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FlashPress - Infocatho
du 5 au 7 avril 2006 (semaine 14)
 

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2006-04-07 -
UN ISLAMOLOGUE INQUIET DE LA DÉCISION VATICANE.


Le 5 avril, lors de la conférence de presse de "l'association des Journalistes de l'Information religieuse", l’AJIR, un islamologue algérien a manifesté son inquiétude devant les modifications apportées par le Vatican pour le dialogue avec les musulmans.

Mustapha Cheriff,professeur à l'Université d'Alger, il fut ministre algérien de l'Enseignement supérieur et ambassadeur. Il est de ceux qui soutiennent que la culture de l’Occident n’est pas judéo-chrétienne, mais judéo-islamo-chrétienne. Membre d'une confrérie soufie, attaché à l'islam spirituel, il s'offusque qu’on puisse soutenir que l'islam est intrinsèquement violent et intolérant. Il n'hésite pas à affirmer qu'il n'est pas impossible à un musulman de changer de religion.

Il se met en contre du courant "réformiste" de Rachid Benzin et des théologiens musulmans aujourd'hui encore ultraminoritaires, qui entendent légitimer une approche scientiste, historico-critique du Coran car celui-ci, chair même de la révélation, "ne peut être un objet que l’on dissèque". De même qu'il se met en contre de ceux qui s'arc-boutent un peu trop vite sur un passé magnifié pour refuser toute innovation.

Alors, où et comment franchir le gué? En guise de réponse, Mustapha Cherif renvoie à la possibilité offerte à tout musulman de faire sa propre interprétation du texte fondateur. Liberté individuelle permise parce que l'islam, à la différence du christianisme, du catholicisme tout particulièrement, n'est pas structuré en une "Eglise" fortement hiérarchisée.

La récente décision romaine l'inquiète. "La dissolution du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux et son rattachement au Conseil pontifical de la Culture est quelque chose qui m'inquiète, j'espère que ce n'est pas un recul", a-t-il aux journalistes.
"Le dialogue chrétiens-musulmans est d'abord religieux, pas culturel : me placer avec les non-croyants est pour moi un recul, l'islam est le troisième rameau monothéiste".

Les musulmans engagés dans le dialogue islamo-chrétien perdent en la personne de Mgr Fitzgerald un ami attentif à leurs questions. Un ami qui, surtout, n'a jamais remis en question la validité de la révélation coranique et de l'islam comme authentique religion abrahamique. Ce qui, semble-t-il, ne fait toujours pas consensus au sein de la hiérarchie catholique dans laquelle il croit sentir une certaine lassitude vis-à-vis du dialogue avec l'islam.

"Mon occidentalité, je la revendique: nous sommes du même monde, on veut nous faire croire que ce monde a été seulement judéo-chrétien, alors qu'il a été judéo-islamo-chrétien, on veut m'isoler en me caricaturant et en profitant des monstruosités de certains des miens", a-t-il poursuivi.

Rappelons qu’en mars dernier, le conseil pour le dialogue interreligieux a été intégré dans le conseil pontifical pour la culture, et qu’un mois auparavant Michaël Fitzgerald. Son président Mgr avait été nomméprès la nomination comme nonce apostolique au Caire et délégué du Saint-Siège aurpès de la Ligue arabe. (source : AJIR)

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