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du 16 au 18 mars 2009 (semaine 12)
 

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2009-03-18 -
LA VISITE DU PAPE DANS LA PERSPECTIVE DU SYNODE D'OCTOBRE

Un Jésuite belge rappelle l'enjeu important que constitue la visite du pape pour ce continent : il s'agite de la prise de conscience de la responsabilité sociale de l'Eglise au service de la paix, une mise en perspective du synode africain d'octobre 2009.

La première assemblée du Synode des évêques pour l'Afrique, tenue en 1994 (au moment même où s'opérait le massacre génocidaire du Rwanda) voulait tourner les yeux des chrétiens africains vers l'évangélisation, au seuil de l'an 2000. Cette rencontre, prolongée par le document Ecclesia in Africa, fut l'occasion d'un large tour d'horizon sur les défis qui attendaient l'Eglise au moment d'entrer dans le Troisième millénaire.

Cette fois, le second ‘synode africain', qui se tiendra à Rome en octobre 2009, concentre la perspective sur la responsabilité sociale de l'Eglise ‘au service de la réconciliation, de la justice et de la paix'. C'est qu'il y a urgence, car à côté d'indubitables progrès réalisés depuis l'Assemblée précédente, on enregistre aussi des aggravations : « la détérioration généralisée de la qualité de vie, l'insuffisance des moyens pour l'éducation des jeunes, la carence de services sanitaires et sociaux élémentaires, entraînant la persistance de maladies endémiques, l'épidémie terrible du Sida, le fardeau lourd et parfois insupportable de la dette, l'horreur des guerres fratricides alimentées par un trafic d'armes sans scrupules, le spectacle honteux et pitoyable des réfugiés et des personnes déplacées » (Document préparatoire n° 8) Tel est le cortège de misères que l'Afrique traîne derrière elle et que, désormais, il faut casser.

En se rendant à Yaoundé pour remettre aux évêques d'Afrique l'Instrument de travail qui servira de base aux travaux du second Synode africain, le pape Benoît XVI veut renforcer la conviction des chrétiens et de leurs pasteurs quant à la nécessité de rendre un vigoureux témoignage au sel et à la lumière de l'Evangile au plein coeur des sociétés africaines. Alors que, jusqu'ici, les questions pastorales plus brûlantes tournaient autour de l'inculturation du message évangélique apporté autrefois par les missionnaires étrangers, l'urgence actuelle, -sans renier bien sûr l'importance de la culture-, porte sur le dépassement des maux qui affligent socialement l'Afrique : la mauvaise gouvernance, les détournements et la corruption, la haine et le tribalisme.

Comment des chrétiens, qui se disent enfants du même Père, membres de l'Eglise-Famille de Dieu, peuvent-ils en effet tolérer de telles injustices, un tel mépris du peuple, une telle violence ? Comme l'écrit le jésuite camerounais Ludovic Lado : « Paradoxalement, plus le nombre de ceux qui se disent chrétiens croît en Afrique noire, plus ce continent plonge dans les ténèbres des guerres fratricides et des péchés sociaux. Il ne s'agit certes pas d'une relation de cause à effet, mais le paradoxe vaut la peine d'être souligné, surtout que le message de Jésus célèbre la beauté de l'amour du prochain » (L. Lado, De la déchéance à la dissidence, Yaoundé, Clé, 2008, p. 116).

Il importe donc que l'Eglise, en concertation avec les autres forces spirituelles du Continent noir, soulève la lourde pâte de la résignation à laquelle les populations semblent se condamner elles-mêmes. Mais l'affaire n'est pas gagnée d'avance car en sa démarche spontanée, le chrétien africain se tournera probablement davantage vers la liturgie et les exercices de piété pour vivre et manifester sa foi que vers ‘l'engagement dans les réalités terrestres' recommandé, il y a plus de quarante ans déjà, par le Concile Vatican II.

D'où d'ailleurs le succès rencontré sur le sol africain par les ‘Églises du réveil' et les autres pentecôtismes prometteurs qui accentuent dangereusement cette tendance. Pour permettre aux laïcs africains de prendre davantage en compte leur responsabilité sociale, il importe que leurs pasteurs les y invitent avec insistance. D'où sans doute l'importance de cette visite. (source : www.cathobel.be)

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