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du 26 au 29 octobre 2007 (semaine 43)
 

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2007-10-29 -
UN ANNIVERSAIRE CÉLÉBRÉ DISCRÈTEMENT


Aucune célébration officielle pour le centenaire de l'encyclique "Pascendi". Aujourd'hui les "méthodes indignes" utilisées dans cette bataille provoquent la gêne. Mais les questions qui étaient au cœur de cet affrontement sont encore actuelles.

Pascendi Dominici Gregis est une encyclique du pape saint Pie X, parue le 8 septembre 1907, sur les erreurs du modernisme.

Dès le début de l'encyclique, Pie X affirmait qu'Il doit parler sans délai : "Les artisans d'erreurs, il n'y a pas à les chercher aujourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent et c'est un sujet d'appréhension et d'angoisse très vives, dans le sein même et au cœur de l'Église, ennemis d'autant plus redoutables qu'ils le sont moins ouvertement."

" Nous parlons, Vénérables Frères, d'un grand nombre de catholiques laïques, et, ce qui est encore plus à déplorer, de prêtres, qui, sous couleur d'amour de l'Église, absolument courts de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Église ; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité." 

Si elles sont considérées par beaucoup comme étant toujours d‘actualité, la réserve du Vatican est plutôt due à la manière dont l’Eglise a réagi concrètement il y a un siècle. Ces modalités, les autorités de l’Eglise d’aujourd’hui les juge erronées.

Pour le nouveau directeur de "l’Osservatore Romano", Giovanni Maria Vian, "Pie X a été un grand pape réformateur, qui a très bien compris quels étaient l’enjeu et les dangers pour la foi de l’Eglise dans la question du modernisme. Malheureusement, son souvenir est aujourd’hui plus lié à la manière dont le modernisme a été combattu, souvent par des méthodes indignes de la cause que le Pape entendait défendre".

Deux articles seulement ont été publiés à propos de l’encyclique "Pascendi" au cours de ces dernières semaines dans les organes de presse contrôlés par les autorités de l’Eglise: "La Civiltà Cattolica", la revue des jésuites de Rome publiée avec l’autorisation préalable des autorités du Vatican, et "Avvenire", le quotidien de la conférence des évêques d’Italie.

Dans "La Civiltà Cattolica", l’historien jésuite Giovanni Sale, a reconstitué la genèse et les développements de ce document. Il en a ainsi mis en évidence les éléments jugés les plus caducs: le schéma trop "doctrinaire", le ton trop "dur et réprobateur" et l’application "excessivement intégriste et intransigeante" qui en a été faite par la suite.

Le P. Corrado Pizziolo, professeur de théologie et vicaire général du diocèse de Trévise, celui où est né saint Pie X, choisit une autre approche dans "Avvenire".

"La condamnation décrétée par le magistère anti-moderniste concerne non pas l’exégèse scientifique en tant que telle, mais l’opposition déclarée, que professe le modernisme, entre la foi et l’histoire, entre l’exégèse théologique et l’exégèse scientifique". Cette opposition "s’impose encore aujourd’hui comme un problème dont il faut tenir compte. Sinon, comment expliquer que, cent ans plus tard, Benoît XVI consacre justement la préface de son récent livre sur Jésus de Nazareth au rappel de la valeur et des limites de la méthode historico-critique, en insistant sur la nécessité d’une exégèse scientifique illuminée par la foi?"

Le P. Pizziolo fait remarquer également que l’encyclique "Pascendi" affirme que, contrairement à ce qui à l'époque Loisy, la révélation vient de Dieu, que c’est Dieu qui parle à l’homme. Le Concile Vatican II, avec la constitution "Dei Verbum", a insisté avec plus de force encore sur le fait que cette communication s’identifie en la personne de Jésus Christ.

Et il ajoute :
"Néanmoins cette apparente évidence ne doit pas du tout être donnée aujourd’hui comme acquise. La sensibilité de la culture actuelle, y compris la culture religieuse, tend à assimiler les unes aux autres toutes les religions existantes, en les plaçant toutes sur un pied d’égalité. Ne voit-on pas réapparaître l’idée que la religion – toute religion, donc aussi le christianisme – n’est qu’un produit de l’esprit ? Que la prétendue ‘révélation’ n’est rien d’autre qu’une expérience vague et inexprimable de la transcendance, un fruit exclusif du sentiment religieux?"

"L
’encyclique n’avait pas l’intention de résoudre tous les problèmes en question, mais de rappeler l’identité et l’intégrité de la foi catholique, en redonnant à la théologie la mission de repenser les thématiques en question. Le Concile Vatican II constitue assurément un des fruits de cette réflexion renouvelée. Mais il ne faut pas en conclure que toutes les interrogations nées pendant la période moderniste ont trouvé une réponse adaptée et définitive. Elles restent encore en grande partie très actuelles et demandent de nouveaux efforts de réflexion. Mais ces efforts devront se réaliser, à la lumière de l’enseignement de ‘Pascendi’, dans le respect total de l’identité de la foi et de la tradition de ce peuple de Dieu qu’est l’Eglise". (source : Chiesa)

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