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03.03.04 - Rwanda : Les fidèles remplissent les églises.

Malgré les massacres perpétrés dans les églises durant le génocide de 1994, les fidèles ne les désertent pas, même si leur foi en a été ébranlée car les auteurs étaient parfois des gens d'Eglise.

L'organisation non gouvernementale "African Rights" veint de publier un rapport intitulé "Death, Despair and Defiance", où elle rappelle que des dizaines de milliers de croyants ont été massacrés dans des églises, parfois avec l'implication de certains membres du clergé.

Lors des pogroms anti-tutsis de 1959 et de 1962 au Rwanda, les Tutsis qui s'étaient réfugiés dans des églises ont eu la vie sauve. Trois décennies plus tard, ils ont donc afflué par dizaines de milliers dans des églises pour tenter d'échapper à leurs bourreaux. Mais, cette fois-ci, pour y mourir, déchiquetés par des grenades, brûlés vifs ou écrasés par des bulldozers. "Plus de citoyens rwandais sont morts dans des églises et des paroisses et des écoles attachés à une église, dit ce rapport.

Il cite par exemple le cas de l'église de Notre-Dame de la Visitation, dans la province de Kibuye, où les 2.000 personnes qui s'étaient réfugiées à l'intérieur ont été écrasées par des bulldozers en avril 1994. Aujourd'hui on a toutefois improvisé une nouvelle église faite de poutres et de bâches.

A l'église de la Mère-de-Dieu à Kibeho, plusieurs milliers de tutsis ont trouvé la mort quand les miliciens hutus ont mis le feu au toit de paille, une partie du bâtiment a été de nouveau transformée en lieu de culte. La sacristie qui abrite les crânes des quelque victimes est devenue mémorial du génocide et reste donc sous contrôle du gouvernement.

A la suite de ces événements, de nombreux chrétiens se sont convertis à l'Islam après le génocide, motivés par le fait que les Musulmans se sont, en général, mieux comportés que les chrétiens, catholique notamment, lors des massacres de 1994. Mais neuf habitants sur dix, sur une population globale de huit millions, sont toujours chrétiens.

Ce chiffre cache toutefois une situation complexe. On trouve à la fois des gens dont la foi a été ébranlée sans toutefois avoir été détruite, d'autres qui ont su se convaincre que l'Eglise n'y était pour rien dans les massacres et d'autres, enfin, qui ne sont pas forcément croyants mais qui restent attachés aux structures sociales mises en place par les EEglises au Rwanda.

"Nous sommes dans un pays où l'Eglise joue, du moins en partie, le rôle que jouerait le gouvernement ailleurs, notamment pour l'éducation et les soins", a pour sa part estimé une jeune femme qui travaille dans des projets de réconciliation inter-communautaire dans les campagnes rwandaises. Et d'ajouter: "il est normal que les gens s'accrochent à l'église. Ca ne signifie pas nécessairement que tous ont la foi". (source : allafrica)

Pour plus d'informations s'adresser à : African Rights

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