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3 et 4 novembre 2004 (semaine 45)
 
04-11-04
LA LA GOURMANDISE EST-ELLE VRAIMENT UN PÉCHÉ ?

Chefs cuisiniers, hommes politiques, historiens, écrivains, humoriste et même créatrice de mode signent un livre intitulé "Supplique au Pape pour enlever la gourmandise de la liste des péchés capitaux", relayant Lionel Poilâne, le célèbre boulanger décédé il y a deux ans qui en avait été l'initiateur.

Lionel Poilâne avait créé en 2002 l'association "De la question gourmande" et décidé de mener sa requête jusqu'à Rome, devant le pape Jean-Paul II. Décédé brutalement le 31 octobre 2002, c'est sa fille aînée Apollonia qui avait remis au Vatican en janvier 2003 la supplique rédigée par son père.

Dans son texte daté du 9 octobre 2002, Lionel Poilâne écrivait notamment: "Avec humilité, nous vous demandons, très Saint-Père, sachant que la suppression d'un des sept péchés est inconcevable, de modifier sa traduction dans la langue française". Le boulanger suggérait de remplacer le mot gourmandise par "gloutonnerie".
La référence à la gourmandise n'existe qu'en français, soulignait-il, rappelant qu'en anglais, en italien, en espagnol ou en allemand, le mot utilisé pour ce péché capital correspond à "gloutonnerie" ou "goinfrerie".

Dans ce livre, paru aux éditions Anne Carrière, i
ls sont 28 à signer des lettres dont les chefs Paul Bocuse et Alain Ducasse, les députés André Santini, Jacques Godfrain et Olivier Dassault, l'écrivain Irène Frain, la créatrice de mode Sonia Rykiel, l'humoriste Jean Amadou ou le pilote automobile Henri Pascarolo.

En mars 2003, "Aujourd'hui Saint Roch", le bulletin de la paroisse au coeur du Paris gourmand, avait accompagné cette demande d'une très sérieuse étude sur la gourmandise selon le théologien saint Thomas d'Aquin. Il y est dit :

"Si vous cherchez la gourmandise chez le grand théologien qu’est saint Thomas d’Aquin, vous trouverez difficilement ce terme. Il en traite dans la question 141 de son imposante "Somme théologique" à propos de la tempérance. Il y consacre l’équivalence de 12 pages. Il y fait appel à saint Augustin et à saint Ambroise, pour nous dire où doit se situer la vraie gourmandise."

"Dans la tempérance, remarque saint Thomas d'Aquin, c’est surtout la sérénité de l’âme qui est considérée et recherchée."..."La tempérance appartient à la grâce de la modération." Mais il ne refuse pas que, dans cette modération, nous éprouvions de grands plaisirs. Et pour lui, le plaisir n’est pas une faute.

"Comme le plaisir, tient à dire le théologien, accompagne l’acte qui s’accorde avec la nature, les plaisirs sont d’autant plus intenses que les actes qu’ils accompagnent sont plus naturels. Ce qui est par dessus-tout naturel aux êtres vivants, ce sont les actes par lesquels se conserve la nature de l'individu : le manger et le boire, d'une part, et d'autre part la nature de l'espèce, par l'union de l'homme et de la femme. Voilà pourquoi les plaisirs de la nourriture et de la boisson et les plaisirs sexuels sont proprement l'objet de la tempérance. "

"C’est la déviation de la nature et des lois de cette nature qui est faute et péché. Modération et tempérance sont les conditions même d’une vie saine et d’une vie qui corresponde aux dons que Dieu nous fait."

Saint Thomas d’Aquin est même très précis : "Au goût appartient le discernement des saveurs qui contribuent au plaisir de la nourriture... Les plaisirs raffinés consistent premièrement dans la substance même de l’aliment mais secondairement dans la saveur exquise et la préparation des nourritures." (source et information : Saint Roch)

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