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du 16 au 18 mars 2009 (semaine 12)
 

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2009-03-18 - Brésil
LA RÉACTION DE L'ARCHEVÊQUE DE RECIFE

Devant les événements qui se développaient autour de la toute jeune maman, tenant compte d'ailleurs de la législation brésilienne, et se sentant concerné par des opinions contradictoires, Mgr José Cardoso Sobrinho avat convoqué un groupe de médecins, d'avocats, de psychologues, de juristes pour étudier la légalité de cette affaire. Lors de cette réunion, le 3 mars, à la résidence de l'archevêque, il y avait le directeur de l'institut médical de l'enfance de Recife, Antonio Figueiras. Il a reconnu en public les pressions exercées par Karolina Rodrigues. Il a contacté l'hôpital pour suspendre l'avortement

Âgé de 23 ans, le beau-père avait a reconnu avoir abusé d'elle depuis qu'elle avait 6 ans, ainsi que de sa soeur aînée handicapée de 14 ans. Quand la grossesse de la fillette a été découverte, elle a donc été conduite à l'hôpital par sa mère. Lorsqu'il diagnostique la grossesse, le médecin José Severiano Cavalcanti est choqué : «Elle n'a même pas de seins.» Une vie sexuelle précoce, imposée par son violeur, a déclenché ses règles avant l'heure.

Le praticien préconise immédiatement l'avortement. Au Brésil, comme dans la majorité des pays d'Amérique latine, il est considéré comme un crime. La loi ne l'autorise que dans deux exceptions, si la grossesse est provoquée par un viol, ou en cas de danger pour la santé de la mère. Ici, les deux arguments s'appliquent. La petite mesure 1,36 et pèse 33 kg, son corps est incapable de mener cette grossesse à terme.

Même si l'acte était légal, la fillette a dû attendre près de dix jours pour mettre fin à sa grossesse. L'archevêque de Recife, Dom José Cardoso Sobrinho a fait appel au président du tribunal de justice et demandé à la clinique qui accueillait la petite de refuser l'avortement. "La loi de Dieu est au-dessus de n'importe quelle loi humaine. Alors, quand une loi promulguée par des législateurs humains est contraire à la loi de Dieu, cette loi n'a aucune valeur", a-t-il déclaré, menaçant en outre d'attaquer la mère en justice pour "homicide".

Mère et fille ont quitté alors l'établissement médical, pour se réfugier en cachette dans un autre, connu pour accueillir des femmes victimes de violences sexuelles.

Dom José a aussitôt parlé de l'excommunication de tout le corps médical responsable de l'avortement ainsi que celui de la mère de la victime. La décision a provoqué un scandale au Brésil quand il est apparu que l'archevêque ne l'avait pas étendue au beau-père de l'enfant. «Le viol est moins grave que l'avortement», a-t-il justifié. "Certes, ce qu'il a fait est horrible, mais il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l'élimination d'une vie innocente." Pour le cardinal, à propos du beau-père, il est coupable aux yeux de la loi brésilienne, mais pas de l'Eglise... un péché est toujours pardonnable.

La presse s'est emparée de telles déclarations, les simplifiant au point de les dénaturer. Les évêques de la région de Pernambouc ont alors jugé bon de publier une mise au point . Cela n'a pas suffi. Quelques jours plus tard la Conférence Nationale des Evêques (CNBB) "recadrait "les déclarations de l'archevêque, concernant l'excommunication.

La mère de l'enfant a agi "sous la pression des médecins" qui disaient que la fillette allait mourir si la grossesse n'était pas interrompue et c'est pourquoi elle ne peut être excommuniée. "Il faut tenir compte des circonstances", a souligné Mgr Barbosa, secrétaire de la conférence épiscopale. Pour les médecins, "seuls sont excommuniés ceux qui pratiquent l'avortement systématiquement", a ajouté Mgr Barbosa lors de cette conférence de presse, précisant ainsi qu'il s'agissait là d'un cas ponctuel.

Bien que soucieux de ne pas froisser l'Église, le président Lula est sorti de sa retenue. «En tant que chrétien et catholique, je regrette profondément qu'un évêque ait un comportement aussi conservateur», a-t-il déclaré, avant d'ajouter que, «dans ce cas, la médecine est plus correcte que l'Église».

Ces propos, émis par un président qui jouit d'une immense popularité (84 %, plus de six ans après son arrivée au pouvoir), ont été perçus comme un soulagement par les professionnels de la santé qui rappellent l'hypocrisie qui entoure la question. Alors que dans les classes aisées, les femmes se font avorter dans des cliniques qui ont pignon sur rue, des centaines d'autres meurent tous les ans des suites d'interruptions de grossesse effectuées dans les pires conditions. (source : CNBB)


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