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FlashPress - Infocatho
du 17 au 20 septembre 2009 (semaine 38)
 

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2009-09-20 -
LA TRANSMISSION DIVINE DES MYSTÈRES


La publication en allemand des "Opera omnia" de Joseph Ratzinger se poursuit à un rythme accéléré, avec un inédit du théologien Ratzinger, publié 'il y a 54 ans, toujours actuel, même s'il le reconnait comme dépassé sur certains points.

Ce deuxième volume de ces "Opera omnia" est sa thèse de doctorat sur saint Bonaventure et la théologie de l'histoire. Avec, à l'arrière-plan, la vision de Joachim de Fiore et d'une nouvelle Eglise entièrement "spirituelle".

L'intérêt de ce deuxième volume vient du fait qu’est enfin publié un texte de Ratzinger jusqu’à présent inédit dans sa version intégrale : la thèse qu’il a soutenue en 1955 pour l'habilitation à l’enseignement de la théologie dans les universités allemandes.

Après ses premières études sur saint Augustin, le jeune théologien Ratzinger se voit proposer de faire des recherches sur le plus augustinien des théologiens médiévaux, le franciscain saint Bonaventure de Bagnoregio, et en particulier sur ses thèses concernant la révélation divine et la théologie de l’histoire.

Ratzinger s’engage à fond dans la recherche. Il découvre chez Bonaventure un lien fort avec la vision de Joachim de Fiore, ce franciscain qui avait prophétisé l'arrivée imminente d’un troisième âge après ceux du Père et du Fils, un âge de l’Esprit, avec une Eglise rénovée et entièrement "spirituelle", pauvre, réconciliée avec les Grecs et les Juifs, dans un monde rendu à la paix.

La thèse ne plaît pas à l’un des examinateurs, le professeur Michael Schmaus. Mais Ratzinger évite l’échec en ne représentant que la seconde partie de son texte, qui n’a pas suscité d’objections. Les années suivantes, il se promet de publier une nouvelle version, mise à jour, de l’ensemble, mais n’y parvient pas. Comme cardinal, il se promet d’y travailler une fois qu’il aura pris sa retraite. Mais il est élu pape et le projet part inexorablement en fumée.

Republiée maintenant dans sa version originale et intégrale, la thèse apparaît dépassée, ici ou là, par les études ultérieures. Ratzinger le reconnaît. Mais il estime que "la question de l'essence de la Révélation, qui est le sujet du livre, a encore aujourd’hui un caractère d’urgence, peut-être même plus que par le passé".

En lisant la préface qu’il a donnée à ce deuxième volume de ses "Opera omnia", on apprend que Benoît XVI juge encore actuel le défi que Bonaventure dut relever en tant que supérieur général de l'ordre franciscain : la "tension dramatique entre les 'réalistes', qui voulaient utiliser l’héritage de saint François selon les possibilités concrètes de la vie de l'ordre telle qu’elle avait été transmise, et les 'spirituels' qui cherchaient au contraire la nouveauté radicale d’une nouvelle période historique".

Henri de Lubac, l’un des plus grands théologiens catholiques du XXe siècle, a consacré un imposant essai en deux volumes à ce qu’il a appelé "la postérité intellectuelle de Joachim de Fiore".

Selon lui, la vision de Joachim – le moine "doté de l’esprit de prophétie" que Dante a placé au Paradis – a traversé les siècles et continue à influencer largement la culture d'aujourd’hui, y compris catholique : une culture qui rêve d’"une nouvelle Eglise où l'amour doit prendre la place de la loi".

Tout le contraire de cette "Caritas in veritate" qui constitue le titre de la dernière encyclique de Benoît XVI et qui innerve tout son magistère.

Le texte français de cette préface est à lire sur le site Chiesa. (source : Chiesa)


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