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du 19 au 22 novembre 2009 (semaine 47)
 

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2009-11-22 - Chine
ILS NOUS DÉCOUVRENT CE QU'EST LEUR MINISTÈRE SACERDOTAL

Publiée le 16 novembre en anglais, italien et chinois sur les sites Internet de Fides, et de Radio Vatican, la lettre du cardinal Tarcisio Bertone aux prêtres chinois a très rapidement trouvé son chemin jusqu'en Chine populaire.

Quatre jours après sa publication, "Églises d'Asie" pouvait regrouper les informations des deux agences spécialisées : Ucanews et Asianews, ce qui nous permet de savoir son impact sur ses destinaires qui disent l'étudier avec attention.

Le document insiste sur l'importance, pour l'Eglise catholique en Chine, de la réconciliation au sein même de la communauté catholique et redit aux prêtres que c'est dans l'Eucharistie qu'ils trouvent la force d'accomplir pleinement leur ministère sacerdotal ; les évêques sont également invités à s'assurer que la formation initiale et la formation permanente du clergé sont adaptées aux besoins du moment.

Interrogé par l'agence Ucanews, le P. John Li Hongwei, de la partie « officielle » du diocèse de Changsha (province du Hunan), estime que la lettre vient à point nommé et représente une aide utile pour guider les prêtres à agir conformément à l'Evangile. Le siège épiscopal de Changsha est vacant depuis maintenant neuf ans et les prêtres tendent à y travailler de manière autonome, sans beaucoup de coopération entre eux ce qui n'est pas sans causer quelques difficultés.

Pour le P. Paul Bai Chunlong, jeune prêtre du diocèse « officiel » de Jilin, le rappel fait aux évêques de veiller avec « une particulière attention » à leurs prêtres envoyés, très peu après leur ordination, seuls sur le terrain est apprécié. « Parfois, lorsque le suivi est déficient, les prêtres peuvent se trouver isolés, face à des tentations fortes et multiples », précise le prêtre, qui enseigne dans un grand séminaire du nord-est du pays.

A propos de l'accent mis dans la lettre venue de Rome sur « la réconciliation au sein même de la communauté catholique », le P. Bai pense que l'initiative doit venir des évêques eux-mêmes, qu'ils appartiennent à la partie « clandestine » ou à la partie « officielle » de l'Eglise. « Trois de mes camarades de classe, de l'époque de l'école primaire, sont devenus prêtres « clandestins » et, longtemps, nous avons perdu contact. "Aujourd'hui, nous nous appelons au téléphone et nous nous rencontrons régulièrement", témoigne-t-il.

Dans le Fujian, le P. Jean-Baptiste qu est prêtre « clandestin » du diocèse de Mindong, dit apprécier tout spécialement le souci exprimé par le cardinal Bertone pour les prêtres chinois. Tant le clergé que les laïcs sont aujourd'hui imprégnés du monde dans lequel ils vivent, « un monde très sécularisé », et il est donc bienvenu de mettre l'accent sur la nécessité de renforcer la formation spirituelle.

Il souligne qu'une grande part du clergé chinois a reçu une formation intellectuelle et spirituelle légère, voire incomplète. Interrogé par l'agence Asianews, un évêque âgé d'une quarantaine d'années souligne les conséquences de ce manque de formation : "Certains prêtres sont toujours accaparés par leur ordinateur et Internet et manquent à leur mission d'apporter un soutien spirituel aux laïcs. Quant à nous, les jeunes évêques, nous ressentons le besoin d'une formation complémentaire mais nous ne savons pas toujours où nous adresser."

De plus, du fait de l'absence d'ordinations sacerdotales durant trente ans, l'Eglise de Chine présente la particularité suivante : parmi les quelque 3 000 prêtres et évêques (« clandestins » et « officiels » confondus), on compte un groupe, qui va en s'amenuisant, de personnes très âgées et un groupe, peu à peu prédominant, de personnes jeunes (des prêtres et évêques âgés de 30 à 50 ans). Ces écarts d'âges, note le prêtre « clandestin » de Mindong, ne sont pas neutres : les évêques âgés tendent à ne plus avoir l'énergie suffisante pour diriger les jeunes prêtres et les évêques jeunes trouvent délicat de se faire respecter par des prêtres qui ont le même âge qu'eux.

Selon le P. Chen Xiaofeng, doyen des études au grand séminaire de Shijiazhuang, dans le Hebei, la lettre du cardinal Bertone apporte un soutien à toutes les initiatives visant à renforcer la formation spirituelle dans l'Eglise. Ce n'est pas parce que le nombre des vocations va en s'amenuisant en Chine que les critères qui président au recrutement des séminaristes doivent être abaissés. Le discernement des vocations est crucial, souligne-t-il, si nous ne voulons pas que, sur un plan spirituel, une formation mal adaptée au séminaire aboutisse à l'ordination de prêtres qui n'agiront pas selon les exigences du ministère dont ils sont revêtus. (source : EDA)


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