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FlashPress - Infocatho
du 22 au 24 octobre 2009 (semaine 43)
 

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2009-10-24
LES IMPRESSIONS D'UN "AUDITEUR" AU SYNODE

Publiées sur le site du diocèse du Sahara, les impressions d'un auditeur, le P. Armand Garin nous donnent une vision pleine d'humour qui relate
ce moment étonnant de la vie de l'Églis universelle. Elles méritaient qu'on vous les fasse connaître.

" Se trouver plongé du jour au lendemain dans un milieu romain, ce n’est pas évident. Mais la plupart des autres participants au Synode des évêques pour l’Afrique en étaient au même point. J’ai l’avantage de loger chez les Pères Blancs, endroit que je connaissais déjà. Claude Rault est là aussi et il y a quelques autres visages connus. Nous sommes une douzaine de participants à loger ici, membres du Synode ou auditeurs. Mais c’est le plongeon immédiat dans l’Afrique : Ghana, Nigéria, Afrique du Sud, Congo Brazzaville. On fait connaissance. Mgr Gabriel Palmer archevêque d’Accra au Ghana était venu autrefois à Annaba avec Guy Balcet et se souvient de l’ermitage de Claude Gary. Ambiance très fraternelle. Et dès le premier jour c’est la prise de contact avec les célébrations dans St Pierre : ouverture du Synode par l’eucharistie solennelle. Le badge spécial nous permet d’entrer partout. Des petits bus assurent le transport du lieu de résidence au Vatican, et retour.

" A partir du lundi 5 on prend le rythme des journées de travail dans l’aula. Chacun a sa place. Très vite il faut penser à préparer une intervention. On a parfois du mal à accoucher. Il faut parler 4 minutes : essayez d’en faire autant ! Je suis auditeur ! Les autres ont 5 minutes. On a une place fixe : cela facilite le contrôle des présents avec un boîtier ad hoc, et les résultats s’affichent sur les écrans. Les auditeurs sont dispensés du contrôle de présence. Séances plénières surtout les premiers jours : Benoît XVI est là, il rentre discrètement et commence immédiatement la prière prévue. Et puis commence le jeu des interventions des pères synodaux. Le signal sonore et la pendule sont inexorables, qu’il s’agisse d’un simple laïc ou d’un cardinal. Démocratie ? Oui, d’une certaine façon, comme dans le hall d’entrée, à la cafétéria ou dans les couloirs.

" On fait connaissance : mon voisin de gauche est un père Blanc irlandais qui travaille en Afrique du Sud, celui de droite est un frère de Saint Jean de Dieu du Sénégal. Devant, un évêque d’Afrique du Sud, derrière une sœur du Burundi. Pour la remise du texte, il faut s’adresser au secrétariat. Une demi-journée à l’avance on nous prévient du moment approximatif où l’on aura à intervenir. Je passe en dernier le vendredi soir, juste avant la conférence de M. Adada, diplomate gabonais, qui nous parle du Darfour.
" Benoît XVI est là. Je ne fais pas attention à lui mais à la pendule : j’avais repris et relu mon texte plusieurs fois pour passer dans les temps. Malgré tout je préfère ne pas lire le dernier paragraphe pour ne pas être interrompu par le signal final. Et on passe à la suite !

" Dimanche dernier, je tenais bien sûr à être dans St Pierre pour la canonisation de Jeanne Jugan, du Père Damien et de trois autres bienheureux. J’aime bien aussi le Père Damien (j’avais lu autrefois le récit de sa vie et vu un film sur lui) et mon voisin, un père de Marynhol, l’a pris comme nom de religieux. On est au bord de l’allée centrale. Cérémonie terne par rapport à la béatification de Charles de Foucauld il y a 4 ans. On nous demande de ne pas applaudir et il n’y a pas de procession solennelle des offrandes, à part le pain et le vin. A midi dix, la célébration est terminée : Benoît XVI quitte la basilique pour le balcon de l’Angélus à l’extérieur. Aussitôt c’est la cohue des cardinaux, évêques ou personnalités vers la sortie. Il y avait des responsables politiques… la sécurité a dû être dans ses petits souliers (seul le roi de Belges et le président polonais ont accompagné le pape à la tribune). Il n’y a pas qu’en Algérie qu’on se bouscule aux portes de sortie.


" Lundi on a repris le rythme des assemblées plénières. Hier on a commencé le travail en carrefour. Et c’est par carrefour que Benoît XVI nous reçoit tous tour à tour. C’était notre tour samedi 10. On passe à la file indienne. Le chef du protocole vous surveille… Je me présente. « Ah c’est vous qui avez parlé l’autre jour ! » Je luis dis que j’habite à Annaba qui est Hippone la ville de St Augustin. “Ah St Augustin !” On me tient le coude, je sens qu’il faut partir. C’est quand même un bon souvenir et il y aura des photos.

" Je dois dire un mot des interventions individuelles : ce sont elles qui donnent la température de l’ensemble. (Là je dois dire que je regrette de ne pas connaître l’anglais, même s’il y a des traductions simultanées très bien faites, avec des oreillettes qui fonctionnent).Il y a tous les styles, depuis la plus classique jusqu’à celle qui vient du cœur et vous émeut, telle cette sœur burundaise qui raconte comment elle a vécu le génocide et ensuite en visitant une prison la rencontre avec un prisonnier lui demande pardon d’avoir tué des membres de sa famille. Elle ne peut que lui pardonner. Ce témoignage est à lire intégralement. Il y en a d’autres aussi depuis le Zimbabwe jusqu’à la Corne de l’Afrique.

" Et puis ces laïcs engagés qui, en dehors du synode proprement dit, viennent parler longuement de problèmes vitaux pour l’Afrique, Mr Adada pour le Darfour et Mr Jacques Diouf directeur général de la FAO. Benoît XVI y assiste aussi. Les questions et réponses sont presque plus intéressantes que l’exposé magistral lui-même. Les évêques africains connaissent bien les problèmes cruciaux de leur continent et manifestent leur intérêt avec passion parfois. On a vraiment fait le tour de l’Afrique du Malawi à la Tunisie, de la Sierra Leone aux Seychelles. Pour n’oublier personne, quand on parle de l’ensemble on dit « l’Afrique et les Iles ».

" Mais les évêques de Madagascar quand ils parlent de leur pays ajoutent « qui est presque un continent ». (Je suis dans le même carrefour que le cardinal malgache). Tous les sujets ont été abordés : du pillage de l’Afrique à l’environnement et au problème de l’eau, mais aussi aux malades du Sida et aux paludéens, de la corruption à la nouvelle colonisation larvée par multinationales interposées et leurs complices africains, des migrants du sud vers le nord aux centaines de milliers de réfugiés au Tchad, au Darfour ou ailleurs.

" Mais on ne s’est pas contenté de parler de l’Afrique : il y a des représentants de plusieurs pays d’Europe, mais aussi d’Amérique du Nord et du Sud, et d’Asie. Chacun a fait une brève intervention. L’autre jour j’étais assis à côté d’un évêque venu d’Australie. Je ne peux les citer tous. Parfois sensation, jusqu’au vertige, que l’Eglise est vraiment universelle.

" Et puis je ne dois pas oublier ces représentants d’autres Eglises chrétiennes : le Patriarche d’Ethiopie, un évêque luthérien, le représentant du patriarche copte orthodoxe d’Egypte, un évêque méthodiste du Nigeria, et plusieurs autres. Une remarque encore : on n’est pas si mal informé par les journaux algériens sur ce qui se passe en Afrique.
Il y a aussi des moments de détente : un concert de musique avec entre autres du Mendelssohn (le pape était là aussi, c’est un mélomane), un film sur Saint Augustin qui m’a déçu… Durant les interventions il y a aussi parfois de vrais moments de fou rire contagieux même pour le pape. Dans la boîte ce matin une autre invitation à un concert… Sans compter telle ou telle invitation pour un dîner.

" Voilà j’arrête ici ce soir. Je ne pense pas vous envoyer d’autres nouvelles de ce Synode. Je sais que Claude Rault transmet sa chronique hebdomadaire. Le reste je le dirai oralement…

Annaba m’est très proche, vous le devinez. Fraternellement à chacun.

Armand Garin - Rome, 24 octobre

(source : diocèse du Sahara)



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