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du 27 au 30 septembre 2009 (semaine 40)
 

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2009-09-30 - Honduras
L'AIDE DU VATICAN POUR SORTIR DE L'IMPASSE

Trois mois après le coup d´Etat, les putschistes au pouvoir à Tegucigalpa pourraient demander l´aide du Vatican pour sortir de la crise qui secoue le Honduras depuis le coup d´Etat politico-militaire du 28 juin dernier.

Quelques jours après le retour clandestin au pays du président renversé Manuel Zelaya - réfugié depuis le 21 septembre à l´ambassade du Brésil dans la capitale hondurienne Tegucigalpa -
le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de facto, Carlos Lopez Contreras, a déclaré que le Vatican pourrait offrir sa médiation pour trouver une porte de sortie à la crise qui isole diplomatiquement ce petit pays d´Amérique centrale.

Le 24 septembre, Mgr Juan Pineda Fasquelle, évêque auxiliaire de Tegucigalpa,
est entré en relation avec les deux principaux protagonistes de cette épreuve de force qui divise profondément le pays depuis le 28 juin dernier. Il a rendu successivement visite au président renversé Zelaya et à celui qui a usurpé le pouvoir, Roberto Micheletti, qui préside le gouvernement de facto.

Au
sortir de l´ambassade du Brésil, assiégée par les forces de sécurité honduriennes, Mgr Pineda a dit son espoir que cette visite soit un "premier pas" vers le dialogue. Un envoyé de Micheletti et quatre candidats potentiels aux élections présidentielles de novembre prochain se sont également rendus auprès du président Zelaya.

Le P. jésuite Ismael Moreno, directeur de Radio Progreso - cible de la répression des forces militaires qui ont participé au coup d´Etat - estime que ces visites étaient des signes d´espoir pour le Honduras et qu´elles pourraient indiquer la sortie de l´impasse dans laquelle l´ont précipité les putschistes il y a trois mois, et la position ambigüe de l'Église. Cette ouverture survient après des jours de protestations qui ont causé la mort d´au moins un manifestant et fait plusieurs blessés.

Selon des sources de l´Eglise hondurienne, le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga - qui a perdu beaucoup de son aura pour sa position ambiguë face aux putschistes - en a parlé a
u Pape Benoît XVI. Cette éventuelle médiation pourrait restaurer la crédibilité de l´Eglise hondurienne durement affectée par sa prise de position début juillet, qui a été largement interprétée comme un soutien au coup d´Etat de Micheletti.

Le fait que les évêques n´aient pas insisté sur le retour aux affaires du président Zelaya contraste avec la position claire de l´Organisation des Etats américains (OEA) et de la plupart des autres gouvernements démocratiques. Radio Progreso, a été fermé un moment par les soldats après le coup d´Etat. Il a de nouveau été encerclé par la police après le retour du président Zelaya lundi dernier. La population occup
e les locaux pour empêcher une nouvelle fermeture de la radio.

Le P
. Moreno estime également qu´un représentant du Vatican devrait prendre part à la médiation parce que certains évêques honduriens sont déconsidérés comme ayant été des partisans des "secteurs proches" du gouvernement putschiste.

L´exception, face à cette attitude pour le moins ambiguë, est celle de Mgr Luis Alfonso Santos Villeda, évêque de Santa Rosa de Copan, qui a publiquement critiqué la prise de position des évêques honduriens en juillet. Le 24 septembre dernier,
il a qualifié, dans un communiqué, le gouvernement de facto de "dictature militaire" et a réclamé un retour immédiat à l´ordre constitutionnel.

Pour lui, le coup d´Etat est "le résultat d´une injuste distribution des richesses, qui crée des inégalités profondes au Honduras en ce qui concerne l´accès à la nourriture, au travail, à l´éducation, à la santé, à la possibilité de s´exprimer et à la participation des citoyens".

Le missionnaire laïc américain John Donaghy, qui travaille comme vice-directeur de la Caritas du diocèse de Santa Rosa de Copan, relève que nombre de gens pensent que le problème n´est pas vraiment de savoir qui gouvernera de Zelaya ou de Micheletti, "mais la question est de refonder le pays".

De nombreuses voix s´élèvent au Honduras pour une réécriture de la Constitution, comme en Bolivie et en Equateur, avec la revendication de la mise en place d´une assemblée constituante, constante le Père Moreno. "Quelle que soit la personne qui sera élue en novembre prochain, assure
le P. Moreno, elle ne pourra éviter cette demande, qui est devenue la plus importante des revendications politiques aujourd´hui au Honduras". (source : Apic et CNS)

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