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du 25 au 28 octobre 2009 (semaine 44)
 

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2009-10-28 - France
PREMIÈRE SÉANCE DE L'ACADÉMIE CATHOLIQUE


Le vendredi 23 octobre a été inaugurée au Collège des Bernardins à Paris, la nouvelle Académie catholique de France, par un colloque sur le thème: "Dieu, le temps, la vie", avec le cardinal André Vingt-Trois et de plusieurs autres intervenants.

Parmi ceux-ci, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, de l'Académie Pontificale des Sciences sociales, le philosophe Rémi Brague, le professeur Dominiqe Lambert et le P. Jean Robert Armogathe, directeur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes., qui a écrit pour notre journal l'article suivant.

L'Académie catholique de France ne se présente pas comme une nouvelle organisation, mais comme un lieu de rencontres pour faire reconnaître la présence de la réflexion catholique dans la société française. Elle se compose de deux grands ensembles: un corps académique, qui réunit des personnalités d'origine diverse (artistes, théologiens, historiens, juristes, scientifiques ...) et un corps d'institutions (centres universitaires, revues, associations culturelles). En pleine croissance, elle réunit une trentaine de personnalités dans le corps académique, une quinzaine d'institutions et quelques centaines d'adhérents. Le choix de la conférence inaugurale reflète l'esprit du projet.

L'année Darwin a vu de nombreuses rencontres savantes; le collège des Bernardins, à Paris, où se tient la conférence inaugurale, a connu au début du mois d'octobre une journée d'études sur les aspects scientifiques de la théorie, ses changements et son actualité.

En arrivant à l'automne de l'année Darwin, l'Académie catholique de France a tenu à offrir une réflexion plus dégagée du strict contexte historique et scientifique, afin de répondre au défi darwinien dans les domaines de la philosophie et de la théologie. Comme l'explique le professeur Dominique Lambert (Namur), "le darwinisme est une chance pour la réflexion théologique actuelle".

Il doit permettre de penser, par la médiation d'une réflexion philosophique, une ontologie dynamique qui prenne au sérieux l'évolution, de façon à dépasser une ontologie trop statiquement conçue; ainsi on pourra reconnaître la place de la "contingence" dans la création, la place de la "souffrance" dans une philosophie de la nature et dans une théologie de la création et enfin il doit être possible de reconnaître le rôle de l'"attention au plus faible", qui se révèle un trait majeur de la différence anthropologique.

Comment l'éternité de Dieu et son immutabilité peuvent-elles s'insérer dans une œuvre de création, et en particulier dans la création instable de la vie? La continuité (comme d'ailleurs la discontinuité) du temps est inférée: chez Aristote une donnée physique (le nombre du mouvement selon l'avant et l'après) et une donnée biologique (la génération et la corruption).

La pensée biblique a posé un commencement au temps dans la création, et la pensée chrétienne a permis au temps d'accompagner l'économie du salut. On peut dire à cet égard que la Providence divine accompagne l'évolution: la création chemine vers l'état ultime pour lequel Dieu l'a voulue.

La "plénitude des temps", pour le christianisme, n'est pas la création de l'homme, elle est l'Incarnation du nouvel Adam, Jésus, c'est-à-dire l'accomplissement des promesses et des préparations (Galates 4, 4). Surtout, la foi chrétienne enseigne que Dieu a créé le monde selon sa sagesse: il convient de développer en quoi la sagesse de Dieu, et sa providence, rejoignent la temporalité de l'évolution.

Pour Thomas d'Aquin Dieu aurait pu créer un monde meilleur (Summa Theologiae i, 25, 6), mais dans sa sagesse, Dieu a voulu librement créer un monde "en état de cheminement" vers sa perfection ultime. Comme l'écrit le Catéchisme de l'Eglise catholique (n. 310), "ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l'apparition de certains êtres, la disparition d'autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions".

Il importe de tenir fermes deux distinctions: entre Darwin, d'une part, et ce qu'on appelle, de manière imprécise, le darwinisme, qui est la théorie de l'évolution, et qui a connu bien des avatars depuis son auteur (lui-même héritier de transformistes antérieurs); et également entre le christianisme que Darwin a refusé (et qui s'est opposé à lui) et les propositions doctrinales de l'Eglise catholique (de nombreux savants parmi les premiers évolutionnistes, étaient des catholiques pratiquants).

Le thème de sa conférence d'ouverture n'est pas seulement d'actualité: il se veut programmatique d'une série d'interventions permettant à la discussion de problèmes concrets de s'enrichir de l'apport d'une tradition religieuse riche, complexe et diversifiée. Cette initiative entre parfaitement dans la reconnaissance d'une laïcité ouverte telle qu'elle se met en place en France, où les croyants peuvent en tant que tels demander leur part du forum public. (source : Bernardins)


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