. Le premier commentaire patristique, qui nous soit parvenu, sur un écrit du Nouveau Testament est celui du grand théologien d'Alexandrie, Origène, qui commente la Lettre de Paul aux Romains. Ce commentaire n'est malheureusement conservé qu'en partie.

" Saint Jean Chrysostome, en plus des commentaires de ses Lettres, a écrit sur lui sept Panégyriques mémorables. Saint Augustin lui devra le pas décisif de sa propre conversion, et c'est à Paul qu'il fera référence tout au long de sa vie. De ce dialogue permanent avec l'Apôtre dérive sa grande théologie catholique et également la théologie protestante de tous les temps. Saint Thomas d'Aquin nous a laissé un beau commentaire des Lettres pauliniennes, qui représente le fruit le plus mûr de l'exégèse médiévale.

" Un véritable tournant eut lieu au XVIe siècle avec la Réforme protestante. Le moment décisif de la vie de Luther fut ce que l'on appelle « Turmerlebnis », (1517) au cours duquel il trouva en un instant une nouvelle interprétation de la doctrine paulinienne de la justification. Une interprétation qui le libéra des scrupules et des angoisses de sa vie précédente et lui donna une nouvelle confiance radicale dans la bonté de Dieu qui pardonne tout sans condition.

" A partir de ce moment, Luther identifia le légalisme judéo-chrétien, condamné par l'Apôtre, avec l'ordre de la vie de l'Eglise catholique. Et l'Eglise lui apparut donc comme l'expression de l'esclavage de la loi, à laquelle il opposa la liberté de l'Evangile. Le Concile de Trente, de 1545 à 1563, interpréta de manière profonde la question de la justification et trouva dans la ligne de toute la tradition catholique la synthèse entre la loi et l'Evangile, conformément au message de l'Ecriture Sainte lue dans sa totalité et son unité.

" Le XIXème siècle, en recueillant le meilleur héritage du siècle des Lumières connut un renouveau du paulinisme, en particulier sur le plan du travail scientifique développé par l'interprétation historique et critique de l'Ecriture Sainte. ...Et saint Paul apparaît presque comme un nouveau fondateur du christianisme. Il est vrai que chez saint Paul, le caractère central du Royaume de Dieu, déterminant pour l'annonce de Jésus, est transformé dans le caractère central de la christologie, dont le point déterminant est le mystère pascal.

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En résumé, la figure d'un apôtre et d'un penseur chrétien extrêmement fécond et profond, que chacun peut étudier en en tirant un bénéfice, demeure lumineuse devant nous. Dans l'un de ses panégyriques, saint Jean Chrysostome fit une comparaison originale entre Paul et Noé, en s'exprimant ainsi : Paul « n'assembla pas des planches pour fabriquer une arche ; au contraire, au lieu d'unir des planches de bois, il composa des lettres et ainsi arracha aux flots non pas deux, trois ou cinq membres de sa famille mais tout l'œkoumène qui était sur le point de périr » (Paneg. 1, 5). C'est précisément cela que peut encore et toujours faire l'apôtre Paul. Puiser chez lui, tant dans son exemple apostolique que dans sa doctrine, sera donc un encouragement, sinon une garantie, pour la consolidation de l'identité chrétienne de chacun de nous et le rajeunissement de l'Eglise tout entière. (source : VIS)

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