LE CARÊME - TEMPS DE DIEU
Ne t'enferme pas sur toi-même...



La réconciliation avec Dieu et avec nos frères.

Cette réconciliation avec nos frères ne peut se vivre en vérité que par la réconciliation de notre volonté avec les exigences de l'amour de Dieu.

Les premiers mots de Jésus au début de sa vie publique sont un appel à la conversion : "Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche" (Mt 4,17). Ce repentir et cette conversion doivent accompagner la vie chrétienne depuis la naissance par l'Esprit Saint dans le baptême jusqu'au dernier soupir, car sans elle nous retournons vers les ténèbres, le néant et la mort.

C'est le sens même de la "conversion", la "métanoïa", mot grec formé de deux racines : "meta", qui veut dire "au-delà, changement, transformation" et "noûs-noia", "esprit, intellect".

Le mot français "repentir" est parfois utilisé pour traduire cette métanoïa, mais c'est une traduction réductrice du sens. L'expression "conversion de l'esprit" transmet mieux la profondeur du sens spirituel qui est entendu lorsque les Pères des premiers siècles de l'Eglise nous parlent de la métanoïa.

REPENTIR ET CULPABILITE

Il est important de distinguer le repentir de la culpabilité. Le repentir véritable est le "retournement" de notre esprit vers Dieu, en étant confiant que le Dieu de miséricorde pardonne nos fautes. La culpabilité est un enfermement de l'esprit sur lui-même, sur ses manquements et ses péchés. La culpabilité doute de la miséricorde et du pardon divins ; elle mène au découragement et même au désespoir.

HUMILITE ET CONFIANCE

La culpabilité est une fausse humilité et, d'une certaine façon, un orgueil déguisé. L'humilité véritable reconnaît sa faute, l'assume et accepte le pardon de Dieu.

Sur le chemin du retour, l'enfant prodigue garde le souvenir de ses fautes, c'est-à-dire de sa responsabilité et de sa culpabilité. Dans les bras de son père qui l'accueille, il change le sens même de la phrase qu'il a préparé comme un aveu. Il découvre ce retour en l'amour.

Ce devrait être dans un constant esprit de conversion que le chrétien doit cheminer vers Dieu. La grâce de la conversion est déjà celle du baptême, qui nous a transformé en "hommes nouveaux", ayant été purifiés dans le Christ par l'Esprit Saint.

Mais elle un point de départ. En cette vie, nous sommes toujours des pèlerins, nous sommes toujours en route, nous sommes toujours en retour vers notre Père. Les obstacles, les détournements, les égarements en dehors du Chemin qu'est le Christ (Jn 14,6), nous guettent de tous les cotés, jusqu'au terme de notre voyage, .

LES DEUX FRERES

Quand nous lisons la parabole de l'enfant prodigue, nous avons bien souvent tant de choses à dire sur ce retour du fils qui s'est éloigné de la maison familiale que nous en oublions parfois de regarder du côté de son frère.

Cet fils aîné est à l'image de beaucoup de "bons" chrétiens qui pratiquent avec régularité et attention les exigences de la loi de Dieu. Ils n'en manqueraient pas une virgule, un point-virgule et un point tout court.

Il n'a pas quitté son père, il n'a pas quitté la maison, il a tout fait ce qu'il fallait faire. Il avait des amis, il gérait les biens de la famille, il a sans aucun doute compenser ainsi l'absence de son frère.

Et pourtant le Seigneur Jésus le décrit comme ayant besoin lui aussi d'une véritable conversion, d'une véritable réconciliation.

Il ne parle pas de son "frère", il parle de "ton fils", pour bien montrer le fossé qui désormais sépare les deux frères. Il n'hésite pas à dire, sans nuance, la conduite immodérée de celui qu'il ne reconnaît pas comme "de son monde".

Il se sépare même de son père en contredisant son attitude d'accueil trop festif. "Un veau gras", alors que lui il n'avait même pas l'agneau qu'il souhaitait.

Mais le père lui rappelle alors ce que doit être la véritable réconciliation. Ce n'est pas d'excuser, de pardonner. C'est de re-considérer la relation fraternelle commune dans l'amour d'un même père.

La réconciliation avec chacun de nos frères passe bien par cette réconciliation avec Dieu, avec le Père, avec notre Père commun.

"Pardonne-leur, Seigneur, ils ne savent pas ce qu'ils font." C'est reconnaître leur erreur. A nous le dire chaque fois que nous somme en cours de réconciliation.


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