Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 27 au 30 avril 2006 (semaine 17)
 

-
2006-04-30 - RD Congo
RÉCUPÉRER LE PAYS DES MAINS DE L'ÉTRANGER.

Le cardinal Frédéric Etsou a fait sensation dimanche 23 avril à Kinshasa en appelant, dans une homélie en l'église Saint Joseph de Matonge, les Congolais à récupérer, lors de prochaines élections, leur pays des «mains des étrangers».

"Vous avez laissé ce pays entre les mains des étrangers qui sont en train de le diviser", a déploré l'archevêque de Kinshasa sur un ton de reproche, affirmant ne pas faire la politique. Il a cependant justifié sa prise de position par la conviction selon laquelle "l'Eglise catholique a le devoir de donner un message d'amour, de dialogue et de tolérance en cette période décisive de l'histoire de notre pays", à la veille de ces importantes élections.

En cela, Mgr Etsou s'est fait le relais des évêques de l'Eglise catholique de la RDC qui, réunis du 27 février au 4 mars 2006 à Kinshasa, ont exhorté la communauté internationale à "s'abstenir d'imposer une issue aux élections". Ils avaient alors lancé un vibrant appel aux gouvernants, aux acteurs politiques, à la Commission électorale indépendante (Cei), aux professionnels des médias, à la population congolaise et aux agents pastoraux sur le présent et l'avenir du pays.

A l'endroit de la communauté internationale, dont ils ont salué le soutien à la RDCà travers d'importants efforts financiers et matériels, les évêques catholiques avaient exprimé le souhait de la voir "s'abstenir d'imposer une issue aux élections", l'invitant seulement à "soutenir le peuple dans son choix libre de nouveaux dirigeants".

Et, pour faire ce choix, les électeurs doivent être attentifs aux enjeux ."Evitez donc de vous laisser induire en erreur et, plus particulièrement, de soutenir des politiciens pour la seule raison qu'ils appartiennent à votre communauté ethnique", avaient-ils averti.

Pour l'Eglise romaine en RDC, la réussite du Congo nouveau dépend d'un certain nombre de facteurs, dont la "construction d'un sentiment national fort mais bien au fait des enjeux économiques et politiques actuels de la globalisation". D'où, la nécessité d'une prise de conscience collective sur ce que les Congolaises et Congolais ont le devoir de faire afin de "transformer en acier les pieds d'argile avec lesquels chemine le pays depuis plusieurs années".

La RDC doit donc cesser de donner l'impression d'être dirigée à partir des capitales européennes et américaines. Lors des négociations politiques intercongolaises, rappelle-t-on, des voix s'étaient élevées pour dénoncer une "main étrangère" dans l'élaboration de l'Accord global et inclusif ayant sanctionné la fin des travaux.

D'autres personnalités congolaises, non contentes de n'avoir pas trouvé leur compte dans le partage des responsabilités au sein des institutions de la transition, ont stigmatisé des "manoeuvres dilatoires" de la communauté internationale pour justifier leur «exclusion». Des noms, à l'instar de celui d'un ancien ministre belge des Affaires étrangères devenu commissaire européen en charge du Développement et de l'Aide humanitaire, ont même été cités comme étant les "véritables chefs du Congo".

Aujourd'hui encore, à quelques mois de l'organisation des scrutins, des débats télévisés autour de certaines «affaires» et «dossiers sensibles» feraient craindre, de l'avis de certains intervenants, l'élection à la magistrature suprême de tel ou tel autre candidat suspecté d'être «l'homme des Occidentaux».

Ainsi pourrait se comprendre le message du cardinal Etsou, appelant le peuple congolais à ne pas laisser le pays "entre les mains des étrangers qui le divisent". (source : Allafrica)

Retour aux dépêches