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Le partage
Le partage qui nous est demandé
durant ce carême n'est ni une philanthropie spiritualisée,
ni un geste affectif sacralisé.
Le partage est l'un des éléments essentiels de notre être.
En nous, tout est échange, réception et don, que ce soit
aussi bien au niveau somatique que psychologique. Le jour où
une créature, végétale ou animale, cesse de raliser
cette symbiose avec d'autres créatures, elle meurt.
Un arbre mort, non seulement cesse d'être lui-même, mais
il devient autre en se dessèchant et n'est bon qu'à être
jeté au feu", selon la parole du Christ. Un être mort
se disssout, pourrit, et, même là, nous pourrions dire
qu'il est encore une dernière donation à la nature.
LE PARTAGE EST LA NATURE MEME DE L'UNITE DE DIEU
Nous savons que nous sommes à l'image et à la ressemblance
de Dieu. Notre foi, dans le Christ, nous en dit davantage. Il nous
a révélé la plénitude de la vie de Dieu
dans la plénitude de sa nature essentielle. Dieu est Vie, Dieu
est Amour.
Un mystère insondable dont nous ne pourrons jamais mesurer les
limites selon la parole de saint Paul aux Ephésiens (Eph. 3.
18). Car Dieu est Trinité d'échange. Ce Père qui
engendre la Vie et l'Amour, le Fils engendré dans la Vie et l'Amour
au point de l'être lui-même en plénitude (Jean 1.
4) et qui procède du Père par l'Esprit de Vie et d'Amour,
dans un partage infini, au point que ces trois personnes sont égales
en leur unique nature et distinctes en leur Personne.
Il nous est désormais impossible de vivre cette ressemblance
avec Dieu, sans la vivre dans le Père et le Fils et l'Esprit,
même si notre ressemblance aujourd'hui n'est qu'une image imparfaite
de Dieu. Mais "Nous deviendrons ce qu'il est quand nous le verrons
face à face," nous dit saint Paul.
Ainsi nous sommes appelés à partager la vie même
de Dieu. Chaque carême est un pas, une petite avancée dans
ce partage qui nous unit en Dieu dans le sacrement de l'Alliance. Dieu
s'est donné à nous pour que nous nous donnions à
Lui.
LE CHRIST ET NOS FRERES EN HUMANITE
Le Christ, le Fils de Dieu nous a rappellé sans cesse durant
sa vie parmi nous, que nous ne pouvons pas nous dissocier de nos frères
parce qu'ils sont de la même humanité que nous, parce que
Dieu en son Fils a assumé leur humanité.
Ce qu'il ne propose dans ce domaine de la relation avec nos frères,
ce ne sont pas de grandes dissertations, de pompeuses déclarations,
de grandioses manifestations. Ce sont des gestes humbles, simples et
directs, comme chacun de ceux qu'il a lui-même réalisés
parmi nous quand il est devenu l'un de nous.
Un sourire et une écoute, une consolation ou une visite, une
guérison ou une nourriture de pain. Pour Lui, c'est si important
que le moindre geste nous conduit au coeur même de Dieu. "J'avais
faim, j'avais soif, j'étais nu, j'étais pauvre, j'étais
prisonnier..." - "Mais quand donc avons-nous répondu"
à cette attente qui était celle-là même de
Dieu au point que c'est ainsi que nous l'avons rejoint.
Dieu ne se trouve pas par delà des horizons infinis et inaccessibles,
au teme de longues réflexions philosophiques ou théologiques.
Il est à portée de nos mains et de nos coeurs, insérés
dans le quotidien de notre existence immédiate, celle-là
même d'aujourd'hui.
C'est, dans ce sens, que ce partage du Carême nous est
demandé, parce qu'il nous situe dans la démarche de Celui
qui s'est donné aux homme pour leur salut et leur Résurrection
en nous insérant dans la sienne.
En nous mettant en communion avec un homme et une femme de notre temps,
qui sont dans la misère, cette rencontre nous conduit à
celui dont les gestes de Nazareth, de Tibériade, de Capharnaüm,
de Jérusalem, par sa souffrance et sa mort, nous ont donné
et donnent, chaque fois à tous, la participation à la
vie du Christ Ressuscité.
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