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du 1 au 3 mars 2009 (semaine 10)
 

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2009-03-03 -
L'AVARICE ET L'IDOLÂTRIE DE L'ARGENT DANS LA CRISE


"L’Eglise a le devoir de dénoncer les erreurs de l’économie", qui ont pour origine "l’avarice et l’idolâtrie", a affirmé Benoît XVI au cours de sa rencontre avec les curés des paroisses et les prêtres du diocèse de Rome, le 26 février.

Lors de cette rencontre à huis clos dans la Salle des bénédictions, dont la totalité des interventions a été rendue publique le 28 février par le Bureau de presse du Saint-Siège, le Pape a répondu aux questions de 8 des prêtres du clergé de Rome.

Répondant à un prêtre venant d’une banlieue défavorisée de Rome, qui mettait en cause un système économique injuste, Benoît XVI a d’abord indiqué qu’il préparait “depuis longtemps une encyclique“ sur le thème de l’économie. “Dans ce long chemin, je m‘aperçois à quel point il est difficile de parler avec compétence“ de la réalité économique, ce qui nécessite aussi “une grande conscience éthique“.

A propos de cette encyclique sociale, il a suggéré deux niveaux de lecture de la crise. "Le niveau macroéconomique souligne l'échec d'un système basé sur une idolâtrie de l'argent et un égoïsme qui annulent la raison et la volonté chez certains, et les engagent dans des voies erronées.

L'Eglise doit faire entendre sa voix à tous les niveaux afin d'aider à un changement de route éclairé par la foi et la raison. Il s'agit en somme de renoncer à des intérêts personnels et à s'occuper des autres". Au niveau microéconomique, le Pape a rappelé que tout grand projet réformateur passe par une conversion des personnes.

Benoît XVI a alors appelé l’Eglise à “dénoncer les erreurs fondamentales qui se sont manifestées par l’effondrement des grandes banques américaines“, au premier rang desquelles “l’avarice de l’homme comme péché ou, comme le dit la Lettre aux Colossiens, l’avarice comme idolâtrie“.

Ainsi a-t-il affirmé que l'Eglise a le devoir de dénoncer de façon raisonnable et raisonnée les erreurs qui sont à la base de la crise économique actuelle. "C'est un devoir qui appartient à sa mission, et l'Eglise l'exerce à partir des faits et sans moralisme, sur la base de raisonnements concrets et compréhensibles par tous dans le monde de l'économie actuelle".

“L’Eglise a toujours le devoir d’être vigilante (…) et de se faire entendre, aux différents niveaux nationaux et internationaux, pour aider et corriger“, a poursuivi le Pape, conscient que “ce n’est pas un travail facile, car de nombreux intérêts personnels et de groupes nationaux s’opposent à une correction radicale“. “C’est peut-être du pessimisme, mais cela me semble être du réalisme : tant qu’existe le péché originel, nous n’arriverons jamais à une correction radicale et totale“, a affirmé le Pape dans son discours improvisé.

Benoît XVI a affirmé que si “de bons modèles économiques sont nécessaires“ pour “créer la justice dans le monde“, cette dernière ne peut se réaliser qu’avec des “hommes justes“, qui effectuent “un travail humble, quotidien, de conversion des cœurs“, un travail “fondamental pour atteindre les grands objectifs de l’humanité“.

Au cours de cette rencontre avec le clergé de son diocèse, le Pape a abordé pêle-mêle les thèmes de la mission évangélisatrice du prêtre, de l’annonce de la foi, des indulgences, de la pastorale des jeunes ou encore du primat de l’évêque de Rome.

Il a magnifié la valeur du témoignage personnel de foi dans l'action évangélisatrice. Il faut vivre pour autrui, c'est une démarche qui doit aller de pair avec la parole qui soit crédible. La foi, a souligné le Saint-Père, n'est pas une philosophie ou une utopie mais une réalité qui se vit. Il faut donc des prêtres et des catéchistes bien formés, capables de parler simplement de la vérité, de montrer que Dieu n'est pas un être lointain mais une personne qui parle et agit dans la vie quotidienne.

La liturgie, a-t-il alors affirmé, est une école où l'on apprend l'art d'être en relation avec le Christ. C'est pourquoi l'Eucharistie doit être vécue comme signe et semence de charité.

A propos ensuite de la mission de l'Evêque de Rome, Benoît XVI a dit qu'il garantit l'universalité de l'Eglise qui ne s'identifie à aucune culture ou nation, et qui dépasse toutes les frontières pour englober tous les peuples dans le respect de ses richesses. Pour le Pape, “le ministère fondamental du successeur de Pierre est de garantir cette catholicité qui implique la multiplicité, la diversité, la richesse de cultures (…) et qui en même temps, exclut l’absolutisation“.

Enfin, il a répondu à une question sur l'éducation en disant que l'on manque d'une vision commune du monde, d'une orientation éthique permettant à l'homme de ne pas tomber dans l'arbitraire. "Si la foi reste ouverte à toutes les cultures, elle est leur critère de discernement et d'orientation". (source : VIS)

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