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du 27 au 30 avril 2009 (semaine 19)
 

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2009-04-30 -
LE NÉCESSAIRE DIALOGUE DU CHRISTIANISME ET DE L'ISLAM


" L’Islam a changé le paysage religieux en Europe. Depuis une quinzaine d’années, ce n’est plus une religion pour des gens de passage. Aujourd’hui, les musulmans ne sont plus des immigrés, mais des citoyens européens à part entière."

C'est ce qu'a rappelé le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et vice-président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), lors de la première rencontre des évêques et délégués pour le dialogue avec l’Islam en Europe, qui s'est tenue à Bordeaux.

Désormais, les musulmans représentent 3 à 4 % de la population, ce qui fait de l’Islam la deuxième religion européenne. Mais le dialogue reste encore difficile : d’une part, les chrétiens vivant dans des pays à majorité musulmane se sentent menacés ; de l’autre, des musulmans se plaignent du prosélytisme chrétien.

Par ailleurs, de nombreux délégués ont évoqué leur difficulté à trouver des partenaires musulmans « fiables » pour dialoguer. " En France, par exemple, l’Islam est pluriel et ses dirigeants fortement divisés", souligne le P. Christophe Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l’Islam (SRI). Quant aux jeunes chrétiens, dont certains associent souvent le mot « islam» à terrorisme, « ils sont nombreux à avoir peur de rencontrer de jeunes musulmans », confie-t-il.

Pour combler ce fossé entre les deux religions, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a rappelé que « l’école et l’université sont les deux choses les plus importantes pour l’avenir du dialogue islamo-chrétien». Il suggère donc que « les prêtres et les religieuses reçoivent une formation spécifique pour le dialogue avec les autres religions », mais surtout que les universités catholiques proposent des cours sur le dialogue interreligieux, et l’Islam en particulier, en évitant le double écueil du syncrétisme et du relativisme.

Mais le cardinal Tauran s’interroge sur une nécessaire réciprocité dans l’enseignement : « Les chrétiens connaissent mieux l’islam que les musulmans ne connaissent le christianisme. Le plus grand service que les catholiques pourraient rendre aux musulmans serait de les aider à former une classe d’intellectuels, pour que nous ayons des interlocuteurs. »

« Il serait souhaitable que, dans leur formation religieuse, les musulmans entendent des prêtres leur parler du christianisme », avance le P. Christophe Roucou.

Mais les choses évoluent, à l’image de la lettre de 138 personnalités musulmanes aux responsables religieux chrétiens en octobre 2007, qui a donné lieu au forum catholico-musulman de Rome, du 4 au 6 novembre dernier. À Dunkerque, par exemple, chaque année, musulmans et chrétiens se retrouvent lors de la Chandeleur pour partager des crêpes et mieux se connaître. En février, des prêtres, rabbins, imams et pasteurs se sont rencontrés en Ile-de-France pour la première fois.

En tout cas, ces deux jours de réflexion « nous ont permis de nous apercevoir que, malgré la diversité de nos situations, nous sommes confrontés à des questions communes : comment se positionner par rapport à la construction d’une mosquée, aux mariages mixtes, comment célébrer une fête religieuse dans une école catholique, lorsque la classe est composée à 80 % de musulmans ? etc. », analyse le cardinal Jean-Pierre Ricard.

Erwin Tanner, secrétaire du groupe «Iislam » de la Conférence des évêques suisses, a suggéré de mettre en place une "plate-forme pour échanger nos expériences, afin d’avoir une unité d’action au niveau européen et de montrer ce que l’Église fait, ce qui ne se sait pas." (source : CCEE)


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