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du 5 au 8 mars 2006 (semaine 10)
 

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2006-03-08 -
QUI SONT LES ÉVANGÉLISTES FRANCAIS.

A la veille de l'Assemblée générale de la FPF et à l’initiative de l’AJIR, Sébastien Fath, sociologue, et chercheur au GSPR, Groupe de sociologie des religions et de la laïcité, a parlé du protestantisme évangélique en France.

L'AJIR, association française des journalistes de l’information religieuse, avait organisée cette conférence à la Maison du protestantisme. Cette mouvance des évangélistes français s’est multipliée par sept en deux générations. On comptait en 1945 environ 50.000 évangéliques contre 395.000 aujourd’hui. Cette croissance, dans une période de pleine sécularisation, ne peut qu’intriguer.

Sébastien Fath choisit quatre critères pour les définir : le biblicisme, le crucicentrisme, la conversion, l’engagement.

Le biblicisme car, comme protestants, les évangéliques ont pour première source de légitimité la Bible, et non pas l’Eglise, une institution à leurs yeux secondaire. De la Bible, ils attendent qu’elle soit une source d’inspiration normative pour leur vie quotidienne. Pas nécessairement littéralistes, ils se méfient néanmoins de l’exégèse critique inspirée par les sciences humaines comme de l’interprétation métaphorique du texte.

Deuxième trait commun : l’insistance sur la rédemption par la crucifixion de Jésus et une approche fortement binaire de l’histoire : il y a ce qui précède l’événement de la croix (le péché) et ce qui suit. Ce n’est pas pour rien que deux groupes qui ont soutenu le film de Mel Gibson sont les catholiques traditionalistes et les évangéliques.

Troisième facteur, sans doute le plus déterminant : le rôle de la conversion. L’idée de tradition chrétienne n’a guère de sens pour les évangéliques. Ce qui compte avant tout à leurs yeux, c’est de renaître en Christ. D’où l’insistance sur le baptême des adultes, consécutivement à une conversion personnelle et non pas objet d’une transmission de génération en génération.

Quatrième critère : L’adhésion à leurs Églises n’est valable que si elle est motivée par un fort degré d’engagement dans la foi. Ce sont des « professants » qui insistent sur la dynamique militante qu’implique la conversion, sur la nécessité de crédibiliser par des actes l’Eglise comme société alternative.

Les principales composantes de cette mouvance sont multiples en France, comme ailleurs.

La première (150.000 membres environ) est ce que l’on appelle la famille piétiste qui regroupe par exemple les « Assemblées de frères »  ou les Darbystes. Ces évangéliques se méfient, à la différence des Pentecôtistes, des phénomènes spectaculaires, comme le parler en langue. Ils veulent approfondir la lecture de la Bible et mettent l’accent sur la piété personnelle.

Deuxième composante : les Pentecôtistes, qui insistent sur l’efficacité de l’agir divin via l’Esprit Saint et dont l’ambiance culturelle est nettement plus démonstrative.

Enfin, la troisième composante est représentée par les Églises évangéliques ethniques ou de diaspora étrangère regroupant près de 45.000 personnes dans leur plus grande diversité : Africains, Tamouls, Chinois, Russes, ou même Berbères…

Reste que ces Églises présentent plusieurs signes de précarité. Elles ne sont pas à l’abri de dérives sectaires quand un leader charismatique devient la principale norme de référence – au prétexte qu’il est directement inspiré par Dieu - au lieu de la Bible. Ou de dérives « insulaires » quand leurs membres vivent en vase clos, refusant par exemple de manger  ou même de partager une maison mitoyenne avec des personnes non confessante. (source : AJIR)

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