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du 21 au 24 février 2006 (semaine 08)
 

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2006-02-24 - Nigéria
LES VIOLENCE INTERRELIGIEUSES SE MULTIPLIENT.

Le Nigeria est le théâtre depuis une semaine de violences interreligieuses, aggravées par les tensions politiques internes, entre le nord majoritairement musulman, le sud majoritairement chrétien.

Les violences de ces derniers jours se sont soldées par des dizaines de morts, des blessés et des milliers de réfugiés. Elles ont commencé le samedi 18 février dans les villes de Maïduguri et de Kasina et se sont ensuite étendues aux villes de Bauchi
deux jours plus tard et de Gombe le 22 février, prenant d'abord les églises comme cibles.

A Maïduguri, au cours du week-end, des musulmans qui protestaient contre la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet s'en étaient alors pris aux magasins chrétiens et aux églises, tuant 24 personnes dont un prêtre. 31 ont été détruites ou fortement endommagées.

Le P. Felix Usman, le prêtre en charge de l'église catholique St Augustine de Maiduguri, a indiqué qu'il a réussi à fuir lorsque les manifestants ont attaqué et incendié son église, mais un de ses collègues, le P. Matthew Gajere, le curé de St Rita, a été brûlé vif à l'intérieur de son église.
Il a également fait savoir qu'il avait contacté police, lors de l'attaque de sa paroisse, mais celle-ci lui avait fait savoir qu'il n'y avait pas assez d'officiers de police en service pour répondre à son appel.

Le président de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN), l'archevêque anglican Peter Jasper Akinola avait alors averti que des représailles semblaient inévitables après les violences contre les chrétiens.

A Onitsha, elles ont été déclenchées mardi contre des musulmans, par l'arrivée d'un camion chargé des cadavres de Igbos chrétiens tués à Maïduguri, au cours du week-end. "Nous avons dénombré 60 corps mardi et 20 mercredi, et il se peut qu'il y en ait plus", a affirmé Emeka Umeh, responsable de l'Ong Organisation des libertés civiles (CLO) pour l'Etat d'Anambra, notant que la plupart des victimes sont des musulmans tués par des chrétiens au cours de ces émeutes de représailles contre les violence du week-end précédent.

Armés de machettes et de gourdins, les jeunes chrétiens ont attaqué en représailles les commerçants musulmans d'Onitsha, brûlant deux mosquées. Environ 5.000 musulmans ont alors fui Onitsha pour se réfugier dans la station de police de la ville voisine d'Asaba, capitale de l'Etat de Delta.

A Katsina, capitale de l'Etat de Katsina, la tension entre les Musulmans et la minorité chrétienne est telle que 7.000 Igbos, pour la plupart des commerçants chrétiens, se sont réfugiés dans les casernes de Katsina par crainte de violences en représailles des émeutes chrétiennes d'Onitsha

Le Conseil suprême nigérian des affaires islamiques (NSCIA), la plus importante organisation musulmane du pays, a condamné les émeutes et appelé au calme. "Les représailles sont inutiles. Les émeutiers chrétiens ou musulmans ne sont que des extrémistes. La violence doit s'arrêter", a déclaré son secrétaire général, Lateef Adegbite.

Cette situation est explosive depuis plusieurs semaines et même dans certaines régions, dpuis pluieurs mois. "Depuis longtemps nous assistons impuissants aux assassinats, aux mutilations de chrétiens et à la destruction de leurs biens par des fanatiques et fondamentalistes musulmans à la moindre provocation, voire même sans provocation", a déploré l'archevêque Akinola à Nnewi. "Nous sommes bien conscients du fait que ces extrémistes religieux ont le soutien et l'appui de certains musulmans influents qui devraient apprendre la valeur de la coexistence pacifique."

"Le Nigéria appartient à nous tous - chrétiens, musulmans et membres d'autres religions. Aucune tentative intimidation ne peut
changer l'arrangement mis en place depuis longtemps dans cette nation. La CAN pourrait ne plus être capable de contenir nos jeunes devenus nerveux si cette mauvaise tendance se poursuivait", a-t-il poursuivi.

L'archevêque Akinola a relevé que le fait qu'un incident "au Danemark lointain, qui ne prétend pas représenter le christianisme" peut déclencher une réaction dramatique au Nigeria et entraîner la destruction d'églises chrétiennes est "non seulement embarrassant, mais aussi préoccupant et regrettable".

"Attristé par les tragiques conséquences des récentes violentes protestations dans le nord du Nigeria, sa Sainteté le pape Benoît XVI assure tous ceux touchés (par ces événements, ndlr) de sa proximité dans la prière", indique un télégramme signé par le numéro deux du Vatican, le cardinal Angelo Sodano.

Le pape a également invoqué "la bénédiction divine" pour les familles des victimes et a souligné qu'il priait "pour tous ceux engagés à assurer la sécurité, les encourageant dans leurs efforts pour apporter la paix". (source : Apic - VIS - Misna - Allafrica)

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