17.05.04
- RD Congo : La mémoire du cardinal Malula.
A l'occasion du 15e anniversaire de la mort du cardinal Malula, (1917-1989),
deux journées de réflexion ont été organisées autour
du thème : " La jeunesse kinoise, un défi pour l'avenir, lecture de
la pensée du cardinal Malula".
Premier curé noir à la paroisse Christ-Roi de Kinshasa, il devint évêque
puis archevêque de Kinshasa en 1964 et cardinal en 1969. Grande
était sa personnalité pastorale et spirituelle. Il fut
un ardent défenseur de l'introduction des traditions africainces
dans la liturgie, malgré les oppositions vaticanes, qui acceptèrent
quelques concessions, costumes et danses, qui furent vécues par
Jean Paul II lors de ses visites de 1980 et 1985.
Deux axes ont été étudiés durant ces journées
: la formation intellectuelle prônée le cardinal Joseph Malula et la
formation humaine. Il convient de signaler que le cardinal Malula prônait
la promotion de la femme. Parmi ses réalisations sociales, on compte
le complexe scolaire cardinal Malula, l'hôpital Saint-Joseph, la congrégation
des religieuses Thérésiennes.
Le cardinal s'opposa très vite au président Mobutu. En
septembre 1971, le gouvernement ordonna l'étatisation de l'Université
Catholique Lovanium de Kinshasa ainsi que l'Université Libre du Congo,
une université protestante à Kisangani. Cette étatisation s'accompagna
d'une fusion de ces deux universités avec l'université d'Etat de Lubumbashi,
ce qui donna une nouvelle structure académique dénommée "Université
Nationale du Zaïre" (UNAZA).
L'étatisation de l'université catholique constitua l'apogée de l'épreuve
de force du régime face à l'autorité ecclésiastique. En tout cela, un
esprit anti-régime se dessinait de plus en plus parmi les responsables
catholiques. Toutefois, certains évêques se montraient prudents et réservés.
Le cardinal Malula parut comme le chef de file des prélats ouvertement
mécontents du régime mobutiste.
Dans un article de l'hebdomadaire catholique, Afrique Chrétienne, il
publia un article le 26 janvier 1972 qui fit grand bruit. "Il ne
s'agit plus aujourd'hui, écrivait-il, de nous procurer l'ephémère
satisfaction de réclamer à grands cris qu'on reconnaisse notre droit
d'être nous-mêmes et de nous amuser à saccager notre passé de colonisés...
Il faut passer aux actes et imposer par des réalisations de tous ordres
notre dignité d'hommes africains. La question n'est pas de brandir des
slogans sur notre originalité, nos valeurs... mais bien de mettre en
oeuvre, aux yeux du monde cette originalité et ces valeurs."
L'hebdomadaire catholique fut saisi et frappé d'interdiction. Cette
mesure s'étendit à toute littérature religieuse sans distinction de
confession. La crise entre les autorités catholiques et le régime mobutiste
était alors à son comble. Cependant, Mobutu, qui reconnaissait la puissance
de l'Église Catholique dans le pays, répéta dans plusieurs de ses discours:
"Je ne suis pas contre l'Église Catholique, je suis contre l'individu
Malula."
Le cardinal Malula devint alors la cible privilégiée du pouvoir. Il
fut l'objet de brutalités avant d'être dépossédé de sa résidence. En
1972, il s'exila en Belgique. Pendant son absence, une campagne radiodiffusée
battait son plein contre "le cardinal diabolique" et "le caméléon."
Il ne revint au pays que grâce à la négociation des diplomates du Vatican.
De retour au pays, Malula s'intéressa plus à la théologie qu'à la politique.
Il réussit à élaborer une liturgie africaine en utilisant la langue
du peuple, le lingala. Il lança une expression qui, depuis lors, est
restée célèbre: "Hier les missionnaires étrangers ont christianisé l'Afrique,
aujourd'hui les négro-africains vont africaniser le christianisme."
Au cours de la même année (1974), Malula installa officiellement les
"Bakambi" ou "Gardiens." Ce sont des laïcs qui, après avoir reçu une
formation appropriée, sont affectés comme responsables des entités ecclésiastiques.
Le cardinal Malula est considéré comme l'un des fondateurs de la théologie
africaine. Il mourut en 1989, officiellement des suites d'une hypertension,
mais il est probable que c'était pour des raisons politiques. Beaucoup
croient qu'il a été empoisonné par des émissaires de Mobutu. (source
: allafrica)
Pour plus d'informations : Allafrica
Retour
|