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FlashPress - Infocatho
du 5 au 8 novembre 2009 (semaine 45)
 

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2009-11-08 - Sri Lanka
DERRIÈRE DES BARBELÉS QUI ONT BRISÉ LEUR TRADITION

Plusieurs milliers de réfugiés tamouls ont célébré la messe des défunts derrière des barbelés, messes organisées à l’intérieur des camps, où, depuis la défaite militaire des Tigres tamouls, ils croupissent par centaines de milliers.

Selon le témoignage des huit prêtres catholiques du diocèse de Mannar qui ont été autorisés à pénétrer dans les camps pour célébrer la messe ce jour-là, l’état d’esprit des personnes déplacées était partagé. Pour une part, les fidèles étaient tristes d’être tenus éloignés des tombes de leurs proches, en ce jour où il est de tradition d’aller prier dans les cimetières. Pour une autre part, ils étaient soulagés de pouvoir prier pour ceux qui ont trouvé la mort dans la guerre civile qui a opposé durant un quart de siècle les forces armées de Colombo à la rébellion tamoule.

En 2008 et 2009, l’aggravation du conflit avait eu pour effet de prendre au piège 250 000 personnes sur un territoire d’une surface de 250 kilomètres carrés. Après la mort du chef des Tigres tamouls, Velupillai Prabhakaran, le 18 mai 2009 et la fin des hostilités, l’armée sri-lankaise n’avait pas autorisé ces personnes déplacées à regagner leurs villages. Au contraire, celles-ci avaient été parquées dans 41 camps pour y être soumises à une procédure de « filtrage » mise en place par les forces de sécurité.

Lorsque le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a visité certains de ces camps en mai dernier, il a déclaré :
"J’ai voyagé dans le monde entier et visité des endroits similaires, mais je n’ai jamais vu de scènes aussi effroyables."

Dans le camp d’Arunachalam, un relativement vaste espace avait été dégagé pour l’occasion, une simple table recouverte d’un linge blanc faisant office d’autel. Conformément à la tradition, les personnes ayant connu un deuil pendant l’année ont été invitées par le prêtre à inscrire le nom du défunt sur un livre ; pas moins de 1 500 noms ont été inscrits.

Les catholiques ont connu là un terrible sentiment de frustration
. Dans un pays où il est de coutume de passer toute la journée du 2 novembre dans les cimetières, pour nettoyer les tombes, les fleurir, prier et brûler de l’encens, « une tradition catholique a été brisée ».

A ce jour, sur les 270 000 personnes retenues dans les camps, seules 50 000 ont été autorisées à retourner chez elles.

Pour les ONG présentes sur le terrain, la situation devient de plus en plus inquiétante.
"Il est temps de libérer la population civile détenue dans les camps. La communauté internationale doit refuser de nouvelles promesses qui ne seront pas tenues", estime Brad Adams, directeur de la section Asie de Human Rights Watch.(source : EDA)

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