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FlashPress - Infocatho
du 11 au 13 octobre 2006 (semaine 41)
 

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2006-10-13 - France
RELEVER LES DÉFIS DU TEMPS.

Comme chaque année, les parlementaires et les responsables politiques chrétiens, qu'ils appartiennent à des partis de gauche ou de droite, se retrouvent à la "messe de rentrée", autour de l'archevêque de Paris, en un moment significatif.

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Le don de l’Esprit-Saint que nous invoquons au cours de cette Messe de rentrée ne sera certainement pas superflu pour la vie politique de notre pays au moment où nous entrons dans une série d’élections importantes : présidentielle, législatives et municipales", leur a dit d'emblée Mgr André Vingt-Trois le dimanche 10 octobre.

Il a situé devant eux ce que la Parole de Dieu, exigeait de chacun d'eux. " ... "Beaucoup de nos contemporains sont atteints par le scepticisme ou le cynisme : à quoi bon proposer des solutions, il n’y a rien à faire… A quoi bon choisir des hommes et des femmes pour conduire les affaires du pays, puisque, en tout état de cause, cela ne changera rien… Dans ce contexte, c’est la grandeur et le mérite de celles et de ceux qui se proposent à nos suffrages que de relever les défis du temps présent et de s’employer à proposer des remèdes.

... "Il me semble que ce courage de la vérité qui, seule peut rendre l’espérance, demande une lucidité et un désintéressement particuliers. Seul ce courage permet d’échapper à la démagogie et d’affronter les problèmes réels sans les contourner. Beaucoup des élus de la nation sont convaincus de la nécessité de ce courage. Beaucoup s’efforcent de le vivre. Beaucoup s’y réfèrent dans les dialogues particuliers. Je vous invite à prier pour que cette lucidité et cette vigueur ne s’effritent pas dans la chaleur des campagnes électorales.

... "Ce serait mépriser la raison des électeurs que croire qu’ils se déterminent principalement sur des critères de publicité médiatique ou en fonction de leurs seuls intérêts particuliers. Ce serait mépriser les électeurs que les juger inaccessibles aux intérêts généraux du pays et incapables de comprendre et d’accepter les réformes nécessaires. Ce serait mépriser les électeurs que croire que la masse d’informations dont ils disposent ne fait pas évoluer leur perception du monde et des enjeux internationaux.

... "Les électeurs sont en droit de demander plus encore à ceux qui espèrent leurs voix. Ils doivent connaître, et clairement, leurs convictions sur un certain nombre de questions fondamentales pour l’avenir de l’espèce humaine et pour le respect de la dignité humaine dans notre pays. Nous pouvons sans doute nous réjouir qu’un certain nombre de candidats, potentiels ou déclarés, aient fait connaître leurs projets d’action sur quelques-unes de ces questions. On serait heureux de les entendre sur d’autres sujets qui concernent plus largement nos concitoyens.

"Jusqu’où accepteront-ils d’aller dans l’instrumentalisation de l’être humain pour la recherche scientifique ? Comment comptent-ils traiter la question de l’accueil des étrangers dans notre pays ? Quels moyens vont-ils mettre en œuvre pour une meilleure intégration de la jeunesse et son accession au travail ? Comment envisagent-ils de gérer l’évolution démographique de notre société et le partage économique nécessaire qu’elle entraîne ? On pourrait facilement allonger cette liste ou la détailler, mais vous connaissez ces sujets mieux que moi.

... "La paix que le Christ promet, et qu’il donne effectivement, n’est pas la simple régulation sociale de la violence, mais la paix complète de ceux qui vivent dans la réconciliation de Dieu en qui s’apaisent toute récrimination contre les autres et tout ressentiment contre soi-même.

"Nous savons bien qu’il n’est au pouvoir d’aucun gouvernement d’apporter cette paix qui dépasse de loin les contraintes d’une légitime sécurité. Du moins, cette promesse nous permet-elle de mesurer modestement les limites de la domination de la violence par la force de la loi républicaine. Il est certes du devoir des responsables de la sécurité publique de mettre en œuvre les moyens nécessaires à la sauvegarde de la paix civile. Mais ils savent que cette sécurité imposée n’est que le premier degré d’une véritable paix sociale.

... "C’est donc d’abord l’éducation à la solidarité qui construit la paix, non le repli sur nos acquis. La contrainte peut être un moyen nécessaire pour accompagner les progrès de l’intégration à la vie sociale. Elle ne saurait s’y substituer en aucun cas.

" En évoquant rapidement quelques unes des questions qui vont s’imposer à notre corps social dans les mois qui viennent, j’ai conscience de rejoindre un certain nombre des interrogations qui habitent vos pensées et qui animent votre action au service de vos concitoyens. J’ai surtout conscience d’avoir formulé des objectifs qui dépassent les possibilités humaines individuelles et font mieux ressortir la grandeur du mandat reçu des citoyens.

"Mais permettez-moi du moins de vous partager le fondement de mon espérance pour l’avenir. Sans doute nous n’avons pas à attendre le ciel sur la terre. Sans doute aucune majorité si forte soit-elle ne pourra mener à bien toutes les tâches qui lui incomberont. Sans doute devrons-nous encore longtemps supporter que notre pays soit confronté à des épreuves diverses. Mais la vitalité de notre pays, la générosité des hommes et des femmes qui s’engagent sincèrement dans un service désintéressé de leurs concitoyens sont des réalités et elles peuvent changer beaucoup de choses.

... "Les épreuves inévitables dans toute existence humaine comme dans l’histoire de toute société peuvent devenir les douleurs d’un enfantement si nous les vivons dans une réelle solidarité, si nous construisons une fraternité qui donne son fondement à la liberté et à l’égalité. C’est notre mission à nous, chrétiens, de reconnaître la force divine, l’Esprit du Christ, qui habite tout effort des hommes pour construire un monde meilleur. Ce qui motive notre engagement au service de la construction de la société, ce qui refait nos forces lorsque nos combats paraissent vains aux yeux des hommes, c’est que nous savons que Dieu prépare pour nous le monde nouveau et que chacun de nos efforts, ce que saint Paul appelle nos « gémissements », - ceux de tous les hommes et de la création entière -, forment le matériau que l’Esprit pourra transfigurer." (source : diocèse de Paris)

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