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du 19 au 21 mars 2009 (semaine 12)
 

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2009-03-21 - Philippines
LES ÉVÊQUES NÉGOCIENT LA RÉFORME AGRAIRE


Dans le combat que mène l’Eglise aux Philippines pour l’application de la réforme agraire, les évêques, accompagnés de plusieurs partisans de la réforme, ont rencontré des sénateurs, le 18 mars dernier, dans le bureau du président du Sénat.

Cette démarche suit de peu l’échec de décembre dernier où, malgré une forte mobilisation des plus hauts responsables de l’Eglise catholique, la loi sur la réforme agraire n’avait pas été reconduite par le Congrès philippin, formé de la Chambre des représentants et du Sénat.

La réforme agraire aux Philippines (Comprehensive Agrarian Reform Program, CARP) a connu depuis son lancement, en 1988, de multiples modifications et aménagements, qui ont été autant d’occasions de batailles juridiques et politiques. Conçue dans l’élan du « People Power », qui, en 1986, avait mis fin à la dictature du président Marcos Marcos, la réforme agraire devait redistribuer des terres arables, à hauteur de 10,3 millions d’hectares, à quelque quatre millions de foyers de paysans sans terres.

En fixant un seuil maximum de possession de terres agricoles pour les propriétaires, l’Etat s’autorisait à acheter les terrains surnuméraires et à les redistribuer aux bénéficiaires de la réforme. Connaissant divers aménagements au gré des gouvernements, le CARP a vu son mandat de dix ans renouvelé par deux fois, le dernier ayant expiré en décembre 2008.

A l’heure du bilan, ses opposants comme ses partisans étaient contraints d’admettre que la réforme agraire n’avait pas atteint son but. Se heurtant à la résistance des propriétaires terriens, à la faiblesse des budgets qui lui étaient consacrés et à de multiples contournements – comme la requalification de terres arables afin d’éviter qu’elles soient redistribuées –, la loi n’a pas été pleinement appliquée.

L’ensemble de l’Eglise catholique défend quant à elle une reconduction du CARP, mais avec des aménagements, dont sa prolongation pour dix années supplémentaires, l’investissement de 147 milliards de pesos (3 milliards de dollars) pour son application et l’aide aux paysans bénéficiaires de la réforme.

Aucun de ces projets n’a toutefois été retenu par le Congrès, qui a préféré voter une résolution conjointe du Sénat et de la Chambre, qui a pris effet le 23 janvier dernier, rallongeant de six mois le programme de redistribution des terres en cours, mais sans dégager les fonds qui auraient permis au gouvernement d’acquérir de nouvelles terres.

C’est dans ce contexte que Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille et président de la Commission épiscopale pour l’Action sociale, " Justice et Paix", a invité les évêques et les tenants du projet à une réunion à huis clos avec les membres du Comité pour la réforme agraire du Sénat. Lors de cette rencontre, qui a duré près de quatre heures, les évêques ont demandé aux sénateurs de rétablir les dispositions de la réforme agraire de 1998 et d’en rajouter de nouvelles afin de renforcer la loi et d’en combler les lacunes.

A l’issue de la réunion, Mgr Teodoro Bacani, évêque émérite de Novaliches, a rapporté que la réponse des sénateurs avait été qu’il leur fallait s’assurer du fait qu’avant de procéder à de nouvelles acquisitions de terres, toutes les terres acquises dans le cadre de la réforme avaient bien été redistribuées. (source : EDA)

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