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du 31 mai au 3 juin 2006 (semaine 22)
 

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2006-06-03 - Allemagne
LA LOI CIVILE ET LES SACREMENTS.

Une Lettre, adressée, à la demande de Benoît XVI, à tous les présidents des conférences épiscopales, devrait faire cesser la menace d’exclusion des sacrements pour toute personne souhaitant «sortir de l’Église» selon les procédures civiles.

Cette Lettre devait rester discrète, mais elle vient d'être connue par des indiscrétions. La question de l’impôt ecclésiastique, payé par l'intermédiaire des structures de l'État comme c'est le cas en Allemagne, pose en effet problème. Le refus de le payer que l'on appelle communément "sortie de l'Église", signifie-t-il que l’on « se soustrait au devoir de contribution de solidarité indispensable aux besoins de l’Église» ou une volonté de rompre avec la vie sacramentaire dans l'Église ?

Pour cesser d’être redevable de l’impôt ecclésiastique (Kirchensteuer), le contribuable allemand, qu’il soit catholique ou protestant, doit en effet entamer auprès des services d’état-civil une procédure dite de «sortie de l’Église» (Kirchenaustritt). Doit-il être pour autant exclu de la communauté chrétienne et des sacrements par les autorités religieuses ?

Le Vatican avait déjà attiré l’attention des évêques allemands sur cette question dans un courrier du 3 mai 2005 adressé à Mgr Gerhard Müller, évêque de Ratisbonne. Il y soulignait qu’un fidèle « sorti de l’Église » doit rester considéré comme un catholique et pouvoir toujours, par exemple, être marié religieusement par un prêtre.

L’accélération de cette affaire, rendue publique par la presse, s’explique surtout par une déclaration de l’épiscopat le 24 avril, cherchant à concilier la « tradition allemande » avec les interprétations du Vatican. Signé par Mgr Müller, ce document affirme que la position romaine n’affecte en rien « les règles officielles de sortie de l’Église ancrées dans la tradition du droit allemand ».

Cette déclaration se réfère à une interprétation qui faisait jurisprudence, un acte des évêques daté du 15 février 1937 et disant que la « sortie de l’Église » constitue une rupture publique et officielle d’avec l’Église : «Après notification aux autorités religieuses, elle figure au registre des baptêmes, et correspond donc en fait à une rupture au sens du droit canonique.» Quiconque a choisi cette démarche perdrait donc toute appartenance à la communauté religieuse et tout droit aux sacrements.

La lettre du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, datée du 13 mars et signée par le cardinal Julian Herranz (avec approbation de Benoît XVI), remet en cause la position des évêques allemands, pour qui la procédure officielle de « sortie de l’Église », nécessaire pour cesser de payer l’impôt religieux, équivaut à une rupture avec l’Église. Elle précise qu’il ne suffit pas qu’un nom soit rayé de la liste des membres de communautés chrétiennes dressée par les autorités civiles, pour considérer qu’un fidèle est dorénavant placé « hors de l’Église ».

Elle énumère trois conditions pour que la « défection de l’Église », au sens juridique et canonique, soit effective : « la décision personnelle, intime, de quitter l’Église » ; la concrétisation et l’affirmation publique de cette décision ; l’enregistrement et l’acception de cette décision par les autorités religieuses et non par les autorités civiles. « L’acte légal et administratif de sortie de l’Église », insiste le Vatican, ne constitue pas en soi un « acte de rupture avec l’Église » au sens du droit canonique : « La volonté de rester membre de la communauté des croyants peut même avoir été préservée chez celui qui vient de l’accomplir. » (source : wir sind kirche - la Croix)

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