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du 4 au 7 décembre 2009 (semaine 49)
 

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2009-12-07 - Philippines
LA LOI MARTIALE INDISPOSE L'ÉPISCOPAT

Le 5 décembre, la province de Maguindanao a été placée sous le régime de la loi martiale, justifié, selon le gouvernement philippin, par le risque d’une rébellion dans cette province, mais les évêques émettent de nombreuses réserves.

Après l’arrestation d’Andal Ampatuan Sr, le chef du clan qui tient la plupart des postes électifs de la région, la décision a été largement commentée dans l’archipel et, au sein de l’Eglise catholique, des évêques ont exprimé leurs doutes quant à son opportunité, tandis que d’autres l’approuvaient tout en émettant des « réserves ».

Le massacre commis le 23 novembre dernier à Maghuindanao est dans tous les esprits aux Philippines. Ce jour-là, 57 personnes, des civils, étaient abattues dans cette province du sud philippin où les clans politiques rivaux sont à la tête de petites armées privées et n’hésitent pas à résoudre leurs différends à l’arme à feu.

Le clan à la solde du gouverneur Ampatuan, qui dirige la province de Maguindanao depuis 2001, est fortement soupçonné du massacre des membres du convoi constitué de parents d’un rival politique, la famille Mangudadatu, et d’un groupe de journalistes.

Selon Mgr Jose Colin Bagaforo, évêque auxiliaire de Cotabato, grande ville proche de la province de Maguindanao, la loi martiale est justifiée dans la mesure où « les éléments qui concourent à une violence largement répandue » sont bien présents à Maguindanao. « Il est clair que l’ordre public est menacé, que des vies humaines sont en jeu et il faudrait ajouter à cela des éléments liés au terrorisme », explique l’évêque sur le site Internet de la Conférence épiscopale. Il ajoute que les conditions pour voir le fonctionnement normal des pouvoirs publics et de la justice ne sont pas réunies. Toutefois, il note qu’on ne peut qu’espérer que la proclamation de la loi martiale n’obéisse pas à des motifs cachés.

Parmi les évêques les plus réticents, voire carrément opposés à la décision de la présidente Arroyo, Mgr Oscar Cruz, archevêque émérite de Lingayen-Dagupan, pense que placer la province de Maguindanao sous un régime de loi martiale « est une honte, rendue possible parce que l’administration Arroyo a permis à ses alliés sur place de se transformer en seigneurs de la guerre, lourdement équipés et dotés de véritables armées privées ».

Pour Mgr Ramon Arguelles, archevêque de Lipa et ancien évêque aux armées, il est faux de dire que Maguindanao connaît une situation de rébellion. « La situation criminelle est certainement très grave, mais elle ne justifie pas la loi martiale », a-t-il déclaré.

Selon Mgr Vicente Navarra, évêque de Bacolod, l’une des difficultés de l’affaire réside dans le fait que « la perception commune est que le clan Ampatuan fait partie des protégés du gouvernement Arroyo ». Dans le même ordre d’idées, le commandant des forces armées de Maguindanao, le général Raymundo Ferrer, a admis une part de responsabilité dans la situation actuelle. Il a notamment reconnu que les autorités avaient utilisé la milice du clan Ampatuan pour contenir l’insurrection séparatiste musulmane dans la partie méridionale de l’île. « Le problème, c’est qu’ils sont devenus incontrôlables », a-t-il déclaré. (source : EDA)

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