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du 16 au 19 septembre 2007 (semaine 38)
 

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2007-09-19 -
QUAND BENOÎT XVI VEUT SE FAIRE COMPRENDRE

A Lorette, le Pape a partagé avec les jeunes, une phase de réflexion et de prière, mais non la phase musicale, avec des vedettes de la chanson. En août, il a refusé de recevoir la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice. Qu'en penser ?

A Notre-Dame Lorette, au cours de la veillée du samedi 1er septembre, avec 300.000 jeunes le Pape a montré comment il entend agir pour que le monde. et en particulier le monde des jeunes, puisse le voir et l’entendre. Il a participé personnellement, dans l’après-midi, à la rencontre avec les jeunes, organisée par les responsables de la pastorale des jeunes à la conférence épiscopale italienne.

Mais il a pris ses distances par rapport au scénario prévu par les organisateur. D’un côté il y avait de jeunes acteurs qui récitaient tour à tour, avec une bonne technique théâtrale mais de manière un peu artificielle, les textes, souvent tirés de la Bible, qu’avaient choisis les organisateurs.

De l’autre, il y avait le Pape qui écartait les textes préparés pour lui par les services de la curie et répondait aux questions des jeunes avec des mots spontanés, improvisés: ses mots à lui, indiscutablement, mais capables, justement pour cette raison, d’entrer dans les cœurs. Pendant qu’il parlait et disait des choses profondes, importantes, touchantes, le silence et l’attention de ses trois cent mille jeunes qui l’écoutaient étaient impressionnants.

En tout cas Benoît XVI ne paraissait pas isolé. Garçons et filles étaient en pleine harmonie avec lui. Ils racontaient leur vie, parfois dramatique, et lui posaient des questions. Près de lui se trouvait le missionnaire Giancarlo Bossi, libéré depuis peu après avoir été séquestré par des islamistes aux Philippines. Le père Bossi a parlé peu et simplement mais ses propos pouvaient faire comprendre à tous ce que signifie être un authentique missionnaire de l’Evangile de Jésus et non un assistant social ou un activiste altermondialiste.

En Autriche, Benoît XVI a fait comprendre, à travers la messe qu’il a célébrée à la cathédrale de Vienne le dimanche 9 septembre, comment il veut que l’Eglise apparaisse aux hommes au moment où elle est le plus reconnaissable: la célébration de l'Eucharistie.

Après un après-midi de réflexion et de prière, il y avait, dans la soirée, une phase musicale, avec des célébrités de la chanson.

Cette soirée musicale, transmise en direct par la première chaîne de la télévision d’État italienne, était conçue par Bibi Ballandi, manager d’artistes célèbres et grand organisateur d’événements télévisuels. C’est lui qui, lors d’une soirée semblable au cours du congrès eucharistique international de Bologne, en 1997, avait fait chanter Bob Dylan et Adriano Celentano devant Jean-Paul II, présent sur l’estrade pendant toute la durée du spectacle.

Cette fois-ci, à Lorette, il y avait Claudio Baglioni, Lucio Dalla et le groupe rock "Vibrazioni". Mais pas le Pape qui n'est pas resté présent sur l'estrade, pendant que les chanteurs se produisaient. Il priait, dans le sanctuaire. Au cours de la soirée, une seule liaison télévisée a montré le Pape, pendant quelques minutes. Elle l’a montré à genoux devant la statue de la Vierge et de l’Enfant Jésus, alors qu’il lisait une prière avec recueillement.

De la part de Joseph Ratzinger, il fallait s’y attendre. Dans un texte publié en 1998, il avait manifesté son désaccord avec ce qui s’était passé l’année précédente au congrès eucharistique de Bologne: "Bob Dylan et les autres avaient un message complètement différent de celui sur lequel le Pape s’engage"; c’est pourquoi "on pouvait douter de l’opportunité de faire intervenir ce genre de prophètes", porteurs d’un message "vieilli et pauvre" si on le compare avec celui qu’a communiqué le Pape.

Autre événement qui s'est déroulé, ou plutôt qui n'a pas eulieu, cet été quand le Pape, en vacances, a refusé de recevoir la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, au motif qu'il était "en vacances".

Le quotidien Corriere della Sera relate ainsi les faits.

Mme Rice "avait fait savoir au Vatican qu'elle avait absolument besoin de rencontrer le Pape" car elle allait de nouveau se rendre au Proche-Orient et "il ne lui aurait pas déplu de se présenter devant ses interlocuteurs avec le crédit d'un entretien avec le Pape", affirme le quotidien, sans citer ses sources.

Elle espérait que l'audience serait fixée pour début août à Castel Gandolfo, la résidence d'été des papes dans les environs de Rome, après le retour de Benoît XVI de ses vacances à Lorenzo di Cadore dans les Dolomites (nord-est de l'Italie).

Malgré "l'insistance" de Condoleezza Rice, "le protocole du Vatican a été inflexible": "Le pape est en vacances aurait été la réponse officielle".

Consolation pour la
secrétaire d'Etat : elle a cependant "réussi à parler du Proche-Orient et en particulier du Liban lors d'une conversation téléphonique mais avec le cardinal Bertone, Secrétaire d'Etat du Vatican " qui, ironie du sort, se trouvait alors aux Etats-Unis pour une réunion à Nashville.

"Le rendez-vous manqué" entre Mme Rice et Benoît XVI "a fini par avoir une signification qui va peut être au-delà des intentions du Vatican (...) Une illustration des divergences de vue sur les initiatives de l'administration Bush au Moyen-Orient", sur l'Iran et l'Irak.

Pour en atténuer l'impact, le
Corriere rappelle toutefois qu'en août le pape "tend à éviter des rencontres avec des représentants politiques, sauf exceptions". (source : VIS et corriere della sera)

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