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du 11 au 13 octobre 2006 (semaine 41)
 

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2006-10-13 -
UN RETOUR OU UNE REMISE EN CAUSE DE VATICAN II ?

L'information selon laquelle Rome s'apprête à libéraliser la messe de saint Pie V, a été confirmée le mercredi 11 octobre de source vaticane, mais cette décision rencontre des résistances tant dans la curie que chez les fidèles du Concile.

Cette décision de Benoît XVI est "
motu proprio", de sa propre décision. Elle donnerait au rite latin confirmé lors du concile de Trente le statut inédit de « rite universel extraordinaire », aux côtés du « rite ordinaire » qu’est la messe dite « de Paul VI ». Cette réforme ne concernerait pas seulement la messe elle-même, mais plus largement « les rapports avec les traditionalistes ». Il ne s’agirait pas, en soi, d’un retour à l’ancien rite, mais plutôt de la fin de sa marginalisation.

Benoît XVI réfléchissait à cette réforme, et il avait évoqué ce sujet lors du synode d’octobre 2005 sur l’Eucharistie. Il consulté les cardinaux de la curie, l’hiver dernier sur ce thème, mais c'est le cardinal Dario Castrillon Hoyos qui a été chargé d’élaborer le texte. L’objectif poursuivi est la réintégration dans l’Église des lefebvristes, qui ont fait de la libéralisation du rite tridentin une des conditions de leur retour.

Au-delà du souci de faire revenir dans la pleine communion de l’Église les fidèles des mouvements intégristes – souci extrêmement présent chez Benoît XVI et nombre de responsables de la curie –, c’est la conception même que le pape se fait de la liturgie qui semble avoir joué dans l’élaboration de ce "motu proprio", une conception du Concile qui lui est propre et qu’il a réaffirmée en décembre 2005, expliquant que Vatican II ne devait pas être compris comme une rupture avec la tradition, mais pensé comme un renouvellement dans la continuité.

Cette "libéralisation" du rite tridentin rencontre des résistances vives au sein de la curie, jusque dans la Congrégation pour le culte divin où, consultés, certains responsables affirment avoir cherché à amender le texte du futur "motu proprio". « Nous sommes inquiets devant les risques que pourrait présenter pour l’unité de l’Église la reconnaissance de deux rites » a dit l'un d'eux au quotidien La Croix.

Ils
font en effet valoir que « jamais il n’a existé en Occident deux rites en même temps, sauf dans des cas historiques hérités du premier millénaire et liés à des contextes géographiques particuliers : rite lyonnais, milanais, ou mozarabe par exemple ». Quant à la liturgie orientale, la reconnaissance de rites propres au sein de l’Église catholique est liée au statut juridique de ces Églises elles-mêmes.

« Une Église peut-elle avoir deux rites, en fonction de deux appréciations différentes du Concile ? », s’interroge tout haut un adversaire de la réforme en cours de préparation. Car le rite actuel, dit « de Paul VI », est, selon lui, lié au concile Vatican II. La possibilité de dire la messe en rite tridentin serait l'affirmation que ce concile n'engage que partiellement.

Enfin, certains cardinaux et de nombreux évêques expriment leur crainte que le clergé et l’évêque, sur le terrain, soient désormais soumis à des pressions en faveur d’un rite contre un autre. Ils continuent donc de plaider pour modifier le texte dans un sens beaucoup plus restrictif.

La célébration de la messe en rite tridentin pourrait ainsi être soumise à une assistance minimale : 30 voire 100 fidèles.
Mais on n'a jamais vu un rite être pratiqué sur cette base: C'est l'autorité de l'évêque, non le nombre des pratiquants, qui lui confère sa validité.

De plus il y a danger de voir un curé devenir l'otage d'un groupe de fidèles... ou l'înverse! Dans la grande tradition catholique, le rite n'a jamais été interchangeable avec d'autres selon les «goûts» des pasteurs ou des communautés. Si le rite ne suppose pas d'alternative, c'est qu'il représente bien plus qu'une façon de célébrer: il condense tout un patrimoine doctrinal et spirituel, inséparable de la liturgie, une liturgie qui est signe de "communion" et non de VISséparation.

Avec ce nouveau texte, un prêtre, à son initiative, pourrait librement choisir de célébrer la messe selon l’ancien rite, sauf si l’évêque le lui interdit formellement par écrit. (information : VIS)

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