JOURNÉE DE LA PAIX - ASSISE 2011
27 octobre 2011

Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix
   
 
Les "Rencontres d'Assise", tel est le nom sous lequel l'histoire a retenu ces journées mondiales de prière dont la première eût lieu le 27 octobre 1986 à Assise, à l'initiative de Jean-Paul II qui invita toutes les grandes religions du monde à prier pour la paix.

Cette rencontre d'une forme inattendue et alors inédite du dialogue interreligieux, sera suivie d'une nouvelle journée de prière en 1993, d'une troisième en 2002, et de celle qui a lieu cette année 2011, 25 ans après 1986.

  Benoît XVI l’a annoncée le 1er jan@vier, après la prière de l’Angélus, en la solennité de Marie Mère de Dieu qui était aussi la 44ème Journée mondiale de la paix.

" Chers frères et sœurs, dans le Message pour cette Journée de la Paix, j'ai eu l'occasion de souligner comment les grandes religions peuvent constituer un important facteur d'unité et de paix pour la famille humaine, et ai rappelé, à cette intention, qu'en cette année 2011 on fêtera le 25e anniversaire de la Journée Mondiale de Prière pour la Paix que le Vénérable Jean-Paul II convoqua à Assise en 1986.

" C'est pourquoi, en octobre prochain, je me rendrai en pèlerin dans la ville de saint François, en invitant à s'unir à ce chemin les frères chrétiens des différentes confessions, les représentants des traditions religieuses du monde et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté.

" Je veux ainsi rendre mémoire à ce geste historique voulu par mon Prédécesseur et renouveler solennellement l'engagement des croyants de chaque religion à vivre sa propre foi religieuse comme un service pour la cause de la paix.

 
" Celui qui est en chemin vers Dieu ne peut pas ne pas transmettre la paix, celui qui construit la paix ne peut pas ne pas s'approcher de Dieu. Je vous invite à m'accompagner jusqu'à ce moment par votre prière à cette initiative."


 
 
De 1986 à 2011 : LES OBJECTIFS DE CETTE RENCONTRE

 

La première rencontre d’Assise avait créé la surprise par son caractère inédit. Une rencontre dont la tenue ne dépendait pas d'une organisation internationale.
Elle était initiée par le consensus des diverses confessions religieuses à l'occasion de l’année internationale de la paix proclamée par l’ONU, et dans le contexte de la guerre froide et de la guerre du Liban. La rencontre a lieu le 27 octobre suivant et réunit 130 responsables religieux du monde entier.

La deuxième rencontre, en 1993, se déroule sur fond de conflits dans les pays de l'ex-Yougoslavie..
 
  La troisième rencontre, annoncée le 29 janvier 2002, se place dans une période de tensions internationales consécutives aux attentats du 11 septembre 2001, et voit la présence de 29 leaders religieux de pays musulmans.

"Après 25 ans de collaboration entre les religions et de témoignage commun, le temps des bilans et d´un renouveau de l´engagement est venu.
La crise financière et économique, la crise des institutions démocratiques et sociales, la crise alimentaire et environnementale, les migrations, les formes "les plus sournoises" du néocolonialisme, la pauvreté et la faim, le terrorisme international, les inégalités croissantes ainsi que les discriminations religieuses.

"Encore une fois, il faut dire non à toute instrumentalisation de la religion". Assise n'est pas une ONU des religions. Et c'est en cela que cette rencontre est un événement unique en son genre.
 

"La violence interreligieuse est un scandale qui dénature la véritable identité de la religion, voile le visage de Dieu et éloigne de la foi".

Cette nouvelle rencontre dans la ville de saint François est une invitation à "la recherche de la vérité... La paix ne s´obtient pas en imposant ses propres convictions aux autres. Elle est une condition pour dépasser la violence, la Babel des langages et le laïcisme qui entend marginaliser Dieu".


 
LES INTUITIONS VÉCUES EN 1986

 

Lors de la rencontre de 1986, dans son discours d'accueil, Jean-Paul II délimita soigneusement les objectifs de celle-ci. Il s'agit pour les différentes religions du monde de viser à satisfaire les aspirations des hommes à la paix, mais en évitant toute idée de syncrétisme :

" Le fait que nous soyons venus ici n'implique aucune intention de chercher un consensus religieux entre nous, ou de mener une négociation sur nos convictions de foi."

" Il ne signifie pas non plus que les religions peuvent être réconciliées sur le plan d'un engagement commun, dans une concession au relativisme en matière de croyances religieuses, car tout être humain doit suivre honnêtement sa conscience droite avec l'intention de rechercher la vérité et de lui obéir."
  " Notre rencontre atteste seulement, et c'est là sa grande signification pour les hommes de notre temps, que, dans la grande bataille pour la paix, l'humanité, avec sa diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l'agir moral des hommes." »

Le pape soulignait alors la nécessité de la prière " pour que le monde puisse enfin devenir un lieu de paix véritable et permanente".

Après ces mots d'accueil, les représentants des différentes religions exprimèrent le sens qu'avait pour eux cette rencontre et le pourquoi ils s'y associaient.

Puis chacune d'elles, dans un lieu distinct les unes des autres ont vécu des temps de prière séparés, chacun selon sa propre tradition, tandis que les représentants des différentes confessions chrétiennes se retrouvaient à la cathédrale San Rufino pour un temps de prière œcuménique et de partage de la Parole

Dans l'après-midi, les délégations elles se sont retrouvées sur l'esplanade de la basilique, pour présenter leur prière en présence des autres délégations. Mais, conformément à la formule rappelée avec insistance dès le début, « non pas prier ensemble, mais être ensemble pour prier », elles se sont séparées, unies simultanément par leurs différentes prières en un temps de silence.
 

" La rencontre interreligieuse d’Assise ne peut servir de mur pour nous isoler d’une grande partie de nos contemporains, athées et agnostiques. Au contraire, elle doit être un lieu d’échange.
"
 


Et telle fut la prière commune au terme de cette rencontre :

Plus jamais la violence ! plus jamais la guerre ! plus jamais le terrorisme !
Qu'au nom de Dieu chaque religion apporte sur la terre,
la Justice et la Paix, le Pardon et la Vie
et l'amour


Même si les routes sont sinueuses et diverses, cette rencontre met tout homme en chemin vers Celui qu'il rencontrera face à face.
 
A LA SUITE DE SAINT FRANÇOIS

 
 


Jean-Paul II a voulu choisir le cadre suggestif d’Assise, connu dans le monde entier pour la figure de Saint François.
" Le Poverello a incarné de manière exemplaire en effet la béatitude que Jésus a proclamée dans l’évangile : « Bienheureux les ouvriers de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9).

Si saint François symbolise la pauvreté et le lien à la Création,
il nous à « vivre la fraternité » et nous renvoie « à la source de notre fraternité » lors de sa rencontre avec le sultan de Damiette, Malik al-Kamil en 1219.


Saint Bonaventure nous décrit, quelques années plus tard, la rencontre du Poverello avec le sultan.

" Dans l'espoir d'obtenir sans tarder ce qu'il désirait, François résolut de s'y rendre. Après avoir prié, il obtint la force du Seigneur et, plein de confiance, chanta ce verset du Prophète: "Si j'ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi".

"S'étant adjoint pour compagnon frère Illuminé, homme d'intelligence et de courage, il s'était mis en route traversant la mer et se retrouvant dans le pays du sultan. Quelques pas plus loin , ils tombaient dans les avant-postes des sarrazins, et ceux-ci, plus rapides, se précipitèrent sur eux. Ils les accablèrent d'injures, les chargeant de chaînes et les rouant de coups.

" À la fin, après les avoir maltraités et meurtris de toutes manières, ils les amenèrent, conformément aux décrets de la divine Providence, en présence du sultan: c'était ce qu'avait désiré François.
 
" Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir; et il lui posa cette question : " Pourquoi les chrétiens qui croient en un Dieu-Amour et qui ont toujours le mot charité à la bouche, s'acharnent-ils à nous faire la guerre ? Leurs moeurs ne sont pas douces. Ils veulent et Jérusalem et l'Egypte. Pourquoi ce désir brutal de domination ?"

" Avec sa belle assurance, François répondit qu'il avait été envoyé d'au delà des mers non par un homme mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l'Évangile qui est la vérité.

  " Puis il prêcha au sultan Dieu Trinité et Jésus sauveur du monde, avec une grande vigueur de pensée et d'esprit."" Le sultan l'écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui.

" Il offrit à François de nombreux et riches cadeaux que l'homme de Dieu méprisa comme de la boue: ce n'était pas des richesses du monde qu'il était avide, mais du salut des âmes."

"Le sultan n'en conçut que plus de dévotion encore pour lui, à constater chez le saint un si parfait mépris des biens d'ici-bas. François quitta le pays du sultan escorté par ses soldats".


Giotto
Dans le contexte du récent « Printemps arabe », Assise 2011 pourra être le lieu d'une réaffirmation des principes de la liberté religieuse et de la liberté de conscience. Peut-être ce souvenir fut-il décisif lorsque le sultan décida, dix années plus tard, alors qu'aucune force ne l'y contraignait, de rendre Jérusalem aux chrétiens.

25 ans plus tard, il s'agit toujours d'un pèlerinage pour la paix, ponctué de temps de prière. « La paix est une aspiration fondamentale de l'être humain. On ne peut pas être chrétien sans désirer la paix, pour tous, pour soi-même ».


 
 
L'ESPRIT D'ASSISE 25 ANS APRÈS

 
 
C'est en pleine guerre froide, le 27 octobre 1986, dans la ville de saint François a eu lieu, à l’invitation de Jean-Paul II, la première rencontre des grandes religions du monde, pour prier pour la paix .

Cette rencontre fut tournée vers la vie du monde et vers la paix où ont été conviés les chrétiens de diverses confessions et aussi des représentants des différentes religions : bouddhisme, hindouisme ; jaïnisme, zoroastrisme, sikhisme, islam, judaïsme, religions traditionnelles africaines et américaines, ainsi qu’une délégation de la W.C.R.P. (conférence mondiale des religions pour la paix) et une d’Amérique du Sud. S’y associèrent de nombreux chefs d’Etat.

En septembre 2006, Benoît XVI rappelait l'impact mondial de cette journée au travers de l'opinion publique et tout particulièrement dans les sphères religieuses.

« Cette initiative eut un large écho dans l’opinion publique : elle constitua un message vibrant en faveur de la paix et se révéla un événement destiné à laisser un signe dans l’histoire de notre temps…»

En 1986, Jean-Paul II avait bien précisé ce qui a constitué le présupposé de ce dialogue entre les religions : « Le fait que nous soyons venus ici n’implique aucune intention de rechercher un consensus religieux entre nous, ni de négocier nos convictions de foi. Il ne signifie pas non plus que les religions peuvent se réconcilier sur le plan d’un engagement commun dans un projet terrestre qui les dépasserait toutes. Et il n’est pas davantage une concession au relativisme des croyances religieuses… »  

Et si Jean-Paul II a voulu choisir le cadre suggestif d’Assise, connu dans le monde entier pour la figure de Saint François, c'est qu'il marquait de par sa personnalité, qu'une telle rencontre n'était ni un colloque, ni un congrès, ni un sumposium, ni une table ronde.

" Le Poverello, disait alors Jean-Paul II, a incarné de manière exemplaire en effet la béatitude que Jésus a proclamée dans l’évangile : « Bienheureux les ouvriers de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9) ».

Cette année 2011 célèbre le 25ème anniversaire de cette rencontre interreligieuse qui intervient dans une période de conflits dont les connotations religieuses sont importantes.
  Ce ne sont pas des colloques qui seront "pacifiants" mais des personnes qui traduiront leur foi en l'inscrivant dans des réalités vécues.

Dans son discours du 24 janvier 2002 après le traumatisme des attentats meurtriers du 11 septembre 2001.

Jean-Paul II indiquait cet antidote à la haine : « Le sentiment religieux naturel conduit à percevoir de quelque manière le mystère de Dieu, source de la bonté, et cela constitue une source de respect et d'harmonie entre les peuples : c'est même dans ce sentiment que réside le principal antidote contre la violence et les conflits ».


 
 
LES INVITÉS ET LES PERSONNALITÉS PRÉSENTES
 
 


" Depuis 1986, le nombre des participants a considérablement augmenté."

Outre le pape et de nombreux représentants de la curie romaine, la rencontre d´Assise comptera de très nombreux leaders religieux non-chrétiens, parmi lesquels près de 70 bouddhistes, dont un Chinois, des hindous, des sikhs ou encore des représentants du jainisme, du zoroastrisme, du taoïsme, du confucianisme, etc...

Quelque 50 responsables musulmans, dont certains venus du Maroc, d´Iran, d´Arabie saoudite, d´Azerbaïdjan et d´Egypte sont annoncés. Le nombre des représentants de l´islam a été multiplié par cinq depuis la rencontre de 1986, passant de 11 à 50. En revanche, les représentants de l´Université cairote d´Al-Azhar ont décliné l´invitation.

David Rosen, du grand rabbinat d´Israël, et le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, feront partie d´une délégation juive.

La rencontre comptera une trentaine de délégations chrétiennes. Le patriarche de Constantinople Bartholomé Ier sera là, au même titre que le primat de la Communion anglicane, le Dr Rowan Williams.

De même le secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises, le pasteur Olav Fykse Tveit. Le patriarcat orthodoxe de Moscou y enverra le métropolite d´Astana et du Kazakhstan, Alexandre et seront également présentes les diverses Églises orthodoxes d'Antioche et d'Alexandrie, l'Église copte d'Égypte et l'Église apostolique arménienne
 

Chose inédite, quatre non-croyants ont été invités par le Conseil pontifical de la culture. Il s´agit du philosophe mexicain Guillermo Hurtado, du philosophe italien enseignant aux Etats-Unis Remo Bodei, du penseur Walter Baier, membre du Parti communiste autrichien, et de la philosophe et écrivain française d´origine bulgare Julia Kristeva. Cette dernière prendra la parole avant Benoît XVI, le 27 octobre, après l´intervention de huit leaders religieux.

Lors de sa conférence de presse, le secrétaire du Conseil pour la culture a précisé que c'est la première fois que le Pape invite des non croyants à une telle réunion: "Il est convaincu que tout homme, croyant ou non, est à la recherche de Dieu et de l'absolu, pèlerin qui cherche un chemin conduisant à la plénitude de la vérité".

Une cinquantaine de pays seront représentés, nombre d'européens et d'américains, ainsi que l'Egypte, Israël, la Jordanie, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Pakistan ou les Philippines, et bien d'autres qui souffrent d'un manque de liberté religieuse et de dialogue inter-religieux.

  LES PRINCIPALES INTERVENTIONS  








LE DISCOURS D'OUVERTURE DE BENOÎT XVI

..........devenir des pélerins de la vérité et de la paix.

L'INTERVENTION DU PATRIARCHE BARTHOLOMÉE
..........les germes d'une métamorphose à venir.

L'INTERVENTION DU PRIMAT DE LA COMMUNION ANGLICANE
..........Le coeur de tout est en Jésus de Nazareth.

L'INTERVENTION DU SECRÉTAIRE DU CONSEIL OECUMÉNIQUE
..........L'amour de Dieu embrasse tout le monde.

L'INTERVENTION DE Mme JULIA KRISTEVA
..........Pour l'humaniste athée, le défi de nos diversités.

L'INTERVENTION DU RABBIN ROSEN
..........Le dialogue ne peut être que dans notre montée vers Dieu.

L'INTERVENTION DU REPRÉSENTANT HINDOU
..........Vivons la partie intérieure de notre pélerinage.

L'INTERVENTION DES TRADITIONS INDIGÈNES
..........Par le respect et l'amour réciproques

BENOÎT XVI AU TERME DE LA RENCONTRE
.......... Le voyage continue, ensemble.

 



 
IL NE S'AGIT PAS D'UNE "RELIGION GLOBALE"'
 
 
A Assise, la rencontre pour la paix avec d'autres religions récuse tout syncrétisme.Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux l'avait confirmé en juillet dans "L'Osservatore Romano", où il précisait :
  " Le dialogue n'est pas une conversation entre responsables religieux ou croyants d'autres religions, Il ne s'agit pas non plus d'une tractation de type diplomatique; ce n'est pas le lieu d'un marchandage et encore moins de compromis.

..." Il ne cherche ni à souligner, ni à annuler les différences. Il ne vise pas à créer une religion globale, acceptée par tous ; il ne concède rien à l'ambiguïté des concepts et des mots."
Au contraire, ajoute-t-il, l'enjeu de ce dialogue comme de la rencontre, est " de créer un espace pour un témoignage réciproque entre croyants, de corriger des images erronées, et dépasser les a-priori et les stéréotypes sur les personnes et les communautés."

Après la crise de Ratisbonne où la mauvaise inteprétation d'une phrase du Pape sur les musulmans avait créé une polémique mondiale chez les musulmans, Benoît XVI a choisi le cardinal Tauran pour mener le dialogue avec toutes les religions non chrétiennes, dont l'islam.

Ce dialogue entend "connaître l'autre, tel qu'il est, parce qu'il a le droit d'être connu ainsi et non à partir de ce que l'on dit de lui, et encore moins tel qu'on voudrait qu'il fut".

C'est un état d'esprit difficile à faire admettre, y compris par certains chrétiens dans l'Église. Déjà, en avril dernier, le Vatican avait dû publier une note pour justifier la présence du Pape à cette prière d'Assise.

" Chaque être humain, disait-elle, est, au fond, un pèlerin en quête de la vérité et du bien. C'est pourquoi, l'homme religieux reste toujours en chemin vers Dieu.

De là naît la possibilité ou mieux, la nécessité de parler et de dialoguer avec tous, croyants ou non-croyants, sans renoncer à sa propre identité ou céder à des formes de syncrétisme."
 

Le risque de syncrétisme, ce mélange des convictions religieuses, était précisément la critique et la réserve que le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, avait formulées à l'encontre de cette initiative de Jean-Paul II et la raison pour laquelle il ne s'était pas rendu à Assise il y a 25 ans.

Il faut en effet lever les ambiguïtés, mais c’est plus facile à dire qu’à faire quand on parle de prière, quand on parle de dialogue. Mais pour Benoît XVI on peut dialoguer avec la personne qui est dans l'erreur.


 
  L'ESPRIT D'ASSISE 25 ANS APRÈS  

 


La rencontre d'Assise pour 2011 a donné lieu à quelques critiques. Nous ne retiendrons celles qui émanent de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, d'autant qu'elle se sent de plus en plus mal à l'aise dans son dialogue avec l'Église.

Un groupe de théologiens réputés "ratzingériens" a lancé un appel au Pape, intitulé "Saint-Père, fuyez l'esprit d'Assise" , pour ne pas rallumer les confusions syncrétistes.

Outre une critique sévère de la première rencontre, ils y soulignaient : " Nous craignons que, quoi que vous disiez, les télés, les journaux et de nombreux catholiques l'interpréteront à la lumière du passé et de l'indifférentisme en vigueur."

Cet appel à son tour provoqua des critiques et des réponses de plusieurs commentateurs, qui soulignaient l'unité, l'exigence et la constance de la démarche de Joseph Ratzinger, depuis ses critiques contre les risques de la première rencontre, la parution de la déclaration "Dominus Iesus", sa participation à la rencontre de 2002, et son appel à un dialogue « ouvert et honnête » avec les autres religions, et notamment l'Islam.

A l'encontre, Gian Maria Vian, qui est un historien, leur rappellait que " c'est lui qui a signé la déclaration "Dominus Iesus", dédiée à l'unicité et à l'universalité salvifique de Jésus-Christ et de l'Église. Que c'était la doctrine de Vatican II et de toujours. Une doctrine sans équivoque. À Assise, tout Vatican II sera bien présent."

Le vaticanologue Andrea Tornielli va dans le même sens : " S'il y en a un dont on peut être sûr qu'il ne donnera pas prise à des malentendus, c'est bien Joseph Ratzinger, aujourd'hui Benoît XVI". Il reprochait aux signataires "de ne présenter que les doutes et les risques, en évitant de mentionner les motivations fondamentales du Pape."

" Attribuer aux rencontres d'Assise la responsabilité de la perte de la foi en Jésus Sauveur unique, faire valoir qu'à la suite de ces rencontres interreligieuses les gens en sont venus à considérer l'égalité de toutes les religions, nous semble objectivement injuste. Tout comme il est injuste d'attribuer au Concile Vatican II la crise de la foi qui a caractérisé les décennies qui l'ont précédé et les dernières décennies du siècle écoulé".

De fait, le 6 avril 2011, la publication du programme de la rencontre laisse apparaître une modification par rapport à l'organisation des journées précédentes, une modificaton qui était dans ligne de la pensée de Ratzinger en 1986.

Il n'est pas prévu que les représentants des différentes religions prient côte à côte, le Pape tenant d'ailleurs lui-même à Saint-Pierre de Rome une veillée de prière pour la paix, la veille, où il a invité les fidèles de son diocèse.

Une autre particularité est l'invitation de personnalités de la culture et de la science non croyantes mais « engagés dans la recherche de la vérité et conscients d'une responsabilité partagée pour la cause de la justice et de la paix » et qui se retrouveront dans un colloque à l'Université de "Roma Tre" la veille et au lendemain d'Assise.

Enfin le titre « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix » choisi pour la rencontre est une idée chère à Benoît XVI : l’affirmation de sa foi (la vérité) est un préalable à tout dialogue avec l’autre, qui est nécessaire pour atteindre l'objectif de tout rencontre : la paix.



 
  UNE NUANCE IMPORTANTE  
 
Tout naturelement on parle d'Assise 2001 à la lumière des rencontres passées. En fait, à regarder attentivement, maints détails apparents ne sont pas des détails, tant dans les horaires que dans les temps libres pour des échanges entre les représentants des diverses confessions.

L'un d'eux, et non des moindres, est qu’il n’y aura aucun moment de prière visible et organisée pour les personnes présentes, ni en commun ni en parallèle, contrairement à ce qui avait été fait en 1986, où les différents groupes religieux s’étaient réunis pour prier en divers endroits de la ville de saint François.

En 2001, les quelque trois cents invités se voient attribuer autant de chambres individuelles, à l’hôtellerie adjacente au couvent, pour un "temps de silence, pour la réflexion et/ou la prière personnelles".

Jean-Marie Guénois invite donc dans son blog à voir autrement que comme une copie du passé. : " On ferait toutefois bien de se méfier du cru Assise 2011. Tel un vin affiné par la maturation du temps, il va surprendre, " écrit-il.

" Regardant vers le clocher de Saint François beaucoup se réjouissent de voir Benoît XVI emboiter "enfin" le pas de son prédécesseur sur le chemin ardu du dialogue interreligieux.

Mais, pointant vers le même phare de pierres blanches, d'autres formulent des critiques acerbes. Notamment dans les milieux intégristes pour qui il est "sacrilège" de voir le Pape s'abaisser au niveau des autres religions.

" Les uns pourraient être fort déçus par la prudence de Benoît XVI sur le dialiogue interreligieux, en tant que tel. Dialogue sympathique dans son esprit mais sans issues théologiques sérieuses.

" Les autres pourraient être rassurés par la réaffirmation, délicate mais nette, de la prééminence de la révélation chrétienne sur les autres religions.

..." D'autres, enfin, ne seront pas étonnés de voir que l'axe nouveau, proposé par ce Pape ne sera pas tant le dialogue entre les religions que le dialogue entre les cultures issues de ces religions. Une nuance très importante.

Le dialogue entre les cultures ...." Quand ils se lèvent, les brouillards de l'Ombrie découvrent la région d'Assise. Le 27 octobre, ils découvriront et révéleront peut-être d'autres horizons que ceux que l'on croyait connaitre..."


 
  LE DÉROULEMENT DE LA JOURNÉE A ASSISE  
 
Les diverses phases et les diverses modalités de cette rencontre ont reçu l'accord de chacun des protocoles délégués représentant leurs Églises et leurs communautés. C'était déjà un des aspects non négligeable de ce dialogue où chacun avait à tenir compte de l'autre.

Mercredi 26 octobre

Les personnalités de la délégation des non-croyants invités se rencontreront notamment lors d’une table ronde prévue le 26 octobre, à l’Université de "Roma Tre".

Parmi les personnalités de cette rencontre de "Roma Tre", figurent notamment cinq non-croyants
invités du Conseil Pontifical en charge de la Culture : la psychanalyste française Julia Kristeva, épouse de l’écrivain Philippe Sollers, le philosophe italien Remo Bodei, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), le philosophe britannique Anthony Clifford Grayling, le philosophe mexicain Guillermo Hurtado, enseignant à l’Université nationale autonome du Mexique, et le penseur autrichien Walter Baier.

Le même jour,
avec l'ensemble des délégations chrétiennes, Benoît XVI présidera, au Vatican, une Liturgie de la Parole en préparation à la rencontre.

Jeudi 27 octobre

A 7h30 : Les délégués se retrouveront dans la gare du Vatican et embarquent dans le train "Frecciargento" à bord duquel il n’y aura pas de journalistes. Les salles de presse se trouvent à Assise.

8h00 : départ du Pape Benoît XVI en auto et il rejoint les délégations à la gare. Les chefs des délégations les plus importantes voyageront dans la voiture du Pape, afin de pouvoir se rencontrer et échanger entre eux.

La matinée à Assise

9h45 : Arrivée à la gare ferroviaire d’Assise. Les délégués quitteront le train pour prendre place à bord d’un bus pour le transfert vers la basilique de Sainte-Marie des Anges.

Les chefs de délégation partiront en minibus avec le Pape, qui descendra en dernier du convoi et recevra le salut des autorités italiennes et Mgr Domenico Sorrentino, archevêque d’Assise.

10h15 : Les délégations rejoindront la basilique de Sainte-Marie-des-Anges, dans laquelle ils prendront place. Les pèlerins, présents à Assise, seront à l'extérieur de la basilique. Ils pourront y suivre le déroulement sur des écrans géants

Benoît XVI sera le premier sur le parvis de la basilique où il sera reçu par le P. José Rodríguez Carballo, ministre général des frères mineurs, franciscains.

Puis à la porte de la basilique, le Pape accueillera à son tour les chefs de délégations qui lui seront présentés par les cardinaux-chefs de dicastère impliqués et qui prendront place sur une estrade.
 

A l'extéieur de la basilique, devant l'ensemble des délégations, le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical "Justice et Paix", prononcera un mot d’accueil dans lequel il rappelllera le thème de cette Journée avant la projection d’une vidéo en souvenir de la rencontre de 1986.

Suivront les interventions de S.B. Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople et Patriarcat œcuménique, de l’archevêque de Canterbury, le Dr Rowan Douglas Williams, Primat de la Communion anglicane, et de l’archevêque Norvan Zakarian, Primat du diocèse arménien en France, représentant le catholicos de l'Église apostolique arménienne. .
  Après un bref morceau d’orgue, les interventions se poursuivront avec Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du COE, le Conseil œcuménique des Églises, le Rabbin David Rosen, Représentant du Grand Rabbinat d’Israël, Wande Ambibola porte-parole IFA et de la religion traditionnelle africaine Yoruba.
Puis les interventions d’Acharya Shri Shrivatsa Goswami, représentante de la religion hindouiste, de Most Ven. Ja-Seung, président de « Jogye Order », bouddhisme coréen, de Kyai Haji Hasyim Muzadi, secrétaire général de la Conférence internationale des écoles islamiques, de Julia Kristeva, représentant les non-croyants.

L'après-midi à Assise

12h30 : La rencontre se poursuivra dans la basilique, puis les chefs de délégation et Benoît XVI se rendront dans les réfectoires du couvent de Sainte-Marie-des-Anges, pour un repas qui est décrit comme frugal et fraternel.

De 13h45 à 15h30 : Temps disponible pour la réflexion et/ou la prière personnelles. Une pièce dans la maison d’accueil adjacente au couvent de Sainte-Marie-des-Anges sera à la disposition de chacun des participants, pour ce temps de silence ou pour des échanges entre les membres des délégations.

Dans le même temps, vers 13h45, les groupes de jeunes qui sont venus participer à cette journée, rejoindront la basilique Sainte-Marie-des-Anges pour se rendre place Saint-François, lieu où se sont tenus leurs précédents rassemblements.

15h15 : A leur tour, les délégations se rendent en minibus sur la place Saint-François et prennent place dans le secteur qui leur est réservé.
 

15h45 : Benoît XVI et les chefs de délégations rejoignent la place Saint-François en minibus.

C'est là qu'à 16h30, a lieu la rencontre conclusive qui est au coeur de cette journée.

Après son ouverture par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, introduction de S.B. Bartholomée I, puis de la Fédération luthérienne mondiale, des Sikh, de Mgr Aleksandr du patriarcat de Moscou, de l’Alliance Baptiste Mondiale, des musulmans, du métropolite Gregorios (patriarcat syro-orthodoxe d’Antioche), des Taoïstes, des Bouddhistes, des Shintoïstes, d’un rabbin, du Dr. Setri Nyomi de la Communion mondiale des Églises réformées et de Guillermo Hurtado, représentant les non-croyants. Des séquences musicales marqueront ces diverses interventions.
  La conclusion par Benoît XVI sera suivie d’un moment de silence. Puis dans un geste symbolique, une lampe sera allumée et remise aux chefs de chaque délégation.

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, prononcera enfin un mot avant un échange de paix entre les délégués. Pendant le départ du Pape, le Cantique des créatures sera chanté.


La lampe 2002

18h : Le Pape et les chefs de délégation, qui le désirent, s’arrêteront brièvement devant la tombe de saint François.

19h00 : Départ du train pour Rome. Arrivée à 20h 30 au Vatican.

Vendredi 28 octobre

11h30 : Rencontre de Benoît XVI avec les délégations qui sera suivie du déjeuner offert par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, dans la salle Paul VI au Vatican, où toutes les délégations se retrouveront, pourront bavarder, ceux et celles qui viennent du Brésil avec ceux et celles d'Indonésie, les bouddhistes avec les orthodoxes... un moment d'universalité.

Sur une route de lumière ou dans l'obscurité, ou seuls comme lui en sa mort ... il nous conduit à notre Père du ciel.


 
Retour à la page d'accueil