Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
15 et 16 décembre 2004 (semaine 51)
 

-
04-12-16 -
L'ÉVÊQUE DES SABLES ET DU SAHARA

Le jeudi 16 décembre, à Alger, le Père Claude Rault, religieux des missionnaires d’Afrique, les Pères Blancs, originaire de Normandie a été ordonné, évêque de Laghouat, dans le Sahara algérien où il a vécu pendant 20 ans dans une oasis saharienne : 2 millions de km2 et quelques dizaines de chrétiens.

Une longue histoire d'amitié spirituelle avec le peuple algérien, une histoire qui mérite d’être connue. Il a été ordonné évêque par Mgr Michael Fitzgerald, Père Blanc lui aussi et président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, assisté de Mgr Henri Teissier, archevêque d’Alger, et de Mgr Yeh Sheng-Nan, nonce apostolique, dans le lieu d’origine de la société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) fondée par le cardinal Lavigerie : Notre-Dame d’Afrique, à Alger.

Durant vingt années, il a arpenté ce diocèse de sable et de cailloux grand comme quatre fois la France. Durant dix ans, il a vécu à Ghardaïa, siège actuel de l’évêché, qu’il rejoindra dès le dimanche 19 décembre. "Le service qui m’est confié me permettra de continuer à cheminer avec le peuple algérien qui est au Sahara, à œuvrer avec une toute petite Église, insignifiante, pauvre en moyens et en nombre, à vivre la grande aventure de la rencontre, du dialogue des différences vécues au quotidien, de l’amour au-delà des frontières, de la solidarité dans le bon voisinage et le travail pour un monde plus humain, et donc plus à l’image du désir de Dieu."

Dixième d’une famille de 13 enfants (sept filles et six garçons), il a beaucoup «reçu» de ses parents, petits agriculteurs et très croyants, qui lui ont enseigné la liberté intérieure et l’ont toujours soutenu dans sa vocation. Seul de la famille à pouvoir faire des études secondaires, il saura d’ailleurs toujours puiser dans cette éducation et dans cet amour la force de tenir bon dans ses choix.

Deux ans après son ordination sacerdotale, il est nommé directeur adjoint du Centre de formation professionnelle des Pères Blancs à El-Harrach, près d’Alger, il y épaule les jeunes Algériens dans leur «désir de travailler à ce pays qui naissait». La nécessité d’étudier l’arabe et l’islamologie à Rome puis au Centre des Glycines à Alger, ainsi qu’une tuberculose, l’éloigneront pourtant un temps du pays auquel, déjà, il se sent lié. Il y reviendra en 1975.

Un an plus tard, il rejoint la communauté de Touggourt et trouve un poste de professeur d’anglais dans un collège public de jeunes filles. "Le directeur de l’établissement était l’imam de la mosquée, se souvient-il. L’équipe enseignante était jeune. Nous avions des échanges respectueux sur nos expériences de foi respectives." Dès cette date, il est en contact intense avec les Pères trappistes de Tibhirine et Christian de Chergé.

En 1979, il quitte pourtant à nouveau l’Algérie pour se rendre au Proche-Orient – à Jérusalem et au Liban – suivre des études bibliques et travailler l’arabe littéraire. Quand il revient un an plus tard à Ghardaïa, faute de pouvoir enseigner, il «descend», comme il dit, de son estrade pour devenir apprenti. "Pendant trois ans, raconte-t-il, des jeunes artisans m’ont appris la fabrication de plateaux ciselés en cuivre. Ils m’ont permis de découvrir autrement cette société qui m’accueille." En 1987, nommé vicaire général du diocèse de Laghouat, il consacre son temps à sillonner cet océan de sable, soucieux principalement de la formation permanente et de l’animation spirituelle de la petite vingtaine de communautés chrétiennes.

En 1994, appelé à rejoindre l’équipe du noviciat des Pères Blancs à Fribourg (Suisse), puis à Bobo Dioulasso (Burkina Faso), il doit à nouveau quitter le pays. Un départ qu’il vit comme un «arrachement» : l’Algérie est alors en pleine crise, et l’Église dans la tourmente. Il y revient en 1999, nommé provincial des Pères Blancs du Maghreb, et prenant son bâton de pèlerin pour visiter, animer, soutenir leurs communautés.

"J’avais écrit sur mon image d’ordination sacerdotale la phrase de l’apôtre Paul : “Nous ne sommes, nous, que vos serviteurs pour l’amour de Jésus”. "Je n’ai rien à en changer, confie-t-il. Le diocèse qui m’est confié ne me permettra pas beaucoup d’ambitions. C’est à la fois le plus étendu et le plus petit du monde : 2 millions de km2, avec quelques dizaines de chrétiens (dont 25 prêtres et religieux, et 35 religieuses), surtout des "pétroliers" éparpillés parmi 3 millions de musulmans. D’eux aussi je me sens l’humble serviteur, pour l’amour de Jésus." (source et information : Pères Blancs)

Retour aux dépèches