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du 20 au 23 septembre 2007 (semaine 38)
 

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2007-09-23 -
LE NOUVEAU PATRIARCHE ROUMAIN EST UNE ESPÉRANCE


Le nouveau patriarche roumain pourrait bien transformer l’Église roumaine. Séparation de l’Église et de l’État, manque de transparence, relations avec l’Église catholique... Les chantiers ne manquent pas, et beaucoup d’espoirs reposent lui.

Le métropolite Daniel de Moldavie a été élu à la majorité des voix du Saint Synode, à savoir 95 voix contre 66. Parmi les deux courants différents auxquels appartenaient les deux candidats, l’Église a préféré l’œcuménisme au traditionalisme, c’est-à-dire une tendance réformatrice, de rapprochement envers les autres Églises et de renforcement de la mission sociale de l’Église. Le nouveau Patriarche Daniel, un homme à forte personnalité, a en effet promis de lutter pour le renouvellement de l’Église orthodoxe roumaine (BOR).

Beaucoup d’éléments ont joué en faveur du métropolite de la Moldavie : son âge de 56 ans, démontrant qu’il est là pour rester et non pas de faire office de patriarche de transition, la tradition orthodoxe roumaine, qui veut que ce soit un métropolite de la Moldavie qui dirige l’Église, mais aussi la personnalité de Daniel : il a su s’adapter avec habileté à tous les gouvernements et à toutes les autorités et surtout, il est un bon dirigeant, car la Métropolie de Moldavie est devenue, grâce à lui, la métropolie la plus riche du pays.

Quant à la dichotomie traditionalisme-œcuménisme qui existe au sein de l’Église, elle n’est pas artificielle, même si pour l’instant la balance se penche vers le renouvellement. Au contraire, on attend de fortes réactions de la part de ceux qui considèrent le nouveau patriarche comme étant trop moderniste. Il ne s’agit pas d’un petit problème des élites au sein de l’Église, mais d’une question beaucoup plus profonde, qui peut influer sur l’évolution et le fondement de cette institution au cours de la prochaine décennie.

Paul Brusanovschi, professeur d’histoire de l’Église roumaine, affirme : « La réforme de l’Église est vraiment obligatoire. Il faudrait, dans un premier temps, mettre en place une réforme constitutionnelle, pour revenir au statut de 1868 ou au moins au statut de 1925. Ces statuts prévoient l’autonomie complète face à l’État et l’autonomie corporative des structures inférieures face aux structures supérieures, par la subsidiarité, pour dépasser cet état uniforme et excessivement centralisé que nous avons aujourd’hui.

Ensuite, il faudrait mettre en place la séparation des pouvoirs, afin que les laïques aient un rôle plus important. Ils doivent réellement représente les croyants, et ne devraient pas être élus par les directions paroissiales et nommés parfois selon les intérêts de tel ou tel membre.

La réforme doit également comprendre plus de transparence au niveau de l’organisation et des décisions que l’Église prend, de sorte que la société voit qu’il existe réellement un contrôle efficace sur l’administration, ce qui augmentera la confiance des Roumains dans cette institution qui connaît un faible déclin aujourd’hui." conclut le professeur Brusanovschi.

Pour Vasile Somcutean, la BOR est une Église traditionaliste, mais elle doit s’adapter aux nouveaux contextes de vie de ses croyants. La dichotomie « traditionaliste-œcuméniste » n’est pas une notion imposée par la presse, c’est la nature et la provenance des membres du clergé qui l’ont fait ressortir. La plupart des membres de la branche œcuménique sont diplômés de lycées et d’écoles laïques, comme le métropolite Daniel, alors que les autres proviennent d’écoles monacales ou de séminaires de théologie.

Ces deux directions ont clairement été visibles dans les programmes apportés par chacun des candidats. Le métropolite Daniel affirmait dès son investiture, en 1990, que « Dieu nous appelle à l’unité, mais Dieu aime la diversité et le régionalisme a lui aussi sa valeur pour cette raison même que Dieu aime la diversité ». C’est un exemple concluant d’ouverture œcuménique, qu’il continuera certainement dans sa nouvelle qualité de patriarche.

Le nouveau patriarche est
théologien et universitaire, disciple du père Staniloae, son directeur de doctorat à l’Institut théologique de Bucarest. Il a poursuivi ses études à l’étranger : deux ans à l’Université d’Etudes protestantes de l’Université de Sciences humaine de Strasbourg, deux ans à l’Université Albert Ludwing d’Allemagne et a soutenu sa thèse à la même université de Strasbourg.

Proche des temps modernes non seulement par son âge, mais aussi par ses actions, le métropolite de la Moldavie a compris l’importance de la politique, mais pas forcément dans le sens de l’implication dans les affaires de la cité. En 2004, par exemple, il n’a pas hésité à participer à une campagne pour le référendum concernant la modification de la Constitution, ou à décorer Octav Cozmanca et le gouverneur de la Banque nationale roumaine, Mugur Isarescu avec la plus haute distinction ecclésiastique, la « Croix de la Moldavie ». (information : Orthodoxie)

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