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du 8 au 14 juillet 2007 (semaine 28)
 

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2007-07-14 -
LA TURQUIE REFUSE AU PATRIARCHE LE TITRE D'OECUMÉNIQUE

Le 26 juin, quelques jours avant la rencontre des représentants du Patriarche oecuménique à Rome pour la fête des saints Pierre et Paul, une sentence de la Cour suprême turque a porté un coup sévère à l’autorité du patriarche de Constantinople.

Elle a refusé toute valeur juridique à sa qualification d’"œcuménique".

La sentence n’a évidemment de valeur qu’à l’intérieur des frontières de la Turquie et seulement d’un point de vue juridique. Elle n’a pas d’effet sur le fondement théologique de l’autorité du Patriarche ni sur sa reconnaissance par les autres Églises chrétiennes.

Elle a cependant provoqué au patriarcat un "vif mécontentement", qui s’est manifesté dans un communiqué: "Le primat du patriarcat est depuis 17 siècles un attribut spirituel historique et honorifique dans le monde orthodoxe. Chez les chrétiens orthodoxes, le primat établit les rapports hiérarchiques et exprime uniquement un fait religieux, il a donc une valeur théologique".

La Cour suprême d’Ankara a établi que le patriarcat est simplement un organisme turc consacré au culte de la minorité grecque orthodoxe, et qu’il ne peut s’attribuer le titre "d’œcuménique" pour l’ensemble du monde orthodoxe.

Le verdict a été émis à l’occasion du recours introduit par un prêtre turc orthodoxe, d’origine bulgare, que le patriarcat avait relevé de ses fonctions dans une paroisse en raison d’un "comportement inadapté à ces fonctions". La Cour suprême a donné tort au prêtre mais a profité de l’occasion pour émettre un jugement politique concernant la situation juridique du patriarcat.

A l’appui de sa sentence la Cour suprême a cité le traité de Lausanne de 1923, qui avait classé le patriarcat de Constantinople comme une minorité religieuse et rien d’autre.

Etant donné que, en Turquie, il est admis que la jurisprudence a force de loi, la sentence du 26 juin a été accueillie par le patriarcat avec une vive inquiétude, en raison des précédents. Par exemple, en 1974, cette même Cour suprême a refusé aux fondations religieuses des minorités orthodoxes, catholiques, etc., présentes en Turquie, le droit de posséder des bâtiments et des terrains, comme cela leur avait été permis par une loi de 1933.

Cette dernière confirmait les propriétés immobilières possédées jusqu’alors et leur accordait en outre le droit d’en acquérir des nouvelles. Avec la sentence de 1974, les fondations religieuses ont été, arbitrairement, spoliées de tous les biens acquis après 1933.

En Turquie, la communauté orthodoxe, comme la communauté catholique, continue à ne pas avoir de personnalité juridique, les ministres du culte et les évêques ne sont pas reconnus, les séminaires sont fermés – y compris l’école de théologie du patriarcat sur l’île de Chalki – et le patriarche de Constantinople doit obligatoirement être citoyen turc.

En refusant aux minorités religieuses les droits les plus élémentaires, la Turquie est en contradiction flagrante avec son désir d’être admise dans l’Union Européenne. Le jour de la Pentecôte, un mois avant que la Cour suprême ait rendu sa sentence, Bartholomée Ier a redemandé à bénéficier de la liberté pleine et entière:

"Nous ne voulons pas seulement la liberté de célébrer notre culte dans nos églises, avait-il déclaré, mais aussi la reconnaissance de tous nos droits civils, comme ils sont reconnus à nos frères et concitoyens musulmans en Turquie. Les mêmes droits dont jouissent, à juste titre, nos frères musulmans en Europe".

"Nous sentons la présence et l’appui de tous nos prédécesseurs, ces grands Pères de l’Eglise et de tous les saints de la Cappadoce. Et nous sommes attirés par le martyre que le patriarche Grégoire V a subi par amour du Christ."

Grégoire V, patriarche de Constantinople sous la domination ottomane, fut pendu en 1821 en représailles contre l’insurrection grecque.

En la fête des saints Pierre et Paul, célébrées en présence des représentants du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, les métropolites Emmanuel et Gennadios, Benoît XVI avait qualifié Bartholomée de "patriarche œcuménique", comme il le fait à chaque fois.

Dans le monde orthodoxe, chaque Église se gouverne de manière autonome. Mais une très ancienne tradition reconnaît au patriarche de Constantinople un primat d’honneur, dans la mesure où il est chargé de l’Église de l’ancienne capitale de l’Orient chrétien. Ce primat est indiqué précisément par la qualification d’"œcuménique", c’est à dire universel, étendu à la totalité de l’"œcoumène", mot grec qui indique les terres habitées par l’homme. (information : SOP)

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