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du 1 au 4 février 2006 (semaine 05)
 

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2006-02-04 - Pologne
LA DÉRIVE D'UNE RADIO CATHOLIQUE QUI SE "POLITISE".

Une tempête médiatique s'est levée en Pologne à la suite de l'exclusivité accordée au ministre de la justice Zbigniew Ziobro qui, sur les ondes de "Radio Maryja", s’était déclaré en faveur d'une dissolution du parti libéral "Plateforme des Citoyens" (PO).

Le samedi 28 janvier, dans son entretien avec le Père Rydzyk, responsable de "Radio Maryja" et de la télévision "Trawn", Ziobro s'était déclaré en faveur d'une dissolution du parti libéral "Plateforme des Citoyens" (PO,opposition de droite). Le jeudi 2 février, pour la signature d'un pacte entre les conservateurs au pouvoir, l'extrême droite et les populistes antilibéraux, seuls ont été admis à la cérémonie transmise par "Trwam", les journalistes de l'empire médiatique du P. Tadeusz Rydzyk.

Ce religieux, qui appartient à la congrégation des rédemptoristes, est directeur de la télévision "Trwam", de son pendant radiophonique "Radio Maryja" et du quotidien Nasz Dziennik. Tous ces médias diffusent un contenu ultra-catholique, violemment antilibéral, xénophobe et souvent antisémite.

Les journaux ont largement critiqué cette exclusion dans leurs éditions du vendredi 3 février de ne pouvoir être présents à cette signature entre le président du parti conservateur Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du chef de l'Etat, le président du parti populiste Samoobrona (Autodéfense) Andrzej Lepper, et le président de l'ultra-catholique Ligue des familles polonaises (LPR) Roman Giertych.

Selon Krystyna Mokrosinska, présidente de l'Association nationale des journalistes polonais (SDP), ils ont par leur geste envers les médias, sans précédent depuis la chute du communiste, "violé la loi sur le libre accès à l'information". Il est patent que depuis leur accession au pouvoir, de nombreux responsables du parti conservateur PiS, dont le Premier ministre Kazimierz Marcinkiewicz et nombre de ses ministres, sont régulièrement les invités des journalistes du P. Rydzyk.

Le cardinal Jozef Glemp, à la veille de Noël, avait critiqué
violemment "Radio Maryja", accusant l'émetteur de "démolir l'Eglise", et avait demandé au P. Rydzyk de mettre une sourdine à ses ambitions politiques et de se soumettre à l'Eglise.

Cet engagement politique de la station a fini par provoquer une réaction du Vatican. Début janvier, le Saint-Siège a mis en garde le clergé polonais contre "toute activité dans une institution extérieure à l'Eglise" sans autorisation spécifique de la hiérarchie.
Le Vatican craint de plus en plus l'imbrication entre ces ultra-catholiques qu'il a longtemps tolérés, les partis de la droite polonaise et un empire médiatique influent, bien plus riche que sa propre Eglise polonaise. Malgré des pressions sans précédent, ses avertissements n'ont pas eu d'effet.

Cette semaine, l'archevêque de Gdansk a mis en garde
les politiciens en place en Pologne et leur a demandé de se tenir éloignés de la radio catholique ultra-conservatrice "Radio Maryja". Selon Mgr Tadeusz Goclowski, la radio doit servir à la proclamation de l'Evangile, et non pas être un instrument "servant certains buts et groupes politiques précis".

Rappelant l’entretien dans lequel le ministre Ziobro s'était déclaré en
faveur d'une dissolution du parti libéral "Plateforme des Citoyens", Mgr Goclowski a qualifié de tels propos sur une radio catholique de "fatals". Et de relever que l'Eglise doit rester neutre au plan politique, pour maintenir sa liberté. (source et information : Agence Apic - KNA)

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