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du 25 au 28 mars 2009 (semaine 13)
 

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2009-03-28 - Inde
LA SITUATION EN ORISSA EST TOUJOURS AUSSI TENDUE

Sept mois ont passé depuis la dernière vague de violences antichrétiennes qui a endeuillé le district du Kandhamal, dans l'Etat de l'Orissa, mais pas un seul auteur de ces actions violentes n'a été jugé et condamné.

Certains de ces extrémistes hindous ont bien été arrêtés mais ils ont été rapidement remis en liberté sous caution et continuent de faire régner un climat de peur dans la région.

De passage à Paris, Mgr Raphael Cheenath, archevêque du diocèse catholique de Cuttack-Bhubaneswar, dénonce cette situation mais veut croire que les élections générales, qui débutent le 16 avril prochain, sont susceptibles d'apporter des changements à même de « redonner espoir aux communautés chrétiennes » dont il a la charge.

Dans le district du Kandhamal, épicentre des violences antichrétiennes qui ont fait une centaine de morts et des milliers de déplacés après l'assassinat, le 23 août dernier, d'un religieux hindou radical, le swami Laxamananda Saraswati, la situation est aujourd'hui redevenue calme. Mais, dénonce Mgr Cheenath, ce sont là des apparences trompeuses : « [Les chrétiens] ont peur de revenir chez eux car ils ne veulent pas être soumis au chantage des hindouistes, qui leur promettent de restituer leurs biens s'ils se convertissent à l'hindouisme. »

Dans les camps de personnes déplacées, mis en place par le gouvernement de l'Etat de l'Orissa, les chrétiens ne sont pas plus rassurés. D'une part, les autorités souhaitent désormais fermer ces camps et, pour cela, elles exercent de fortes pressions sur les personnes pour qu'elles acceptent de repartir chez elles ; et, d'autre part, aucun coupable n'ayant été déféré devant la justice, les chrétiens ont peur de se retrouver vivre aux côtés de ceux-là même qui les ont persécutés.

" Ils ont perdu des êtres qui leur étaient chers. Ils ont vu leurs maisons incendiées, leurs biens pillés, détruits ou volés et leurs terres sont désormais accaparés par d'autres", explique Mgr Cheenath, qui voit là, ironiquement, un démenti des thèses hindouistes selon lesquelles les Indiens qui se convertissent au christianisme le font car ils y trouvent un avantage matériel. « Ces chrétiens ont tout perdu et, s'ils acceptent de ‘se convertir' à l'hindouisme, les hindouistes leur promettent qu'ils retrouveront leurs biens, leurs terres et qu'ils ne seront plus harcelés.

" Or, les chrétiens refusent ce marché-là, ils restent fidèles à leur foi chrétienne. C'est bien la preuve qu'ils ne sont pas devenus chrétiens par souci de voir leur condition matérielle s'améliorer », poursuit l'évêque, qui ajoute être certain que 99 % des chrétiens qui ont accepté d'« être reconvertis » à l'hindouisme reviendront à la foi chrétienne dès que les pressions auxquelles ils sont soumis cesseront.

Au sujet des élections à venir, Mgr Cheenath veut croire qu'elles peuvent apporter une amélioration. Tout en refusant de se prononcer sur le résultat des urnes au niveau national, l'évêque rappelle que, lors de récentes élections partielles ou municipales dans l'Etat de l'Orissa, le BJP (Bhartiya Janta Party), vitrine politique des nationalistes hindous, a essuyé de sérieuses défaites. A chaque fois, ce sont des partis laïques (secular) qui ont gagné.

Aujourd'hui, la coalition BJP et BJD (Biju Janata Dal), un parti régional d'inspiration laïque, qui soutenait le gouvernement au pouvoir en Orissa, a volé en éclats et on peut s'attendre à ce que le BJD sorte renforcé des urnes et s'allie à divers petits partis laïques pour former un nouveau gouvernement, plus soucieux de la justice et du respect des minorités, explique Mgr Cheenath.

Il déplore que les personnes victimes des attaques antichrétiennes manquent toujours de tout. A cet égard, il souligne qu'il est plus facile de trouver un soutien en Occident, auprès des grands organismes caritatifs, pour des catastrophes naturelles, telles le cyclone qui avait ravagé l'Orissa en octobre 1999, que pour des violences liées à des persécutions religieuses. Mgr Cheenath se dit inquiet pour la fête de Pâques, célébré, cette année, le 12 avril, soit quatre jours avant le début des opérations électorales (qui se déroulent sur près d'un mois en Inde), et qui pourrait servir de prétexte à un coup d'éclat des groupes hindouistes. (source : EDA)


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