21.02.04
- La complexité de deux réalités ecclésiales.
" Je n'ai pas d'illusions " sur le processus qui doit nous rapprocher
de la pleine communion, a affirmé le cardinal Kasper, dans une déclaration
faite à l'occasion de sa visite à Moscou. " Je sais que
cela n'est pas une tâche facile."
Et de commenter ainsi :"Je connais les réserves et les préjugés
des deux côtés, les obstacles, les difficultés, la longue histoire de
division, et tout ce qui l'a caractérisée. Néanmoins, chaque pas, même
petit, nous rapproche : un salut aimable, un geste d'amitié, un visage
souriant, une prière demandant pardon si nous avons fait une faute,
une aide à l'autre dans le besoin, tout cela peut faire des miracles.
"
Le mercredi 18 février, le cardinal Kasper, président du Conseil
pontifical pour la promotion de l'unité chrétienne, a été
reçu par le métropolite Kirill, président du Département des
relations extérieures du Patriarcat de Moscou, pour "une rencontre de
travail non officielle ", selon les mots d'Igor Vyzhanov, pro-secrétaire
pour les affaires concernant les relations entre chrétiensporte. A la
suite de quoi, le Patriarcat et le Vatican ont décidé de créer un groupe
de travail mixte orthodoxe–catholique pour régler les problèmes relationnels
qui subsistent entre les deux Eglises, notamment en Russie et en Ukraine.
"Au cours des conversations, indique le communiqué du patriarcat, on
a examiné les questions en jeu dans les relations entre l'Eglise orthodoxe
russe et l'Eglise catholique, spécialement en Russie et en Ukraine.
En particulier, le cardinal Kasper a confirmé que le Saint-Siège a reçu
la réponse écrite de l'Eglise orthodoxe russe concernant la possible
institution d'un patriarcat gréco-catholique en Ukraine, ainsi que les
réponses de toutes les Eglises orthodoxes locales sur la question".
"Le cardinal Kasper a indiqué, ajoute le communiqué, que la position
unanime des Eglises orthodoxes a été prise en sérieuse considération
par les autorités de l'Eglise catholique. La partie catholique a assuré
la partie orthodoxe que c'est le désir du Saint-Siège de renforcer davantage
les relations positives avec les Eglises orthodoxes. Les deux parties
ont convenu que, pour la solution de questions particulières dans les
relations entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique, on
devrait constituer un groupe de travail conjoint composé de représentants
des deux Eglises pour examiner de telles questions et formuler des propositions
en vue de leur solution".
Participaient à cette rencontre Mgr Antonio Mennini, représentant du
Saint-Siège auprès de la Fédération de Russie, Mgr Brian Farrell, secrétaire
du Conseil pontifical pour l'unité, le P. Jozef M. Maj, de ce même conseil,
les vice dirigeants du département orthodoxe concerné, l'évêque Mark
d'Egoryevsk et l'archiprêtre Vsevolod Chaplin, ainsi que le P. Igor
Vyzhanov, pro-secrétaire pour les affaires concernant les relations
entre chrétiens.
Les solutions ne sont en effet pas si simples. La question du "territoire
canonique", soulevée par l'Eglise orthodoxe met en cause,
non seulement une prérogative "canonique", mais un
donné théologique en ce qui concerne le sens même
à donner à l'"Eglise-soeur" en tant que présence
ecclésiale plénière de l'Eglise universelle : "un
seul évêque en un même lieu".. D'ailleurs tous
les patriarcats orthodoxes ont été très attentifs
de ne jamais créer ou d'établir un "siège
épiscopal" reprenant la juridiction d'un siège épiscopal
de l'Eglise catholique romaine. Le métropolite grec orthodoxe
résidant à Paris n'est pas "évêque de
Paris."
De son côté le siège patriarcal de Rome a été
attentif à ne pas nommer un "évêque de Moscou",
mais de la "Russie d'Europe du Nord des Latins" selon les
termes du 11 février 2002.
La question de la création d'un patriarcat gréco-catholique
à Kiev, en Ukraine, est plus complexe. Au cours des siècles,
il n'y eut jamais de patriarcat ni à Kiev ni en Ukraine. Dans
les premiers temps, Kiev était une métropole relevant
du patriarcat de Constantinople. Les invasions mongoles ont fait déplacer
le siège métropolitain de l'Eglise à Vladimir puis
à Moscou. Ce n'est qu'en 1589 que Moscou devint patriarcat. Quant
à la métropole gréco-catholique de Lviv, elle ne
fut jamais "patriarcat" dans cette région qui connut
tant de souverainetés politiques différentes : autrichienne,
hongroise, polonaise et russe.
Les évêques, les prêtres et les fidèles catholiques
d'Ukraine ont témoigné de leur foi, jusqu'au martyre,
durant la période soviétique. Les nombreux émigrés
ukrainiens des Etats-Unis et du Canada ont été d'un grand
soutien au moment de la chûte de l'empire soviétique et
de l'indépendance, pour le rétablissement de l'Eglise
gréco-catholique dans la partie occidentale de l'Ukraine. Aujourd'hui,
dans son dynamisme, elle souhaite être reconnue à part
entière en tant qu'Eglise catholique orientale. Elle relève
d'ailleurs de la Congrégation pontificale pour les Eglises orientales.
Au sein des instances romaines, existent divers courants à ce
propos. Les uns font pression pour une telle reconnaissance patriarcale.
D'autres au nom de l'histoire, du statut canonique ou de l'Unité,
la récusent.
Le cardinal Kasper a toute la confiance de Jean Paul II. L'agence de
presse russe "Itar-Tass"relève que le cardinal Kasper
a déclaré que "l'opinion unanime des Eglises orthodoxes a été sérieusement
prise en compte par les responsables de l'Eglise catholique romaine",
ajoutant que "le Vatican souhaite préserver et développer de bonnes
relations avec les fidèles orthodoxes russes."
D'ailleurs, on ne connait pas les termes du document remis à
l'Eglise orthodoxe par le Vatican s'ils précisent ou non la création
d'un patriarcat "uniate" - comme une revendication des catholiques
ukrainiens de rite oriental à étudier ou comme un projet déjà approuvé.
Cependant, plusieurs réactions des dignitaires orthodoxes contiennent
des appels au Vatican à ne pas commettre "un acte extrêmement hostile
à l'égard de toute l'Orthodoxie", comme le dit Bartholomée Ier,
le Patriarche oecuménique de Constantinople, comme si la décision finale
n'était pas encore prise. (source : fides/vis/itar-tass)
Pour plus d'informations s'adresser à : Itar-Tass
et Fides
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