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du 5 au 7 avril 2006 (semaine 14)
 

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2006-04-07 - Russie
UNE AUTRE DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME.


Une "Déclaration des droits et de la dignité de l'Homme", destinée à promouvoir la conception russe de ces valeurs, dont elle souligne discrètement la différence avec leur équivalent occidental, vient d'être adoptée à Moscou.

Le congrès du peuple russe à Moscou, un Concile populaire universel, assemblée d'ecclésiastiques orthodoxes, de représentants d'autres religions traditionnelles de Russie, mais aussi de nombreux responsables de l'Etat, vient en effet de se dérouler durant trois jours dans le cadre du monastère Danilov où se trouve le siège du Patriarcat orthodoxe à Moscou.

Etaient ainsi présents le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le ministre de la Culture, Alexandre Sokolov.

"Notre pays a toujours été considéré comme l'un des centres de la civilisation chrétienne orientale. Il a des choses à dire au monde", a déclaré le patriarche en ouvrant mardi 4 avril ce Concile. La future Déclaration doit offrir au croyant la possibilité de vivre en accord avec sa foi, a poursuivi le patriarche. En même temps, elle doit permettre "à des groupes sociaux toujours nouveaux de se joindre à la construction d'un avenir fondé sur notre tradition spirituelle", a souligné Alexis II.

Il a demandé aux représentants de toutes les religions traditionnelles de Russie (qui incluent, outre l'orthodoxie, le judaïsme, l'islam et le bouddhisme) d'"élaborer une conception des droits de l'Homme et de la dignité humaine acceptable par tous" pour "contribuer à changer la face de la civilisation humaine".

La déclaration s'inscrit en filigrane contre une conception libérale occidentale de liberté totale de l'individu, conduisant à l'avortement, l'euthanasie, le mariage homosexuel ou le blasphème, comme l'a expliqué dans son intervention le grand animateur du Concile, le métropolite Kirill de Smolensk, chef du département des relations extérieures du patriarcat.

Ces phénomènes ne sont pas cités directement dans le texte du document, mais dénoncés par des formules plus générales. "Nous nous prononçons pour le droit à la vie et contre un "droit" à la mort, pour le droit à la création et contre un "droit" à la destruction. Nous reconnaissons les droits et les libertés de l'homme dans la mesure où ils contribuent à pousser l'individu vers le bien", dit la déclaration.

... "Il existe des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l'Homme. Ce sont la foi, la morale, le sacré, la Patrie", poursuit le texte... "Il ne faut pas permettre des situations où la réalisation des droits de l'Homme étoufferait la foi et la tradition morale, contribuerait à dénigrer les sentiments religieux et nationaux, les valeurs sacrées, ou mettrait en danger l'existence de la Patrie"... "Il paraît dangereux d'"inventer" des droits qui légalisent des comportements condamnés par la morale traditionnelle et toutes les religions historiques".

Enfin, la déclaration dénonce implicitement ce qui est perçu en Russie comme l'utilisation par l'Occident des droits de l'Homme pour faire évoluer le pays conformément à ses intérêts. "Nous rejetons la politique du deux poids deux mesures en matière des droits de l'Homme, ainsi que les tentatives d'utiliser ces droits pour promouvoir des intérêts politiques, idéologiques, militaires et économiques, pour imposer un certain régime politique et social".

Le texte d'une page et demie, qui affirme ainsi que les droits de l'Homme ne doivent pas contenir d'éléments contraires à la morale traditionnelle et aux religions historiques, a été adopté par acclamation à l'unanimité à l'issue du Concile populaire russe universel.

Un Centre de défense des droits de l'Homme devrait être créé sous l'égide du Concile pour assurer l'application pratique des dispositions de la Déclaration.

Lors d'une conférence de presse, Mgr Kirill a souligné que la conception russe des droits de l'Homme «se situait dans l'espace spirituel et intellectuel européen», tout en y apportant des éléments originaux, à savoir la nécessité de concilier la liberté et la morale. (source : Itar-Tass - information : Orthodoxie)

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