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du 19 au 21 octobre 2006 (semaine 42)
 

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2006-10-21 -
LIBÉRER LE DIALOGUE DES DISCOURS ABSTRAITS.

Le samedi 7 octobre, l'archevêque Mgr Henri Tessier, archevêque d'Alger et Mostepha Cherif, ancien ministre algérien, dans un débat au palais de la Culture d'Alger, ont tous deux demandé que le dialogue islamo-chrétien soit libéré des discours abstraits.

Il ne s'agit pas d'un dialogue entre les religions mais d'un dialogue entre les croyants, des personnes qui s'unissent dans leurs ressemblances comme dans leurs différences

«Le dialogue islamo-chrétien exige de marcher simultanément. C'est s'unir pour de vrai pour changer le monde, l'améliorer. Pour cela, il faut qu'on cesse de l'aborder dans des colloques abstraits ! Ce n'est pas une opération qui se fait dans les salles!». C'est ainsi que Mgr Henri Tessier a amorcé son intervention, dans une rencontre-débat sur le dialogue islamo-chrétien qu'il partage avec l'ancien ministre algérien, Mostepha Cherif.

L'archevêque d'Alger soutient qu'il ne s'agit nullement de dialogue entre des religions, mais d'un dialogue entre les croyants, des hommes et des femmes qui, tout en étant issus de cultures différentes et croyances qu'ils ont choisi, se cherchent et s'adoptent dans leurs ressemblances et dans leurs différences. «La religion est un don du ciel. Ce n'est pas une matière de négociation.

Les croyants sont tous pareils. Chacun dans sa religion cherche Dieu même s'il est différent de l'autre à bien des égards. Ces différences ne doivent pas nous séparer mais nous permettre de mieux nous connaître.»

«Que peut-on attendre du dialogue entre les musulmans et les chrétiens ?» s'est interrogé Mgr Tessier. «Un questionnement réciproque ! On doit se connaître mutuellement», répond-t-il en s'appuyant sur un verset coranique : «Nous vous avons créés différents pour que vous vous surpassiez les uns aux autres vers le droit chemin.»

Mais surtout, ajoute-t-il, les musulmans et les chrétiens doivent se comprendre. «Car la compréhension va au-delà de la connaissance. Chacun des deux croyants est crispé devant l'autre parce qu'ils ne se connaissent pas, ne se comprennent pas», assure-t-il en déplorant les méconnaissances des uns et des autres de l'ampleur du patrimoine spirituel. «Il faut connaître l'islam durant ses 14 siècles, avoir connaissance des grands événements et circonstances qui l'entourent», affirme-t-il. L'archevêque d'Alger rappelle que les musulmans et les chrétiens forment une communauté de presque deux milliards de personnes. «On ne peut pas parler de dialogue si on ne pense pas à l'avenir, l'avenir de presque deux milliards de personnes.

A propos de la foi, l'ancien ministre algérien, Mostepha Cherif, se joint à Monseigneur Tessier en affirmant que la séparation de la religion du politique a fait que la religion soit désenchantée dans la vie. Les systèmes actuels ne fonctionnent plus. On vit tous dans l'injustice et l'inégalité.

La relation entre musulmans et chrétiens doit se diriger vers l'avenir. Nous avons besoin les uns des autres», souligne-t-il. Le dialogue islamo-chrétien est, selon M. Cherif, une orientation fondamentale de notre foi et de notre raison. «Le musulman doit prendre ses sources pour le dialogue du Coran et de la Sunna du prophète.

«Le Coran est d'abord un rappel de l'histoire de tous les prophètes, dont Jésus que seuls les musulmans reconnaissent comme messie. Le Coran appelle sans cesse au dialogue et à la coexistence.» L'ancien ministre rappelle également que des versets coraniques disent que les chrétiens sont les plus proches des musulmans, dont les prêtres et les moines. «Dieu dit dans le Coran qu'il aurait pu faire de nous une seule communauté. Mais il a préféré que nous vivions dans la différence. Il faut donc qu'on s'interpelle, qu'on se comprenne, qu'on se questionne».

Dans la première constitution, poursuit-il, que notre prophète (Qssl) a élaboré à Médine, il n'est mentionné nulle part le mot «religion». Il s'agit plutôt d'une série d'actes qui permettent aux différentes communautés de vivre ensemble. «Il n'y a pas que l'Andalousie qui soit un exemple de coexistence entre les différentes communautés. Il y a eu d'autres Andalousie en Europe et au Maghreb notamment. Bref, conclut-il, le dialogue est un socle commun.» (source : Allafrica)

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