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du 21 au 24 février 2006 (semaine 08)
 

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2006-02-24 - Chine
COMMENT Y NOMMER DES ÉVÊQUES.

Le processus de nomination des évêques en Chine est une préoccupation majeure du Saint-Siège, car les nominations qui devront être faites dans un futur proche détermineront en partie l’avenir de l’Eglise catholique de Chine.

C
ette question est un vrai problème, au dire des sources de EDA. Selon les chiffres disponibles, de nombreux sièges épiscopaux sont vacants aujourd’hui en Chine ou le seront prochainement. Ainsi, pour les 138 diocèses de l’Eglise de Chine, on compte 65 évêques «officiels» et 38 évêques «clandestins». La plupart approchent ou ont dépassé l’âge de la retraite – 75 ans, selon le droit canon – ; à peine une vingtaine ont moins de 70 ans et un certain nombre sont sérieusement malades.

S’agissant du statut de ces différents évêques, il est désormais acquis que la plupart d’entre eux, même "officiels" sont en pleine communion avec le pape. A Rome, au mois d’octobre dernier, lors du Synode des évêques sur l’Eucharistie, l’évêque de Hongkong, Mgr Zen Ze-kiun, a publiquement déclaré devant ses pairs qu’une majorité écrasante des évêques de Chine était reconnue par le pape.

Le cardinal taiwanais Paul Shan Kuo-hsi, qui a pris sa retraite du diocèse de Kaohsiung le 5 janvier dernier, confirme ce fait, précisant que "seul un petit nombre" d’évêques "officiels" ne sont pas à ce jour en pleine communion avec Rome. Selon certaines sources bien informées, ce « petit nombre » serait autour de « la douzaine ».

Sur la question de la nomination des évêques, La Civiltà Cattolica, la revue jésuite dont les articles sont relus avant publication par la Secrétairerie d’Etat, a fait paraître un compte-rendu de voyage en Chine du jésuite Hans Waldenfels. Ce dernier y indique que, désormais, les candidats pressentis pour l’épiscopat cherchent, dans la plupart des cas, à obtenir l’aval du Saint-Siège, avant d’accepter d’être consacrés dans l’Eglise « officielle ».

Rome s’inquiète du choix des futurs évêques de l’Eglise de Chine, souhaitant que "des hommes de valeur" soient choisis pour succéder aux évêques actuels, ce qui
recouvre plusieurs qualités. Premièrement, le candidat à l’épiscopat doit avoir été "bien préparé théologiquement" car, "devant être un pasteur pour son peuple, il doit être en mesure d’enseigner une saine doctrine et veiller à ce que celle-ci soit communiqué à travers tout son diocèse".

Deuxièmement, le candidat à l’épiscopat doit jouir "d’une bonne réputation morale auprès de son peuple" ; en d’autres termes, "il doit avoir eu une vie morale droite, fidèle à l’enseignement de l’Eglise catholique". Troisièmement, le candidat à l’épiscopat doit "avoir la capacité à communiquer avec aisance avec son peuple, ne pas être timide ou peureux"

Dans le contexte actuel chinois, lle Saint-Siège estime qu’il existe un risque réel de voir des hommes « indignes » de l’épiscopat être imposés à la tête de communautés catholiques dans certains diocèses. Rome veut certainement éviter une telle éventualité car, si tel était le cas, cela signifierait que le développement de l’Eglise en Chine est "empêché pour, sans doute, les vingt ou trente prochaines années".

Dans les communautés "officielles", l’Association patriotique des catholiques chinois "exerce des pressions sur les électeurs de façon à ce que ses candidats soient choisis, et il arrive que ceux-ci ne soient pas des personnalités adéquates pour devenir évêques".

Le
Vatican a soulevé ce point récemment auprès de ses interlocuteurs du gouvernement chinois, et ceux-ci ont répondu que ni les prêtres ni les évêques n’avaient obligation de s’affilier à l’Association patriotique. Or, dans la pratique, il est de notoriété publique que, "dans bien des lieux, au niveau de la base ", l’Association patriotique exerce des pressions pour que les prêtres et les évêques adhèrent. C’est notamment le cas dans la province du Hebei, où l’on compte huit diocèses « officiels » et d’importantes communautés catholiques "clandestines". Selon certaines estimations, cette province compte un quart des quelque douze millions de catholiques de Chine populaire.

Au sujet des sièges épiscopaux qui seront prochainement à pourvoir, se trouve celui de Pékin. La question de sa succession est une question" très importante" pour l’Eglise de Chine. Le Saint-Siège tient à ce qu’un homme « de valeur » lui succède, dans la mesure où l’évêque de Pékin occupe, vis-à-vis du gouvernement, une place particulière, tout comme les archevêques de Paris, de Westminster et de Washington, face à leurs gouvernements respectifs.

Pour parvenir à une solution satisfaisante tant pour le Vatican que pour Pékin, il est nécessaire que "des négociations officielles soient ouvertes".En cas de futures négociations, le Saint-Siège souhaite que le gouvernement chinois "normalise la situation de l’Eglise catholique sur le continent chinois".

Sur cette base, une solution générale est à portée de main, estime-t-on au Vatican, et la balle est dans le camp chinois. Viendra ensuite la question de la reconnaissance par Pékin des évêques "clandestins". Enfin, au-delà des nominations d’évêques, tout éventuel accord entre le Vatican et la Chine devra aborder la question plus générale de la liberté religieuse. Ainsi qu’on l’explique au Vatican, "nous avons bien conscience que nous ne pouvons attendre pour tout de suite une liberté de religio
n qui soit pleine et entière, mais nous devons avoir des garanties sur un degré raisonnable de liberté". (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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