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2009-05-23
CALVIN CÉLÉBRÉ DANS SA VILLE NATALE

On en attendait à peine un millier. Ils furent plus de 1500 venus à l’occasion du rassemblement des 68 Églises réformées de la région parisienne, autour de Calvin, et du culte protestant qui a été célébré dans la cathédrale de Noyon, sa ville natale.

Malgré l’anniversaire (Calvin est né ici en 1509), les organisateurs ont pris soin d’éviter l’écueil de la commémoration. À mille lieues d’une hagiographie de l’auteur de l’Institution chrétienne, la journée s’est déclinée sur le thème de « l’audace d’une parole libre. »

Entre une pièce de théâtre, une visite au Musée Calvin, ou quelques animations pour les enfants, les participants étaient invités à assister à une conférence consacrée à la « modernité de Dieu ». Pour les intellectuels présents, tous spécialistes du théologien, c’était l’occasion de dépoussiérer son image austère. « La vision populaire de “Calvin le terrible”, l’auteur de la doctrine de la prédestination, est encore très puissante, explique le philosophe Olivier Abel. Mais en réalité, son œuvre est encore profondément méconnue. Il n’est pas enseigné à Sciences-Po, par exemple, alors que sa conception de la responsabilité de l’individu a considérablement influencé l’histoire des idées politiques ! »

« Connaître et faire connaître Calvin est un vrai défi. Son image est encore très mauvaise, renchérit Olivier Millet, professeur d’histoire de la littérature, car il a passé toute sa vie à s’effacer derrière son œuvre. À tel point qu’aujourd’hui la communauté protestante de France ne se reconnaît pas dans cette figure culturelle, comme les protestants d’Allemagne peuvent se reconnaître en Luther. »

Point d’orgue du rassemblement : pour la première fois, l’évêché a accepté qu’un culte réformé soit célébré dans la cathédrale de la ville. Le P. Bruno Daniel, archiprêtre de la cathédrale, salue l’assistance : « En un seul jour, l’ouverture de la cathédrale manifeste le chemin que nous avons su faire ensemble en quarante ans d’œcuménisme. Aujourd’hui, c’est un frère catholique qui vous reçoit.»

« Cette journée est historique, lance le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France. Il y a encore quelques années, nos rapports avec l’Église catholique n’étaient pas bons. Aujourd’hui, nous nous réunissons ici dans un esprit de fraternité pour montrer notre fierté d’être protestants. C’est le signe que les choses ont bien changé dans les rapports entre nos deux confessions. »

« Notre Église est en pleine mutation, s’enthousiasme le pasteur Jean-Charles Tenreiro, président du conseil régional de l’Église réformée. En région parisienne, nous comptons énormément de communautés d’origine africaine, antillaise, malgache… L’expression de notre foi et nos habitudes de piété s’en trouvent profondément modifiées, je dirais même colorées. De quoi faire évoluer l’image un peu “guindée” qui est parfois celle des protestants. » (source : La Croix)

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