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du 23 au 26 avril 2006 (semaine 17)
 

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2006-04-26 -
UN DOCUMENT SUR L'USAGE DU PRÉSERVATIF.

Le président du Conseil pontifical pour la santé a confirmé que le Vatican préparait un document sur l'usage des préservatifs par les personnes ayant de graves maladies, à commencer par le sida, un document d’étude et non pas une « instruction ».

Le cardinal Javier Lozano Barragan réagissait à la parution de l'entretien du cardinal Carlo Maria Martini, ancien archevêque de Milan, paru dans l'hebdomadaire italien "L'Espresso", où il avait déclaré le 21 avril que l'usage du préservatif dans la lutte contre le sida était "un moindre mal". Quand il s’agit de "former  les consciences, d’enseigner le discernement du  bien et du mal en toutes  occasions et de donner  une motivation profonde pour bien agir", ce qui est le rôle premier de  l’Église," les interdits et les “non” ne  sont pas très utiles.

Là où il n’est pas évident de voir où se situe le véritable bien de  l’homme et de la femme, il convient, estime-t-il, de s’abstenir  de juger trop vite. Dans son dialogue avec le professeur Ignazio Marino son interlocuteur, le cardinal Martini, s’exprimait avec une grande liberté mais aussi force nuances sur des questions délicates opposant la médecine à l'enseignement catholique  officiel, qu’il s’agisse de fécondation artificielle, de recherche sur  les cellules embryonnaires ou de  fin de vie... Autant de questions qui lui paraissent « très importantes, parce qu’elles intéressent beaucoup nos contemporains et suscitent  leurs préoccupations pour l’espèce  humaine et sa dignité ».

Face au sida, notamment au sein des couples dans lesquels un des conjoints est atteint du virus, "la question est de savoir s’il convient que ce soient les autorités religieuses qui fassent la propagande d’un tel moyen de défense admettant ainsi la mise au second plan des autres moyens moralement soutenables, y compris l’abstinence, au risque de promouvoir une attitude irresponsable."

Avec beaucoup de prudence, l’ancien archevêque s’interroge aussi sur la notion de moindre mal à propos de l’implantation à fin d’adoption d’embryons congelés, plutôt que leur destruction. "Là où il y a un conflit de valeurs, il me paraît éthiquement plus significatif d’incliner vers une solution qui permet à une vie de s’épanouir plutôt que de la laisser mourir", explique-t-il.

Sur le moment, au Vatican, les propos du cardinal  Martini  avaient causé une certaine « surprise » et  quelque « perplexité », alors qu’une copie de cet entretien, réalisé il y a un mois par le journal, avait été envoyée  à Benoît XVI.

Le cardinal  Alfonso Lopez Trujillo, président  du Conseil pontifical pour la famille, habituellement loquace sur ces thèmes, a demandé du temps avant de livrer une éventuelle réaction. Le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome, s'est refusé de livrer tout commentaire.

Dans un entretien publié le 23 avril par le quotidien italien "La Repubblica", le cardinal Barragan déclare que ses services étudiaient la question "avec attention" de même que "des scientifiques et des théologiens chargés de rédiger un document sur le sujet"..."Benoît XVI nous a demandé une étude sur cet aspect spécifique de l'utilisation du préservatif par les personnes contaminées par le sida et par celles atteintes d'une maladie infectieuse".

A la question de savoir s'il partageait la position du cardinal Martini, a répondu qu'il s'agissait d'un "sujet très difficile et délicat qui justifie la prudence". Il a précisé qu'il ne souhaitait pas commenter ces déclarations pour "ne pas devancer l'étude".

En fait "il n’y a rien de vraiment neuf" dans les propos du cardinal Martini sur le préservatif ou de très distant par rapport à la position officielle de l’Eglise. En janvier 2005, le cardinal Georges Cottier, alors théologien de la Maison Pontificale, avait déjà estimé que l'utilisation du préservatif dans le cadre de la lutte contre le Sida pouvait être "légitime" dans certains cas et certaines limites très strictes.

Récemment interrogé par un quotidien belge, le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Bruxelles, s'était aussi exprimé en faveur du préservatif dans le cas où la vie de l'un des partenaires serait en danger.

Un texte du Vatican publié avec l'aval du pape clarifierait le débat, dit-on à Rome, encore compliqué par le fait que, en Afrique notamment, de nombreux dispensaires animés par des catholiques distribuent des préservatifs à ceux qui en ont besoin. (sources : presse - La Croix -
Agence Apic)

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