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du 22 au 24 mars 2009 (semaine 13)
 

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2009-03-24 - Thaïlande
LA VIE DIFFICILE DES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES

Dans les provinces de Narathiwat, Pattani et Yala, la violence sévit toujours : la région vit dans la peur des attaques menées par des groupes musulmans séparatistes. La vie des rares catholiques y reste très difficile.

Le lundi 23 mars, deux bombes ont explosé dans la province de Narathiwat, l’une fixée à une moto dans un marché et l’autre devant un café, faisant 11 blessés. Les engins, activés par téléphone portable, ont explosé vers 7 h du matin, touchant essentiellement des populations civiles. La veille, une bombe placée dans une voiture de police avait été désamorcée à temps. Quatre jours auparavant, c’étaient des militaires, des ‘rangers’ de la province de Pattani, qui sont morts, leur véhicule ayant sauté sur une mine.
 
Selon le colonel Parinya Chaidilok, porte-parole de l’armée thaïlandaise, plus de 3 300 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la vague de violences, qui a débuté en janvier 2004 dans la partie méridionale du pays.

Avec la recrudescence des attaques, les populations non musulmanes ont reflué plus au nord. Environ 70.000 bouddhistes, sur les 300.000 encore installés en 2004, ont fui la région et les catholiques ne sont plus que 400 pour l’ensemble des trois régions touchées.

Le P. Gustav Roosens, prêtre salésien âgé de 84 ans, explique combien son travail pastoral auprès de la communauté catholique ainsi que tous ses projets en cours, comme la lutte contre la drogue, les soins aux lépreux ou encore le développement rural, ont été gravement affectés par le climat d’insécurité qui règne dans les provinces du sud. Présent en Thaïlande depuis 53 ans, dont 20 dans la région de Pattani, le missionnaire est aujourd’hui au service des catholiques de deux paroisses et de quatre chapelles, réparties sur les trois provinces.

Le missionnaire belge donne pour exemple le complexe scolaire de quatre étages de Nong Chik dans le district de Pattani : presque achevé, il est resté désert de tout élève, ceux-ci n’étant jamais venus par peur d’une attaque. Le bâtiment scolaire est aujourd’hui entouré par plusieurs bunkers de l’armée et plusieurs centaines de soldats sont chargés d’assurer une surveillance permanente des lieux.

Actuellement, son remplaçant , le P. Suksan Chaopaknam sera le seul prêtre à desservir la région. Agé de 42 ans, le prêtre thaïlandais s’était porté volontaire pour y travailler en avril de l’année dernière, alors que la violence sévissait déjà en Thaïlande méridionale. Comme le P. Roosens, le P. Suksan confirme que traverser ces régions est très dangereux en raison de la fréquence des tirs et des embuscades. « Je ne me déplace que le jour, explique-t-il. Je dois dire en toute franchise que j’ai peur. Je suis totalement isolé de mes confrères. Mais aussi longtemps qu’il n’y aura pas de prêtre pour me remplacer, je continuerai à travailler ici, dans la nuit de la violence. (source : Eglises d'Asie-EDA)

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