Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 9 au 15 août 2009 (semaine 33)
 

-
2009-08-15 - Honduras
LE NÉCESSAIRE DIALOGUE ENTRE TOUS LES CITOYENS

Alors qu'est réduite au silence la presse critiquant le renversement de Manuel Zelaya, le président légitime du Honduras, l'évêque de Santa Rosa de Copan déclare que c´est l´élite économique du pays qui est derrière le coup d´Etat militaire.

Dans un entretien téléphonique à l´agence de presse catholique américaine CNS,
Mgr Luis Santos Villeda, l´évêque de Santa Rosa de Copan, dans l´ouest du Honduras, affirme que le pays a besoin de dialogue entre l´élite et les citoyens pauvres et la classe laborieuse.

"Certains disent que le président Manuel Zelaya menaçait la démocratie en proposant une assemblée constituante. Mais les pauvres du Honduras savent que Zelaya a élevé le salaire minimum. C´est ce qu´ils ont compris. Ils savent qu´il prenait la défense des pauvres en partageant l´argent entre grandes et plus petites villes. C´est pour cela qu´ils descendent dans la rue, bloquent les routes principales et protestent" pour demander son retour, a-t-il déclaré à CNS.

Pour Mgr Luis Santos Villeda, il est trompeur de considérer le Honduras comme une démocratie "même avant le coup d´Etat du 28 juin". "Il n´y a jamais vraiment eu de réelle démocratie au Honduras. Tout ce que nous avons est un système électoral où le peuple a à choisir entre des candidats imposés d´en haut. Le peuple n´a pas vraiment de représentants, que ce soit au Congrès ou à la Cour Suprême, où ils sont tous choisis par les riches. Nous sommes le pays le plus corrompu d´Amérique centrale et nous ne pouvons pas parler de démocratie réelle, parce que le peuple ne participe pas à la prise de décisions", a-t-il lancé.

Contrairement à d´autres membres éminents de la Conférence épiscopale hondurienne, qui ont justifié début juillet le coup d´Etat militaire contre le président élu Manuel Zelaya et qui sont aujourd´hui étrangement silencieux, l´évêque de Santa Rosa de Copan a dénoncé publiquement, dans sa cathédrale, "le coup d´Etat du 28 juin".

Il y dénonçait le climat d´insécurité et de peur qui s´est installé dans les familles suite aux limitations des garanties constitutionnelles, notamment le droit à la liberté de circulation, à la liberté d´association, de manifestation, d´inviolabilité du domicile, droit à la propriété privée, à la liberté de presse et de diffusion des idées et des opinions, à la liberté personnelle, y compris le droit à ne pas être détenu administrativement dans les commissariats plus de 24 heures, qui se transforme en détention indéfinie, etc.

Toutes ces mesures sont contenues dans le décret sur l´"Etat d´exception" (Etat de siège) adopté par le Congrès national. "Avec ce décret, on s´approche d´une massive violation des droits de l´homme", avait souligné l´évêque dans la cathédrale de Santa Rosa de Copan.

L´évêque avait également dénoncé "la forme violente avec laquelle ont été réduits au silence Radio Progreso (l´émetteur jésuite, ndr) et d´autres moyens de communications, les détentions illégales, le bannissement de certains compatriotes, les coups et les blessures sanglantes".

En tant qu´Eglise catholique dans l´Occident du Honduras, "nous aimerions rappeler aux 124 députés du Parti Libéral et du Parti National, responsables du coup d´Etat et actuellement au pouvoir qu´ils ne sont pas les propriétaires du Honduras et que personne ne peut être au-dessus de la loi. Les députés actuels doivent se souvenir qu´ils reçoivent leur salaire de ce peuple qu´ils sont en train d´opprimer". (source : CNS et Apic)

Retour aux dépêches