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FlashPress - Infocatho
du 10 au 12 avril 2006 (semaine 15)
 

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2006-04-12 -
ILS NE COMPRENNNENT NI L'ASIE NI L'AFRIQUE.

Les membres de la Curie romaine ont peu de considération pour les Eglises d’Asie et d'Afrique, affirme l'ancien président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, le cardinal japonais Stephen Fumio Hamao.

Si les Asiatiques sont si peu nombreux à la Curie, dit-il, si il y manque une manière asiatique de voir les choses et si les Asiatiques n'y sont pas véritablement écoutés, c'est parce que "l'Asie est trop loin d'ici, très loin. Je ne parle pas géographiquement mais moralement" . A Rome, poursuit-il, "on considère l'Eglise en Asie et en Afrique comme un bébé, immature en termes de chrétienté. Ils considèrent que seule l'Europe est adulte, peut-être aussi l'Amérique latine. C'est ainsi que je perçois les choses".

Pour lui, l
a prédominance de l'Europe est ainsi évidente dans le collège cardinalice, où, aujourd'hui, 100 des 193 cardinaux sont des Européens. Pour les cardinaux électeurs, les chiffres sont de 60 Européens pour un total de 120 cardinaux. Une telle composition ne reflète pas l'étendue du catholicisme aujourd'hui. Les Européens sont minoritaires désormais et ce sont les Latino-Américains les plus nombreux.

Or, en Asie et en Afrique, l'Eglise grandit. Le collège cardinalice devrait refléter ces réalités, estime le cardinal japonais, qui ajoute qu'il a été très heureux de voir trois évêques d'Asie recevoir la barrette, lors du consistoire du 24 mars dernier, mais qu'il était « étrange » qu'aucun cardinal-électeur d'Afrique ne soit parmi eux. La moitié des douze nouveaux cardinaux-électeurs sont des Européens, souligne-t-il encore.

Et de donner un exemple d’indaptation européenne. Le cardinal Hamao ne comprend pas les tentatives actuelles visant à redonner au latin une place dans la liturgie et l'insistance de certains à ce que les catholiques soient capables de réciter le Gloria, le Credo et le Notre Père en latin. Lors du Synode pour l'Eucharistie d'octobre dernier, des cardinaux, principalement des Européens, ont poussé ce dossier. Le pape les écoute. Et le cardinal a été le seul des responsables du Vatican à mettre par écrit son opposition à la restauration du latin. Il explique qu'il est «surréaliste» d'attendre des catholiques en Inde, en Indonésie ou au Japon qu'ils apprennent le latin.

Fort de sa connaissance de l’Orient, le cardinal Fumio Hamao a souligné que les peuples asiatiques avaient tendance à accepter plus facilement Jésus-Christ que le catéchisme en soi, "parce que le catéchisme est une théologie, une théologie européenne et non orientale“.

Pour lui, Rome "a des difficultés à comprendre" les réalités asiatiques et l'Eglise en Asie, particulièrement en ce qui concerne le dialogue avec les croyants des autres religions.
"Ils ne peuvent pas comprendre parce qu'ils disent que le dialogue interreligieux est très important et que, dans le même temps, nous devons proclamer Jésus Christ, unique Sauveur. Bien sûr, nous savons cela et nous le croyons, mais, si nous vivons au milieu de religions autres, nous devons avoir une forme de dialogue avec les autres, notamment le dialogue de vie."(source : Eglises d'Asie-EDA)

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