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2007-03-14 -
L'ÉGLISE RUSSE ET LA JUSTICE SOCIALE

L'Église orthodoxe russe a participé du 5 au 7 mars 2007, à Moscou, à la 11e session du Congrès russe mondial, dont le thème choisi cette année portait sur " Richesse et pauvreté : défis historiques pour la Russie ".

Le Congrès russe mondial est une organisation politico-culturelle créée en 1994, mais qui s'est depuis transformée en un forum d'idées sur les questions de société.

L'ouverture du congrès de 2007 s'est déroulée sous la présidence du patriarche de Moscou Alexis II, qui a déclaré, dans son allocution, que la justice sociale était au centre des préoccupations de l'Eglise russe : " La Russie sera-t-elle capable de poursuivre sa renaissance spirituelle ou, en recherchant exclusivement la multiplication des richesses matérielles, sombrera-t-elle dans la décadence spirituelle et, ainsi, dans une nouvelle crise politique, économique et écologique ? ", s'est-il interrogé.  " Pour vaincre la pauvreté, nous avons besoin de construire une économie orientée sur des critères éthiques et de mettre en place un système  de responsabilité sociale ", a-t-il poursuivi, avant d'appeler " l'Etat, l'Eglise, les entrepreneurs et la société " à se mobiliser pour " qu'il y ait moins de personnes pauvres, humiliées, désespérées, parmi nous ".

La première journée s'est déroulée dans la salle des conciles, sous la basilique du Christ-Sauveur, et la seconde au monastère Saint-Daniel, siège officiel du patriarcat de Moscou. Parmi les quelque deux mille invités qui participaient au congrès, on notait la présence de représentants des autorités et des milieux politiques, dont Georges Poltatchenko, représentant plénipotentiaire du président Poutine pour le district administratif du Centre de la Fédération de Russie, des délégations des principales confessions chrétiennes et religions de Russie.

Les travaux du congrès se sont articulés autour de cinq sections thématiques : " Les ressources naturelles. Les perspectives de développement économiques de la Russie ", " Les hommes — un potentiel de force, de puissance et de prospérité pour le pays ", " La pauvreté en Russie, ses causes spirituelles et matérielles et les moyens pour la combattre ", " L'orthodoxie comme instrument de coexistence entre les peuples d'Europe orientale et de prospérité de la civilisation russe ", " La culture russe comme facteur d'unité de l'Etat et de la société ".

Dans son discours en séance plénière, le métropolite Kirill, responsable du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a mis l'accent sur la crise de la société russe, où 20 % de la population, selon des statistiques officielles, vit en dessous du seuil de pauvreté.  Comme réponse à la pauvreté, le métropolite Cyrille a prôné la modernisation qui " n'a pas d'autre alternative ". Il a toutefois souligné que " la modernisation ne doit pas se réduire à une occidentalisation ".

Dans l'histoire de la Russie, a-t-il dit, " toutes les réformes qui étaient basées sur l'adoption de modèles européens se sont avérées des solutions bâtardes ", car le plus souvent elles étaient imposées par le haut à un pays qui n'en voulait pas. C'est pourquoi, dans l'élaboration des réformes actuelles, il faut tenir compte de ce qui constitue l'identité russe et, pour le métropolite Cyrille, cet élément, c'est l'orthodoxie. La modernisation ne doit se faire qu'en partant des " valeurs de la tradition spirituelle et culturelle nationale ", a-t-il poursuivit, avant de constater qu'" apparemment, aujourd'hui, nous sommes proches d'un consensus national en ce qui concerne ce que l'on pourrait appeler une idée nationale ". 

Autre intervention remarquée, celle de l'archevêque Marc (Arndt) qui a parlé de la signification pour la Russie moderne de l'acte d'établissement de la communion canonique entre le patriarcat de Moscou et l'Eglise russe hors-frontières, qui doit être signé le 17 mai 2007, à Moscou. S'interrogeant sur ce que peut apporter le retour dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe d'" une poignée d'émigrés ", il a estimé que s'ouvrait là une possibilité remarquable pour la Russie et son Eglise de disposer à l'étranger d'une structure déjà bien intégrée et qui pourra défendre leurs intérêts, en servant de " trait d'union " entre la Russie et l'Occident.

A l'issue de leurs travaux, les participants au congrès ont adopté  une résolution sur le thème général du congrès qui appelle les dirigeants politiques et économiques russes à défendre résolument les intérêts de leur pays à l'étranger et à investir en Russie. Elle demande notamment que le nouvel accord de fourniture énergétique à l'Union européenne soit renégocié au profit de la Russie. Cette résolution dénonce la mentalité de " la majorité des entrepreneurs [russes] " qui sont invités à " réorienter leurs modes de vie et leur attitude à l'égard du peuple ", même si un accessit est donné à certains d'entre eux qui " ont pris conscience de leur devoir à l'égard du pays, de la société et de l'Eglise, en se sont mis à soutenir des projets caritatifs ".  (information : SOP)  

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